Le système de décontamination d’eau ALPS de la centrale accidentée de Fukushima est entièrement stoppé depuis mardi 20 mai au matin, après l’arrêt de la troisième ligne de traitement.
Le dispositif, qui sert à éliminer une soixantaine de radionucléides des eaux qui ont été utilisées pour refroidir les réacteurs, est constitués de trois lignes parallèles de décontamination.
Les deux premières (A et B) avaient cessé de fonctionner il y a quelques jours. La troisième (appelée C) s’est arrêtée en début de matinée en raison de la dégradation de ses performances.
La cause de tous ces problèmes reste inconnue et non expliqué par la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) qui gère les opérations. Le système ALPS est censé fonctionner depuis plusieurs mois, mais dans les faits il ne cesse de rencontrer des problèmes divers.
RISQUES DE CONTAMINATION
Cet équipement développé avec le groupe japonais Toshiba est pourtant présenté comme un rouage-clé pour résoudre le problème d’eau contaminée dont regorge la centrale accidentée Fukushima Daiichi, en partie détruite par le tsunami du 11 mars 2011.
Plus de 400 000 mètres-cubes d’eau contaminée sont actuellement stockés dans plus d’un millier de gigantesques réservoirs montés à la hâte dans le complexe atomique, et Tepco continue d’en faire installer une quarantaine par mois pour tenter de suivre le rythme du flux continu de liquide souillé provenant des sous-sols du site et des arrosages permanents des réacteurs ravagés.
Ce problème d’eau est le plus difficile qu’ait actuellement à gérer la compagnie et un de ceux qui inquiètent le plus la communauté internationale en raison des risques de pollution de l’océan Pacifique voisin.
D’où vient la hausse rapide de la radioactivité à Fukushima ?
Le Monde
Que se passe-t-il vraiment à Fukushima ? Mercredi 10 juillet, la compagnie Tepco, l’exploitant de la centrale nucléaire japonaise ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, a annoncé avoir mesuré la veille, dans un forage situé entre les réacteurs et le bord de mer, une nouvelle augmentation des taux de césium radioactif dans la nappe phréatique. Ils atteignaient 22 000 becquerels par litre d’eau (Bq/l) pour le césium 137 et 11 000 Bq/l pour le césium 134. Le 8 juillet, ces niveaux étaient de 18 000 et 9 000 Bq/l, soit respectivement… 86 et 99 fois plus que les taux relevés trois jours auparavant.
Infographie Le Monde
Le 5 juillet, Tepco avait déjà signalé, au même endroit, un taux astronomique de 900 000 Bq/l d’un autre radioélément, le strontium 90. L’électricien avait alors indiqué que le point de prélèvement se situait sur le passage d’une canalisation où s’étaient déversées de grandes quantités d’eau contaminée en avril 2011, un mois après la catastrophe.
Cette explication n’est pas nécessairement celle de la récente et brusque montée des teneurs en césium. Celle-ci pourrait être le résultat de la lente migration souterraine, via la nappe phréatique, de produits de fission arrachés aux cœurs fondus des réacteurs sinistrés, dans les jours ou les semaines qui ont suivi l’accident. C’est l’une des hypothèses, « plausible mais non certaine », que formule Thierry Charles, directeur général adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Un cocktail de plus de 300 radionucléide
On l’a su plus tard, les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima (les tranches 4 à 6 étaient à l’arrêt) ont fondu en totalité ou en partie dès les premières heures du sinistre, et le corium (magma brûlant de matière fissile et de gaines métalliques), après avoir percé les cuves des réacteurs, s’est répandu au fond des enceintes de confinement, où il s’est agrégé au béton. Ce corium contenait – et contient toujours – un cocktail de plus de 300 radionucléides formant les produits de fission, c’est-à-dire les cendres de la réaction nucléaire. Parmi eux, des éléments solubles dans l’eau, comme les césium 134 et 137.
Or, depuis deux ans, les trois réacteurs ont été noyés sous un déluge d’eau. Pour les refroidir, Tepco y injecte toujours, en continu, 5 m3 d’eau douce par heure et par réacteur. Soit, quotidiennement, plusieurs centaines de tonnes d’eau qui s’écoulent dans les sous-sols des bâtiments, les galeries et les tranchées du site nucléaire, où la hauteur de l’eau atteint, en permanence, plusieurs mètres. Cette masse liquide contaminée est normalement pompée puis traitée afin d’en extraire les éléments radioactifs – mais pas tous –, avant d’être réinjectée dans le circuit de refroidissement.
Pour compliquer encore la situation, la centrale est située sur une nappe phréatique qui, au contact des bâtiments contenant les eaux contaminées, a pu se charger elle aussi en radionucléides. C’est précisément pour contrôler l’état radiologique de cette nappe souterraine que Tepco a creusé, en front de mer, des puits de prélèvement. Et c’est dans l’un de ces forages qu’a été mesurée une hausse brutale des teneurs en césium 134 et 137.
Selon le scénario avancé par l’IRSN, ces deux produits de fission, qui perdent la moitié de leur radioactivité au bout de respectivement deux et trente ans, seraient passés dans la nappe phréatique – et avec eux sans doute d’autres radioéléments – pour rejoindre, au bout de deux ans, le bord de côte, à une centaine de mètres des réacteurs. Si tel est le cas, estime Thierry Charles, on pourrait encore assister à une montée du niveau de radioactivité au niveau des forages, suivie d’un plateau puis d’une baisse, la gestion actuelle des niveaux d’eau dans les sous-sols des bâtiments visant à minimiser les transferts de radioactivité vers la nappe. Mais, ajoute-t-il, « sur une durée impossible à prévoir ».
Une paroi enterrée étanche entre la centrale et l’océan
Le risque principal est celui d’une nouvelle contamination radioactive de l’océan, dont la pollution causée par l’accident a été, au fil des mois, dispersée par les courants. « Nous ne sommes pas pour le moment en mesure de dire si l’eau contaminée s’écoule ou non dans la mer », a admis, mardi, Tepco. L’exploitant a entrepris d’installer, entre le site nucléaire et l’océan, une paroi enterrée étanche. Mais elle ne sera pas achevée avant mi-2014. Dans l’immédiat, il s’efforce, en injectant dans la terre des produits chimiques agissant comme un ciment, d’empêcher les écoulements vers la mer.
En tout état de cause, les dernières semaines confirment la difficulté de Tepco à résoudre le casse-tête de l’évacuation des eaux radioactives. « L’état de la centrale est globalement stabilisé, mais tout reste à faire, commente Thierry Charles. Le gros problème est désormais la gestion des eaux contaminées. »
Ce n’est pas le seul défi que doit relever l’électricien japonais. Il lui faut aussi vider les piscines d’entreposage des combustibles, situées dans les parties supérieures des bâtiments des réacteurs gravement endommagées. A commencer par celle du réacteur 4, dont l’état est le plus critique. Il faudra ensuite retirer les combustibles fondus des réacteurs eux-mêmes. Quant au démantèlement complet, il exigera une quarantaine d’années.
Pierre Le Hir
Source Le Monde 10/07/2013
Fukushima : hausse phénoménale du taux de césium radioactif
Le Monde AFP
Photo : Reuters Kyodo
Le gérant de la centrale accidentée de Fukushima a annoncé mardi 9 juillet avoir constaté une multiplication par 90 en trois jours du niveau de césium radioactif dans un puits de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. Cette énième mauvaise découverte suscite de nouvelles interrogations sur la propagation de l’eau souterraine contaminée.
Selon les prélèvements effectués le 8 juillet, l’eau souterraine en un point situé à environ 25 mètres de la mer contenait 9 000 becquerels de césium 134 par litre et 18 000 becquerels de césium 137, contre respectivement 99 becquerels/litre et 210 becquerels/litre trois jours auparavant. Le facteur de multiplication dans ce court laps de temps est de 91 fois dans le premier cas et 86 fois dans le second.
« Nous ne sommes pour le moment pas en mesure de dire si l’eau contaminée s’écoule ou non dans la mer », a déclaré Tepco à la presse. Le groupe promet toutefois de renforcer les contrôles et de prendre des dispositions pour empêcher de contaminer davantage l’océan Pacifique voisin.
Le 5 juillet, Tepco avait déjà découvert au même endroit un niveau phénoménal d’autres éléments radioactifs, en l’occurrence une quantité de strontium 90 et d’autres éléments produisant des rayons bêta, de 900 000 becquerels/litre. Le 8 juillet, le niveau de ces substances était à peu près identique, 890 000 becquerels/litre, soit plusieurs milliers de fois le plafond admis pour l’eau de mer.
Tepco avait expliqué que le point de prélèvement se situe là où passe un tuyau et où s’étaient déversées de grandes quantités d’eau contaminée le mois suivant la catastrophe nucléaire, soit en avril 2011. Cela n’explique toutefois pas l’augmentation soudaine des quantités de césium.
La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l’archipel. Du combustible a fondu dans trois des six réacteurs du site, d’où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.
Le Monde.fr avec AFP | 09.07.2013
Fukushima: des éléments radioactifs à nouveau découverts
De très fortes doses d’éléments radioactifs toxiques ont de nouveau été détectés dans les eaux souterraines accumulées au pied de la centrale nucléaire de Fukushima accidentée en mars 2011, selon un communiqué publié samedi par l’opérateur Tepco.
Selon Tokyo Electric Power Co (Tepco), les analyses ont permis d’établir la présence de tritium à des doses dix fois plus élevées que le taux limite admis.
« Selon les échantillons analysés le 5 juillet (…) nous avons détecté un niveau record de 600.000 becquerels par litre » de tritium, dix fois supérieurs aux recommandations gouvernementales de 60.000 becquerels par litre, a indiqué Tepco.
« Nous poursuivons nos efforts pour empêcher que la pollution prenne de l’ampleur (…) et allons renforcer tout le processus de contrôle », a de nouveau promis l’opérateur.
Fin juin, Tecpo avait annoncé avoir mesuré un niveau de 3.000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons béta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait d’un nouveau point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. A ce moment-là, il avait constaté la présence de tritium à un niveau huit fois supérieur à la dose autorisée.
Ces substances radioactives s’étaient échappées des réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi, ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l’archipel. Et elles avaient ensuite polluées les eaux souterraines.
Ces eaux s’écoulent normalement dans la mer, ce qui signifie que les deux substances toxiques pourraient polluer l’océan, et affecter la vie aquatique puis les produits de la mer consommés par les populations.
Cependant, un responsable de Tecpco avait affirmé le mois dernier qu’il n’avait pas été constaté de hausses anormales de ces substances dans l’eau de mer, après analyses, la compagnie estimant que l’eau souterraine a été largement contenue par les bases en béton et armatures en acier.
Ces révélations sont les dernières d’une série d’incidents à la centrale de Fukushima, plus de deux ans après la pire catastrophe nucléaire que le monde a connue en une génération.
Fin juin, le gouvernement japonais et Tepco, s’étaient entendus sur un nouvel échéancier de démantèlement du site ravagé, programme qui prévoit une accélération du retrait du combustible fondu des réacteurs 1 à 3, même si cette opération cruciale ne devrait pas débuter avant 2020.
Une centaine de milliers de personnes avaient dû quitter leur domicile et environ 19.000 personnes ont été tuées par la catastrophe naturelle, mais il n’y a aucune statistique officielle sur les décès directement liés aux radiations nucléaires émanant de la centrale.
La coupure de l’alimentation électrique provoquée par la déferlante avait engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible qui avait fondu dans trois des six réacteurs du site, d’où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.
Après deux ans de photojournalisme intensif sur les conséquences des catastrophes nucléaires de Fukushima, certaines conclusions se sont imposées qui rendent obsolètes tous les débats sur le coût du mégawatt électronucléaire et sur la sûreté de fonctionnement des centrales nucléaires.
Prenons l’hypothèse d’un accident nucléaire en France : les conséquences ne seraient pas seulement économiques – le coût s’élèverait à 430 milliards d’euros par réacteur explosé, selon un rapport de l’IRSN. Ni vitales ou écologiques : avant l’irradiation de la population et la contamination de l’environnement, le premier danger auquel il faudrait parer serait d’ordre social et politique : l’effondrement de l’Etat, pesant sur la démocratie, voire sur la République.
Le gouvernement se trouverait alors face à un choix ici sommairement résumé : vendre le château de Versailles pour dédommager les victimes ou abandonner la population irradiée à elle-même afin d’éviter la faillite de l’Etat.
Que nous apprend le cas Fukushima ? Aujourd’hui, dans la zone touchée par le panache radioactif, c’est l’abandon de la population qui prévaut : elle n’a pas été évacuée, elle est restée confinée dans les villes contaminées : Minami-soma, Koriyama, Nihonmatsu, Hirono et la ville Fukushima (homonyme de la préfecture qui en tire son nom).
Le déni du danger est l’aboutissement d’une campagne de communication intensive de l’Etat Japonais , relayée par tous les médias . Si bien que ce danger a été, au mieux, intériorisé par les habitants de ces villes, au pire, imposé.
(En 2013, s’agissant de la liberté de la presse, le Japon a chuté de la 22e place à la 53e, selon le classement de Reporters sans frontières). Dans cette cathédrale de déni, le réveil face aux maladies et à la mort n’en sera que plus douloureux.
LES IRRADIÉS SONT TRAITÉS COMME DES PARIAS
Dans la préfecture de Fukushima, l’Etat s’est effondré et n’offre plus aucune protection aux citoyens. Les irradiés sont traités comme des parias lorsqu’ils demandent le respect de leurs droits, à commencer par l’accès à un air sain et à une nourriture sans radiation.
Les seniors, les plus de 50 ans, s’affrontent avec la jeune génération. Conscients du risque d’effondrement du pays, les anciens nés dans la notion du sacrifice personnel pour le groupe, intiment aux jeunes de se taire pour ne pas endommager davantage la nation.
Bien que le Japon soit le seul pays au monde à avoir subi deux bombardements atomiques, pour la jeune génération, la situation se résume en une phrase : « A Hiroshima ce fut la colère, à Nagasaki la prière, et aujourd’hui à Fukushima, on exige notre silence. »
Dans le cas d’une fusion de cœur de réacteur nucléaire en France, il serait impossible à l’Etat de débourser les 430 milliards d’euros nécessaires (pour 2013 son budget voté est d’à peine 395,5 milliards euros). Comme il serait impossible de compter sur la soumission des Français devant les mesures draconiennes imposées par la force : verrouillage de la zone rouge pour éviter la propagation de la contamination, loi martiale sur la région pour éviter les pillages, censure sur l’information pour éviter la panique.
Les Français sont plus « subversifs » que les Japonais qui n’ont jamais pris une seule Bastille. L’Etat serait alors pris en étau entre risques de faillite et chaos social, et n’aurait d’autre solution, pour survivre , qu’appliquer les drastiques et cruelles normes sanitaires imposées à Fukushima.
Une mini-zone d’évacuation de 20 km de diamètre autour la centrale sinistrée (deux fois le territoire de Belfort, soit 1200 km2), décréter que les zones de 20 millisieverts par an (soit le niveau de radiations acceptée pour les travailleurs du nucléaire) restent habitables et autoriser des taux élevés de radiations dans la nourriture, dont les aliments pour bébés.
Les populations irradiées seraient abandonnées à leur sort, c’est-à-dire que, face aux radiations, elles n’auraient d’autres recours que l’autoprotection.
C’est la tragique conclusion tirée de ces deux années de reportages sur le désastre de Fukushima. Parmi les risques les plus redoutables de l’industrie nucléaire, rôde la menace politique. En cas de désastre, l’électronucléaire mettrait assurément en danger la République et la démocratie.
Samedi 1 octobre 2011
Du Plutonium a été décelé à 45 km de la Centrale de Fukushima. Les mesures montrent des contaminations de 0,82 becquerels par m2 de plutonium-238 à 45 km de la Centrale et 4,0 becquerels de plutonium-239 et 240 à 30 km de la Centrale dans les villes de Futaba et Namie. Du plutonium avait déjà été décelé sur le site de la centrale, mais à 45 km, c’est une première!
Alors que d’un côté un département du Gouvernement annonce du plutonium, un autre département autorise les habitants de 5 communes situées entre 20 et 30 km à retourner chez eux. Il ne leur reste qu’à souhaiter un retour des plus rayonnants.
Takashi Oizumi, le Responsable du Panel d’experts mis sur pied par le gouvernement, a souligné que le Gouvernement japonais a intentionnellement manipulé l’opinion publique au sujet de l’énergie nucléaire. Vue d’occident, cela ressemble à l’enfoncement d’une porte ouverte. Mais pour les Japonais, et surtout les médias qui n’ont pas toujours éclairés la population sur l’accident de Fukushima, il s’agit d’une prise de conscience douloureuse.
Vendredi 30 Septembre 2011
Tepco a fait sonner les trompettes: pour la première fois depuis la catastrophe, les températures des 3 Réacteurs en perditions sont passées sous la barre des 100 degrés Celcius. Ho! pas de beaucoup. Le Réacteur 2 flirte a 99,7 degrés, mais c’est une belle réduction alors que le thermomètre indiquait 110 degrés au début du mois de septembre. Les Réacteurs 1 et 3 se maintiennent en-dessous de 100 degrés depuis le mois d’août. Tepco espère pouvoir maintenir la température des réacteurs d’ici à la fin décembre. Mais l’entreprise se trouve toujours devant une montagne d’eau hautement radioactive.
Jeudi 29 Septembre 2011
A 19h00 heure locale, la Centrale de Fukushima a subit un nouveau tremblement de terre de 5,4. Il n’y a pas de grosse casse selon les autorités. De grandes quantités d’hydrogène ont été découvertes dans les tuyaux du Réacteur 1. Souvenez-vous, c’est justement à cause de l’hydrogène que les bâtiments 1 et 3 avaient explosé début mars. Tepco va tenter de réduire ce gaz et éviter une nouvelle explosion.
Mercredi 28 Septembre 2011
Un panel d’experts du Gouvernement japonais vient d’enfoncer une porte ouverte en déclarant: « Tepco n’était pas préparé pour une catastrophe du type de Fukushima et encore moins pour la résoudre ». C’est sympa d’avoir mis une brochette d’experts autour d’une table pour arriver à cette constatation. Mon labrador était arrivé à la même conclusion il y a 3 mois déjà!
Le président de ce panel, Yotaro Hatamura, a ajouté qu’ils allaient encore enquêter afin de savoir pourquoi Tepco n’a pas su maîtriser cette catastrophe et qu’une réponse serait donnée d’ici à la fin 2011. Ben, s’ils donnent les véritables raisons, il y a des hommes politiques qui vont avoir du mal à dormir ces prochaines semaines.
Les niveaux de contaminations radioactives à Fukushima-city, (ville de 300’000 habitants à 60 km de la Centrale) sont en train de se détériorer au point que les autorités sont prêtes à évacuer des quartiers de la ville. Certaines familles, qui craignent pour leurs enfants, ont déjà quitté leur maison.
La municipalité envisage un plan de nettoyage des parties radioactives comme les toits des maisons, d’enlever une partie du goudron des routes ainsi que de la terre. Cependant, les autorités ne savent pas comment recycler ou stocker ces déchets contenant ces traces radioactives.
Il est paradoxal, qu’à 60 km de la Centrale, les autorités pensent à évacuer, alors que le Gouvernement japonais veut donner le feu vert pour faire retourner les habitants dans 5 villes situées à 30 km des Réacteurs accidentés. Certainement une question d’indemnisations.
A suivre : La veille de Laurent Horvath l’ économiste spécialisé, fondateur du site 2000watts.org sur lequel il décrypte en continu la catastrophe nucléaire de Fukushima . Fukushima fil de l’information
Fukushima: la situation continue à empirer
par Claude-Marie Vadrot
Comme annoncé, la situation à Fukushima et dans la région ne s’arrange pas et, à en juger par les derniers développements du délabrement des réacteurs accidentés, cet accident pourrait dépasser en gravité, dans le temps et dans l’espace, celui de Tchernobyl. Car non seulement les trois réacteurs restent pratiquement hors d’atteinte pour les ouvriers et les ingénieurs, mais trois des quatre piscines endommagées ne sont toujours pratiquement pas refroidies. Seule celle liée au réacteur numéro quatre est équipée depuis la fin du mois de juillet d’un système de refroidissement de secours qui « ne donne pas entièrement satisfaction ». Traduit en langage de profane cela signifie que cette piscine relâche toujours de la radioactivité dans l’air. Ce qui est évidemment le cas des carcasses des bâtiments et de réacteurs un, deux et trois. Donc, n’en déplaise aux « docteurs tant mieux » qui s’agitent aussi bien au Japon qu’en France chez Areva, la situation des rejets et des risques à venir reste exactement la même que le 13 mars dernier, quand la fusion a commencé. Un accident dont il faut quand même rappeler, car les partisans du nucléaire sont en train d’essayer de le faire oublier à l’opinion publique internationale, qu’il n’a pas été provoqué par le tsunami mais par l’arrêt automatique des réacteurs provoqué par le tremblement de terre. Il se trouve, les experts le savent mais ne le crient jamais sur les toits, que les conséquences de l’arrêt brutal d’un réacteur nucléaire, qu’elles qu’en soient les causes, sont toujours imprévisibles : cela peut fort bien se passer normalement ou au contraire déstabiliser définitivement un réacteur sans que les spécialistes sachent vraiment pourquoi.
Pour prendre la mesure de la radioactivité toujours relâchée dans l’atmosphère, il suffit de savoir que dans le réacteur numéro deux, par exemple, les instruments de contrôle que les techniciens ont réussi à glisser le 2 août prés du réacteur numéro deux n’ont pas pu fonctionner car la radioactivité était trop forte. Elle dépassait –d’un montant ignoré- la limite de 10 sieverts/heure (10 000 millisieverts). La veille, dans le réacteur numéro un, les ingénieurs qui voulaient commencer à étudier la mise en place d’un système de refroidissement de secours, ont du renoncer à s’approcher par ce que les instruments enregistraient une radioactivité de 5 sieverts/heure. Impossible donc, toujours, de travailler dans les bâtiments et aux abords des réacteurs : la norme pour un salarié du nucléaire, limite au delà de laquelle il court des risques est de 20 millisieverts/an. Ce qui situe largement, si l’on tient compte de la durée de l’exposition de référence, la radioactivité menaçant les ingénieurs japonais à un niveau au moins 10 000 fois supérieur à ce qui est acceptable sans être irrémédiablement et gravement contaminé.
Cette permanence de la radioactivité interdit donc, tout en polluant davantage chaque jour la région, toute intervention sur les trois réacteurs accidentés. Les techniciens ne peuvent strictement rien à faire, les premiers robots expérimentés pour les suppléer ont été paralysés par la force des radiations.
La « promesse » de la Tepco, l’opérateur privé en cause, et du gouvernement japonais de « maîtriser » la situation pour le début de l’année 2012 est donc en train de voler en éclats. En fait les réactions nucléaires se poursuivent et les techniciens de disposent d’aucun moyen pour les arrêter ou les diminuer. Ils n’ont strictement pas progressé depuis le lendemain de l’explosion des réacteurs et même la décontamination des centaines de milliers de tonnes d’eau contaminée est au point mort. Dans les conditions actuelles, la preuve est faite qu’un réacteur peut échapper durablement à toute tentative de contrôles et que les spécialistes ne peuvent que constater l’aggravation d’une situation de crise. Quant à l’autre « promesse », celle de construire rapidement un grand sarcophage par réacteur ou une énorme enceinte de confinement, elle est pour des mois, sinon des années irréalisables. Ce qui condamne une partie du Japon à subir une augmentation des contaminations, y compris par du plutonium.
D’où la nécessité, comme le fait régulièrement Politis, de continuer à expliquer ce qui se passe à Fukushima pour que personne n’oublie l’ampleur de la catastrophe.
L’ingénieur nucléaire américain Arnie Gundersen fait le point sur la contamination radioactive détectée autour de Fukushima et partout dans le Japon.
Les Réacteurs
Emanations radioactives visibles la nuit. Les réacteurs 1, 2, 3 et 4 continuent de relâcher des émissions radioactives. Nous ne les voyons pas durant la journée à cause de la chaleur et de l’humidité. Cependant, durant la nuit, vous pouvez les observer sur les images de la webcam. Les nuages blancs sont de la vapeur qui contiennent des particules et qui s’échappent des réacteurs. Certaines personnes m’ont écrit pour me demander s’il ne s’agissait pas de l’imminence d’une explosion ou d’incendies. Mais il s’agit bien de la vapeur radioactive qui s’échappent des réacteurs .
La plus grande partie des radiations a été relâchée durant les mois de mars et avril 2011. Actuellement, les radiations qui s’échappent sont bien moins importantes que durant les deux premiers mois. Durant les six premières semaines, 95 % des radiations se sont échappées de Fukushima. Cependant, Fukushima va relâcher des radiations pendant encore beaucoup de temps. Les Japonais sont en train de construire de larges tentes qui devraient recouvrir les réacteurs. La première tente est en construction et elle va recouvrir le Réacteur 1. Il en ira de même avec les Réacteurs 2, 3 et 4. Dès septembre, l’objectif de ces tentes est de récupérer la vapeur radioactive et de la traiter.
De plus en plus, l’opérateur doit faire face aux liquides contaminés qui s’infiltrent dans le sous-sol et qui se trouvent sur le site. Mais dans le futur immédiat, il n’y a aucune solution pour les éliminer.
10 ans pour commencer à extraire le combustible Nucléaire !
Les Japonais annoncent qu’il faudra en tout cas 10 ans pour commencer à extraire le combustible nucléaire. Actuellement il n’y a aucune technologie qui permet d’enlever ce combustible qui se trouve au fond des bacs de rétentions sous les réacteurs. Le combustible a percé la jupe des réacteurs et se trouve dans les bacs de rétentions. Aux États-Unis, à Three Miles Island, le combustible se trouvait dans le réacteur. Ici, il se trouve sur le sol, sous les réacteurs. Cette situation est totalement nouvelle. Il va falloir ramasser ce combustible liquide hautement radioactif et ce processus pourra durer 10 à 20 ans.
La Contamination Nucléaire
Pour moi, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les informations qui proviennent du site. Certains de mes amis biologistes, qui ont travaillé à Tchernobyl, sont allés au Japon pour faire des tests scientifiques. Ils avaient imaginé et anticipé que la situation n’allait pas être bonne. Cette semaine, j’ai reçu un appel téléphonique qui me disait que la situation est vraiment, vraiment mauvaise. Ce sont des scientifiques qui ont l’habitude des radiations. Les conditions qu’ils ont trouvées à Fukushima sont bien pires que ce qu »ils avaient imaginé.
Il y a des évidences qui corroborent leurs recherches. Par exemples, les champignons, à plus de 60 km de la Centrale, contiennent des taux bien supérieurs aux limites fixées par les Japonais. Détail intéressant, ces champignons ont été cultivés à l’intérieur. Comment les champignons cultivés à l’intérieur peuvent-ils dépasser les limites légales de radiations extérieures fixées par le gouvernement?
Un autre exemple vient de la contamination du bétail dans la Préfecture de Fukushima. Tout avait débuté avec 8 vaches, ensuite 40 vaches et maintenant plus de 100 et je suis sûr qu’il va y en avoir encore plus dans le future. Un point intéressant est que les vaches ont été élevées entre 60 et 90 km de la Centrale. Elles montrent des taux de Césium bien au-delà de ce qui peut être approuvé pour la consommation. Quand ces vaches ont été commercialisées, le gouvernement japonais n’avait pas fait de test sur la viande.
La question la plus importante est: comment est-ce que ces vaches ont été contaminées?
Il se trouve que les vaches sont nourries avec du foin de riz. Ce foin, récolté au-delà de 60 km, a été apporté aux paysans qui se trouvaient dans la Préfecture de Fukushima. Cette paille a été contaminée à 500’000 Becquerels par kg. Il s’agit d’une contamination au Césium. Le césium a une demi-vie de 30 ans. Dans 30 ans, la contamination sera toujours de 250’000 Becquerels par kg et dans 60 ans 125’000 Becquerels par kg.
Cela c’est passé à plus de 65 km. Vous vous rappelez que la Commission nucléaire avait demandé une évacuation au-delà de 80 km. Cette situation indique que la NRC avait raison. Le gouvernement japonais aurait dû évacuer sa population à plus de 80 km au lieu des 20 km actuels.
La radiation a dépassé les frontières de la préfecture de Fukushima, mais le Gouvernement ne semble se soucier que des taux dans cette préfecture.
Black Rain – Les Pluies Noires
La dernière chose dont je voudrai parler aujourd’hui est ce qui se passe au-delà de 80 km. Il est très clair qu’avec les mesures radioactives et la paille qui ont été découvertes et relevées qu’il y a des endroits, même au-delà de 80 km qui sont autant contaminés qu’à Tchernobyl.
A Tokyo, j’ai ici une lettre d’un habitant qui a fait analyser le sol d’une cours pour jeux d’enfants. Les résultats montrent qu’il y a 53’000 becquerels par kg à cet endroit. Cette personne était tellement préoccupée qu’elle a été voir le maire de Kashiwa City qui lui a répondu de ne pas s’inquiéter. Nous avons un citoyen qui a payé une étude et qui l’a présentée aux autorités et qui ne peut aller nulle part avec ce gouvernement.
Il y a une autre information qui vient de National Cancer Center Hospital East. Elle se trouve sur leur site internet. Ce document montre que 11 jours après l’accident (mars 24), le niveau de radioactivité à l’extérieur du bâtiment était 30 fois plus élevé qu’à l’intérieur. Il y a eu une déposition sur le sol d’éléments radioactifs. Il s’agit d’un hôpital spécialisé et ils savent comment mesurer la radioactivité.
Le dernier rapport que je veux vous montrer provient d’un e-mail. Chaque jour je reçois un e-mail d’un éminent physicien, le Dr. Saji, ex secrétaire de la Commission de la sécurité nucléaire. Il y a deux jours, il m’a écrit ceci à propos du foin contaminé : Je crois que cela est dû au stockage de la paille à l’air libre lors du passage du panache, et particulièrement durant la première semaine de la «Pluie Noire ». (Black Rain).
« Black Rain » « Pluie Noire » n’est pas un terme que le Dr. Saji utilise légèrement. Cependant, c’est ce qu’il s’est passé au Japon. Ce que Dr. Sagi mentionne, se sont des nuages de particules radioactives qui ont déposé un peu partout de la radioactivité dans le nord du Japon.
Au lieu de limiter l’information, Il est plus important de limiter les radiations.
Les japonais sont des personnes pleines de ressources et la victoire de l’équipe féminine de foot le montre. Mais ils ont le droit de connaître l’importance du problème auquel ils font face dans le but de faire face de manière correcte. Au lieu de limiter l’information, Il est plus important de limiter les radiations.
A suivre : La veille de Laurent Horvath l’ économiste spécialisé, fondateur du site 2000watts.org sur lequel il décrypte en continu la catastrophe nucléaire de Fukushima et la course-poursuite des «ouvriers kamikazes» pour éviter le pire. Fukushima fil de l’information