Fukushima: le fil de l’Information: Dernières nouvelles

Samedi 1 octobre 2011
Du Plutonium a été décelé à 45 km de la Centrale de Fukushima. Les mesures montrent des contaminations de 0,82 becquerels par m2 de plutonium-238 à 45 km de la Centrale et 4,0 becquerels de plutonium-239 et 240 à 30 km de la Centrale dans les villes de Futaba et Namie. Du plutonium avait déjà été décelé sur le site de la centrale, mais à 45 km, c’est une première!

Alors que d’un côté un département du Gouvernement annonce du plutonium, un autre département autorise les habitants de 5 communes situées entre 20 et 30 km à retourner chez eux. Il ne leur reste qu’à souhaiter un retour des plus rayonnants.

Takashi Oizumi, le Responsable du Panel d’experts mis sur pied par le gouvernement, a souligné que le Gouvernement japonais a intentionnellement manipulé l’opinion publique au sujet de l’énergie nucléaire. Vue d’occident, cela ressemble à l’enfoncement d’une porte ouverte. Mais pour les Japonais, et surtout les médias qui n’ont pas toujours éclairés la population sur l’accident de Fukushima, il s’agit d’une prise de conscience douloureuse.

Vendredi 30 Septembre 2011
Tepco a fait sonner les trompettes: pour la première fois depuis la catastrophe, les températures des 3 Réacteurs en perditions sont passées sous la barre des 100 degrés Celcius. Ho! pas de beaucoup. Le Réacteur 2 flirte a 99,7 degrés, mais c’est une belle réduction alors que le thermomètre indiquait 110 degrés au début du mois de septembre. Les Réacteurs 1 et 3 se maintiennent en-dessous de 100 degrés depuis le mois d’août. Tepco espère pouvoir maintenir la température des réacteurs d’ici à la fin décembre. Mais l’entreprise se trouve toujours devant une montagne d’eau hautement radioactive.

Jeudi 29 Septembre 2011
A 19h00 heure locale, la Centrale de Fukushima a subit un nouveau tremblement de terre de 5,4. Il n’y a pas de grosse casse selon les autorités. De grandes quantités d’hydrogène ont été découvertes dans les tuyaux du Réacteur 1. Souvenez-vous, c’est justement à cause de l’hydrogène que les bâtiments 1 et 3 avaient explosé début mars. Tepco va tenter de réduire ce gaz et éviter une nouvelle explosion.

Mercredi 28 Septembre 2011
Un panel d’experts du Gouvernement japonais vient d’enfoncer une porte ouverte en déclarant: « Tepco n’était pas préparé pour une catastrophe du type de Fukushima et encore moins pour la résoudre ». C’est sympa d’avoir mis une brochette d’experts autour d’une table pour arriver à cette constatation. Mon labrador était arrivé à la même conclusion il y a 3 mois déjà!
Le président de ce panel, Yotaro Hatamura, a ajouté qu’ils allaient encore enquêter afin de savoir pourquoi Tepco n’a pas su maîtriser cette catastrophe et qu’une réponse serait donnée d’ici à la fin 2011. Ben, s’ils donnent les véritables raisons, il y a des hommes politiques qui vont avoir du mal à dormir ces prochaines semaines.

Les niveaux de contaminations radioactives à Fukushima-city, (ville de 300’000 habitants à 60 km de la Centrale) sont en train de se détériorer au point que les autorités sont prêtes à évacuer des quartiers de la ville. Certaines familles, qui craignent pour leurs enfants, ont déjà quitté leur maison.
La municipalité envisage un plan de nettoyage des parties radioactives comme les toits des maisons, d’enlever une partie du goudron des routes ainsi que de la terre. Cependant, les autorités ne savent pas comment recycler ou stocker ces déchets contenant ces traces radioactives.

Il est paradoxal, qu’à 60 km de la Centrale, les autorités pensent à évacuer, alors que le Gouvernement japonais veut donner le feu vert pour faire retourner les habitants dans 5 villes situées à 30 km des Réacteurs accidentés. Certainement une question d’indemnisations.

A suivre : La veille de Laurent Horvath l’ économiste spécialisé, fondateur du site 2000watts.org sur lequel il décrypte en continu la catastrophe nucléaire de Fukushima . Fukushima fil de l’information

 

Fukushima: la situation continue à empirer

par Claude-Marie Vadrot

Comme annoncé, la situation à Fukushima et dans la région ne s’arrange pas et, à en juger par les derniers développements du délabrement des réacteurs accidentés, cet accident pourrait dépasser en gravité, dans le temps et dans l’espace, celui de Tchernobyl. Car non seulement les trois réacteurs restent pratiquement hors d’atteinte pour les ouvriers et les ingénieurs, mais trois des quatre piscines endommagées ne sont toujours pratiquement pas refroidies. Seule celle liée au réacteur numéro quatre est équipée depuis la fin du mois de juillet d’un système de refroidissement de secours qui « ne donne pas entièrement satisfaction ». Traduit en langage de profane cela signifie que cette piscine relâche toujours de la radioactivité dans l’air. Ce qui est évidemment le cas des carcasses des bâtiments et de réacteurs un, deux et trois. Donc, n’en déplaise aux « docteurs tant mieux » qui s’agitent aussi bien au Japon qu’en France chez Areva, la situation des rejets et des risques à venir reste exactement la même que le 13 mars dernier, quand la fusion a commencé. Un accident dont il faut quand même rappeler, car les partisans du nucléaire sont en train d’essayer de le faire oublier à l’opinion publique internationale, qu’il n’a pas été provoqué par le tsunami mais par l’arrêt automatique des réacteurs provoqué par le tremblement de terre. Il se trouve, les experts le savent mais ne le crient jamais sur les toits, que les conséquences de l’arrêt brutal d’un réacteur nucléaire, qu’elles qu’en soient les causes, sont toujours imprévisibles : cela peut fort bien se passer normalement ou au contraire déstabiliser définitivement un réacteur sans que les spécialistes sachent vraiment pourquoi.

Pour prendre la mesure de la radioactivité toujours relâchée dans l’atmosphère, il suffit de savoir que dans le réacteur numéro deux, par exemple, les instruments de contrôle que les techniciens ont réussi à glisser le 2 août prés du réacteur numéro deux n’ont pas pu fonctionner car la radioactivité était trop forte. Elle dépassait –d’un montant ignoré- la limite de 10 sieverts/heure (10 000 millisieverts). La veille, dans le réacteur numéro un, les ingénieurs qui voulaient commencer à étudier la mise en place d’un système de refroidissement de secours, ont du renoncer à s’approcher par ce que les instruments enregistraient une radioactivité de 5 sieverts/heure. Impossible donc, toujours, de travailler dans les bâtiments et aux abords des réacteurs : la norme pour un salarié du nucléaire, limite au delà de laquelle il court des risques est de 20 millisieverts/an. Ce qui situe largement, si l’on tient compte de la durée de l’exposition de référence, la radioactivité menaçant les ingénieurs japonais à un niveau au moins 10 000 fois supérieur à ce qui est acceptable sans être irrémédiablement et gravement contaminé.

Cette permanence de la radioactivité interdit donc, tout en polluant davantage chaque jour la région, toute intervention sur les trois réacteurs accidentés. Les techniciens ne peuvent strictement rien à faire, les premiers robots expérimentés pour les suppléer ont été paralysés par la force des radiations.

La « promesse » de la Tepco, l’opérateur privé en cause, et du gouvernement japonais de « maîtriser » la situation pour le début de l’année 2012 est donc en train de voler en éclats. En fait les réactions nucléaires se poursuivent et les techniciens de disposent d’aucun moyen pour les arrêter ou les diminuer. Ils n’ont strictement pas progressé depuis le lendemain de l’explosion des réacteurs et même la décontamination des centaines de milliers de tonnes d’eau contaminée est au point mort. Dans les conditions actuelles, la preuve est faite qu’un réacteur peut échapper durablement à toute tentative de contrôles et que les spécialistes ne peuvent que constater l’aggravation d’une situation de crise. Quant à l’autre « promesse », celle de construire rapidement un grand sarcophage par réacteur ou une énorme enceinte de confinement, elle est pour des mois, sinon des années irréalisables. Ce qui condamne une partie du Japon à subir une augmentation des contaminations, y compris par du plutonium.

D’où la nécessité, comme le fait régulièrement Politis, de continuer à expliquer ce qui se passe à Fukushima pour que personne n’oublie l’ampleur de la catastrophe.

Source Politis

Voir aussi :  Rubrique Japon, Plus important de limiter les radiations que l’information, Fukishima information et désinformation, Une légende à réinventer, L’accident nucléaire, Politique internationale, Fillon et Sarkozy misent sur l’aide de tokyo pour défendre le nucléair civil, rubrique Economie, Nucléair civil:  tour du monde des nouvelles puissances, Rubrique Santé, Manifeste pour l’indépendance de l’OMS, On Line «Areva au cœur du réacteur de Fukushima»