Impact de la crise sur la politique monnétaire chinoise

monnaie-yuan-inquieteLe plan de sauvetage d’un montant de près de 1 000 milliards de Dollars US mis en place pour empêcher que la crise du crédit grecque ne s’étende en Europe aura des conséquences sur divers aspects de l’économie chinoise, d’après les analystes.

L’accord trouvé lundi a dégagé 670 milliards de Dollars en prêts et garanties de prêts à destination de tout pays de la zone Euro ayant besoin de fonds, plus quelque 322 milliards de Dollars provenant du Fonds Monétaire International. L’objectif est d’éviter que l’euro n’explose et que la reprise économique mondiale ne déraille.

Les marchés ont très favorablement accueilli la nouvelle, les bourses du monde ayant gagné près de 3%. Les bourses du monde, mesurées par le MSCI (indice boursier mesurant la performance des marchés boursiers de pays économiquement développés) étaient en effet en hausse de 2,8%, dont une augmentation de plus de 3% pour la seule partie concernant les marchés émergents. De son côté, l’Euro a gagné près de 2% face au Dollar. En Chine, le point de référence de l’indice composite de la Bourse de Shanghai a gagné 10,38 points, soit 0,4%, tandis qu’à Hong Kong, l’indice Hang Seng a pris 506,35 points, soit 2,54%, pour finir à 20 426,64 points.

Et en Europe, les prix du pétrole ont rebondi après la baisse de la semaine dernière de 14%, remontant à 78 Dollars US le baril. Mais d’après les analystes chinois, la zone euro fait face à des incertitudes au sujet de ses avoirs financiers à l’étranger, de ses exportations, de sa politique monétaire et de la fin de son plan de relance économique.

D’après Zhang Xiaoji, économiste au Centre de Recherche sur le Développement du Conseil des Affaires d’Etat, « Le plan de sauvetage aidera les marchés à reprendre confiance et à éviter la panique, non seulement s’agissant de l’économie grecque, mais aussi des autres économies européennes ». « Cet accord favorisera la création d’un environnement économique stable et permettra de réduire les inquiétudes des gens au sujet d’une possible récession à double creux en Europe », a dit Stephen Joske, directeur du Service de prévision Chine chez Economist Intelligence Unit.

En Chine, le Premier Ministre Wen Jiabao a déclaré lundi au Premier Ministre espagnol Jose Luis Zapatero que la Chine soutenait les initiatives prises pour aider la Grèce à surmonter sa crise de la dette. L’Espagne détient à l’heure actuelle la présidence tournante de l’Union Européenne. Lors d’une conversation téléphonique avec M. Zapatero, M. Wen a demandé avec insistance que les pays coordonnent leurs politiques économiques, réforment la structure de la gouvernance financière internationale, maintiennent la stabilité des monnaies et luttent contre le protectionnisme.

Mais d’après Yu Yongding, directeur de la Société chinoise d’Economie Mondiale, il est encore trop tôt pour dire que la situation européenne s’est stabilisée. « La crise grecque a démontré clairement la faiblesse de la reprise économique mondiale », a dit M. Yu, ancien membre du Comité de politique monétaire de la Banque Centrale. « Il est difficile de prédire ce qui va arriver ensuite ». L’Euro va probablement rester faible, alors que le Dollar devrait se renforcer, a-t-il ajouté. « Cela posera un défi aux décideurs chinois, qui souhaitent diversifier les avoirs financiers du pays à l’étranger », a-t-il dit.

La Chine a dépensé une bonne partie de ses réserves en devises étrangères en actifs libellés en dollars, comme des bons du Trésor américain. Elle a aussi songé à diversifier la structure de ses investissements.« Mais à présent, il est clair que l’Euro, c’est risqué », a dit M. Yu. « Cela compliquerait la prise de décisions politiques de la Chine ». Les exportations chinoises devraient souffrir, a-t-il ajouté, car cette crise va être un frein à la croissance de l’Europe, qui est le plus gros partenaire commercial de la Chine. « Pour les pays touchés par la crise, la croisssance n’est désormais plus la priorité No 1 ; ils doivent d’abord rembourser leurs dettes et convaincre les investisseurs qu’ils sont capables de le faire ».

Cependant, d’après M. Zhang, du Centre de Recherche sur le Développement du Conseil des Affaires d’Etat, l’impact sur les exportations de la Chine pourrait être limité. « Un Euro affaibli aura des conséquences sur le commerce fait en Euros, mais la majorité du commerce de la Chine avec les pays européens est fait en Dollars », a-t-il précisé, ajoutant que les objectifs de la Chine précédemment annoncés, en croissance de 10% d’une année sur l’autre, ne devraient pas nécessairement être modifiés.

Un autre résultat de la crise européenne est que la Chine fait désormais face à moins de pression pour la réévaluation du Yuan, puisque le Dollar remonte. Mais cette hausse du Dollar pourrait également porter préjudice aux exportations américaines, que le Président Obama souhaite voir doubler en cinq ans. « Par conséquent, les Etats-Unis pourraient faire davantage pression pour une réévaluation du Yuan, pour le bénéfice de leur secteur des exportations », a dit M. Yu.

La Chine « améliorera le mécanisme de formation du taux de change », mais le Yuan devrait demeurer « globalement stable », a annoncé la Banque Populaire de Chine dans son rapport trimestriel publié lundi. D’après M. Yu, la politique monétaire chinoise actuelle, plus stricte, ne devrait pas changer, malgré les incertitudes extérieures apportées par la crise européenne. « Nous ne devrions pas nous précipiter pour la changer, étant donné la croissance excessive de l’argent disponible et du prix élevé des actifs ».

Faisant ainsi, dit-il, le taux de croissance économique de la Chine devrait ralentir cette année. La China International Capital Corporation a d’ailleurs réduit ses prévisions de croissance de la Chine d’une année sur l’autre de 10,5% à 9,5% dans son rapport publié lundi, citant les mesures plus strictes prises par le pays et les incertitudes extérieures causées par la crise grecque.

le Quotidien du Peuple

Sans papier les esclaves du capitalisme

Les attaques se multiplient en Europe contre les droits des étrangers, toujours plus criminalisés. Le gouvernement italien vient de proposer un texte permettant aux médecins de dénoncer les clandestins. La dérive sécuritaire se propage en Espagne où le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero multiplie les descentes policières au faciès. Tandis qu’au nom d’une politique performante en matière d’expulsion, la France touche à l’absurde. Le Canard Enchaîné vient d’épingler le génie du ministère de l’immigration qui a empêché un groupe de Marocains de rentrer au Maroc. Les policiers préférant les arrêter et les expulser, en payant leur billet d’avion, pour gonfler les chiffres. Malgré les discours sur une immigration de travail qui serait une immigration choisie et les annonces de régularisation des travailleurs étrangers, de nombreux étrangers, qui travaillent depuis plusieurs années, sont aujourd’hui arrêtés et expulsés pour avoir, en confiance, signalé leur situation.

Exploitation intensive des saisonniers agricoles

Dans son livre document Les nouveaux esclaves du capitalisme, le journaliste paysan aveyronnais Patrick Herman propose un zoom
saisissant sur le concept d’immigration choisie. L’ouvrage démontre à partir d’exemples précis dans le Sud de la France, en Andalousie, et dans le rif marocain, comment l’agriculture intensive est devenue le laboratoire d’une régression sociale sans précédent. Le livre se compose de témoignages, de références chiffrées et de questionnements sur les pratiques très floues des institutions face à la pression des lobbies de producteurs (la Freshuelva en Andalousie) ou des syndicats, (la FNSEA en France, la COAG en Espagne). Ce document offre aussi un regard historique sur le développement de l’agriculture intensive et ses besoins. En Provence comme en Andalousie, la main-d’œuvre marocaine a été la clef de voûte du décollage agricole. Chacune des zones de production a sa spécificité. Dans les Bouches-du-Rhône, les contrats OMI qui permettent de rentrer la récolte à moindre coût et assurent aux agriculteurs la sécurité, la disponibilité et la docilité de leurs personnels sont défendus bec et ongles par la FNSEA. Cette option des employeurs pour une main d’œuvre en situation précaire et soumise permet d’imposer une cadence de travail inhumaine et s’impose au détriment du droit du travail (1).  » Ceux qui ont une carte de séjour ne font plus rien. Il ne veulent pas travailler. Il abandonnent au bout de deux jours. L’ANPE nous envoie que des bras cassés. »

En cette période cyclonique, on ne rappelle jamais assez que les reculs sur la condition des étrangers s’inscrivent dans un projet global de société qui vise à affaiblir notre système de protection sociale, les services publics et nos libertés à tous.

Jean-Marie Dinh

Les nouveaux esclaves du capitalisme, édition Au Diable Vauvert, 23 euros.
Les contrat OMI saisonniers ne sont encadrés ni par le code du travail ni par le droit des étrangers.

Voir aussi : Rubrique société Politique du chiffre , statistiques de la délinquance dans l’Hérault, Education nouvelle plainte des parents contre le fichier base élève, Justice droits de l’enfant en France, étude  : la hausse de la délinquance des mineurs ne se confirme pas

Le journaliste paysan aveyronnais Patrick Herman