Les méditations vivantes de Rizzo

832485-ad-noctum4jpgDanse. Ad noctum, co-accueilli par Montpellier Danse, le CCN ICI et le Théâtre de La Vignette.

Ad Noctum est le second volet d’un triptyque chorégraphique élaboré par Christian Rizzo sur sa pratique d’écriture. La démarche est introspective, au sens philosophique, à ce moment de sa carrière, l’artiste prend le temps d’un regard intérieur, d’une attention portée à ses propres sensations. Et il est probable que la dimension universelle qui émane de son travail tienne à cette sincérité.

Ad Noctum est une pièce écrite pour deux de ses interprètes emblématiques, Julie Guibert et Kerem Gelebek. Ce dernier, souligne les qualités d’observation de Rizzo. « On travaille ensemble, il n’impose pas, il conjugue. » Le chorégraphe puise dans le répertoire des danses de couples, dites de salon. Mais si Rizzo touche aux racines de gestes commun à tous, ce n’est pas pour s’y appesantir. Il donne une visibilité aux anonymes. A la dualité du couple s’ajoute celle de la modernité et de la tradition, du noir et de la lumière ponctués par une soixantaine de tops qui sont autant d’espaces de démarrage.

La présence des noirs double le temps en y installant des silences. Les corps s’évanouissent pour se retrouver dans de nouveaux lieux. L’écriture se rapproche du montage cinématographique la présence en plus. Sur le plateau un bloc de sept mètres conçu par le taiwanais Iuan-Hau Chiang fait office de troisième personnage combinant lumière son et images, il propulse la dynamique spatiale. Le lien tenu et sans cesse redistribué entre les interprètes semble traverser le temps. Les danseurs évoluent dans un hyperprésent entre passé et futur.

Suivant le fil d’une invisible narration, Rizzo offre à Julie Guibert et Kerem Gelebek, un duo dont la force n’a d’égale que la fragilité. La dernière pièce du triptyque sera créée au festival Montpellier Danse 2016.

JMDH

Source : La Marseillaise 16/12/2015

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Christian Rizzo. Que se passe-t-il donc ICI ?

Le danseur et chorégraphe Christian Rizzo. © Marc Domage

Le danseur et chorégraphe Christian Rizzo :  « Une institution comme le CCN doit se donner les moyens de partager le savoir ». © Marc Domage

Danse. A la tête du centre chorégraphique national de Montpellier, Christian Rizzo présente ce soir « AD Noctum ».

Artiste pluriel, Christian Rizzo a pris ses fonctions de Directeur du Centre chorégraphique national, en janvier 2015. Il succède à Mathilde Monnier qui a dirigé le lieu durant vingt ans avant d’être nommée, fin 2013, à la tête du Centre national de la danse à Pantin.

« C’est un lieu chargé d’histoire dans lequel j’essaie de faire naître un deuxième épisode correspondant à mon projet artistique », indique Christian Rizzo. Le CCN est un lieu de création, de recherche et de formation pour la danse contemporaine. Depuis 2010, il a intégré tout en conservant sa mission et son indépendance financière, l’Agora – Cité internationale de la danse, voulue par Dominique Bagouet et dirigée par Jean-Paul Montanari.

Sous l’impulsion de Jacques Lang, les 19 centres chorégraphiques nationaux ont vu le jour en 1984 avec  la particularité d’être dirigés par des artistes chorégraphiques assimilés à des courants artistiques variés.

A son arrivée à Montpellier, Christian Rizzo a nommé le CDN ICI. « Le projet associe la notion de territoire et de mouvement. Nous sommes entourés de murs d’un mètre d’épaisseur avec de toutes petites portes. Mon idée est de travailler sur le système d’ouverture. ICI, parce qu’on est là dans la multiplicité des pratiques, et à la fois dehors, parce que ces pratiques donnent du sens au territoire. Les cartographies se superposent, se rencontrent et des projets naissent. Une institution comme un CCN doit se donner les moyens de partager le savoir. Les dimensions locale, régionale, nationale, internationales, sont à mes yeux, une seule et même chose. Tout a lieu dans un va et vient permanent. »

La nouvelle aventure est déjà partie à la rencontre des désirs exprimés en Lozère, ou à Font-Romeu. A Montpellier, elle accueille désormais un artiste associé. Le chorégraphe Vincent Dupond inaugure ce cycle pour trois saisons. En octobre est arrivée la nouvelle promo du master exerce qui vise à accompagner le devenir d’artistes-chercheurs par l’exploration chorégraphique. C. Rizzo a souhaité l’ouvrir aux danseurs professionnels de la région qui sont accueillis pour certaines pratiques. Tous les mois, Le club de la danse propose à tous de rencontrer un chorégraphe et de suivre un atelier de pratique accessible.

Création Ad Noctum

Du 14 au 16 décembre, on peut découvrir Ad Noctum au Théâtre de la Vignette, seconde partie du triptyque débuté par D’après une histoire vraie qui connaît un succès international. « Le starter de l’écriture est parti d’un questionnement. Je me suis demandé de quoi je suis fait quand je pense chorégraphique, explique C Rizzo J’ai deux histoires, celle d’un auteur inspiré par Cunningham, de Keersmaeker, Martha Graham… et celle d’une inspiration provenant d’anonymes, de motifs issus de la tradition populaire. »

La force de l’oeuvre de Christian Rizzo tient pour beaucoup à la sincérité issue d’émotions personnelles. Avec Ad Noctum, l’artiste les relie aux origines mêmes de sa discipline à partir de la danse en couple auquel s’ajoute un troisième personnage, un totem pourvoyeur d’images digitales…

JMDH

Source : La Marseillaise 14/12/2015

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Tauberbach d’Alain Platel. Dignité affirmée dans la perdition

tauberbach-3Danse. Après Montpellier la pièce Tauberbach du metteur en scène et chorégraphe Belge à sortieouest les 6 et 7 nov.

Il est surtout question de conscience sur la scène de Tauberbach, celle d’une femme en perdition qui ne s’en laisse pas conter, celle d’un monde fortement contrasté, celle du spectateur qui lui permet ou pas d’entrevoir un lien entre lui et le plateau. Pour cette pièce créée en 2014 au Théâtre de Chaillot, le chorégraphe et metteur en scène Belge Alain Platel s’inspire du documentaire Estamira de Marcos Prado, portrait d’une femme schizophrène qui vit dans une décharge près de Rio.

Au-delà des incapacités physiques, mentales, et cognitives, sur les traces de l’incontournable Dodescaden de Kurosawa, Platel accroche l’humanité collective dans un monde oublié. Dans cet univers apocalyptique très coloré , l’actrice Elsie de Brauw déploie une énergie salvatrice. Ses propos dont le ton oscille entre douleur et révolte confinent à la misanthropie. La bande sonore, remarquable, restitue le dialogue qu’elle tient avec elle-même tandis que les danseurs sont les cohabitants de ce monologue.

A l’écart de la société, les plus démunis préservent un rapport au corps, aux désirs, à la vie, et au langage, axe central de l’oeuvre de Platel. Tauberbach nous plonge dans la violence du réel avec des nappes musicales (beaucoup de Bach, un peu de Mozart) apaisantes, même si elles ne sont pas exemptes de violence.

Evocant la pièce, le dramaturge Hildegard de Vuyst, rappelle que la vie scolaire de Bach s’est déroulée dans une atmosphère de harcèlement, de sadisme et de sodomie. L’individualisme cruel règne partout comme l’indique ce sublime ajustement spatial, où les onomatopées nous transportent de la décharge à une salle des marchés.

Avec Tauberbach, Platel pose l’affirmation de soi face à sa propre perte comme célébration de la vie.

JMDH

Source :  La Marseillaise 05/11/2015

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Zat dans la tournante

Bain de nuit lors de la ZAT 9 quartier Grisette

Politique culturelle. Pour sa dixième édition la Zone artistique temporaire investit le quartier Figuerolles à Montpellier.

La 10e Zat (zone artistique temporaire) se tiendra dans le quartier Figuerolles les 9 et 10 avril 2016. Après l’édition des Grisettes l’évènement qui égraine tous les quartiers de la ville sur le chapelet des lignes de trams revient dans un quartier populaire et historique de Montpellier, ce qui s’avère souvent plus porteur en termes artistique et culturel que les quartiers en friche.

Suite au départ de l’initiateur Pascal Le Brun Cordier, la 9e édition dite de transition, avait été confiée au directeur de Montpellier Danse Jean-Paul Montanari qui n’a pas souhaité être reconduit. Même s’ils sont motivés par des raisons différentes, le fait que ces personnalités, toutes deux attachées à la liberté artistique, déclinent la responsabilité d’un évènement de deux jours doté d’un budget de 500 000 euros peut poser question. La solution apportée par le maire est simple. Désormais, « la direction artistique des Zat est tournante ».

C’est le Marseillais Pierre Sauvageot qui sort vainqueur de l’appel d’offres pour prendre en main cette 10e édition. Une personnalité reconnue nommée à la direction de Lieux publics en 2001, il a imprimé une signature singulière aux projets du centre national de création pour les arts de la ville.

Sans rien dévoiler de la programmation qui passera par les fourches caudines du service culturel de la ville, le spécialiste de l’espace public entend faire de la rue du Faubourg Figuerolles la colonne vertébrale de la manifestation. Après la danse, mise à l’honneur dans le quartier des Grisettes, se sera autour de la musique que se tiendront les festivités.

La partition définie par Philippe Saurel répond à trois priorités : une Zat dans tous les quartiers, entre 30 et 50% d’acteurs artistiques locaux ou régionaux et une grande place laissée aux acteurs du quartiers. Rompez les rangs sortez les guirlandes !

JMDH

Corps, déviance, décharge

leballetlargeDanse contemporaine. tauberbach d’Alain Platel ce soir et demain à Montpellier  Opéra Comédie.

Spectacle accueilli avec l’Opéra de Montpellier L-R et Humain trop humain CDN tauberbach s’inspire de la vie d’une femme schizophrène qui vit et travaille dans une décharge sauvage des bidonvilles de Rio qu’Alain Platel a découverte dans le documentaire Estamira de Marcos Prado.

À partir de ce personnage réel, il crée une œuvre splendide et déconcertante où il se confronte à deux de ses univers de prédilection, la musique de Bach et le monde des sourds. La gêne, le malaise mais aussi la dérision dans lesquels les interprètes plongent le spectateur créent un état singulier de perception qui repousse les limites étroites de ce qu’on appelle normalité. “La beauté qui m’attire est celle qui se niche dans des lieux qui ne cherchent pas à séduire mais qui sont des lieux de vie”, explique Alain Platel. “La marche du monde me rend profondément triste, mais j’adore la vie. Il y a comme une contradiction : ce constat pessimiste me pousse à travailler dans la joie”.

En continuant à explorer son langage de mouvement connu comme “la danse bâtarde”, Alain Platel livre une danse rituelle où la violence est à la fois jouée et vraie, telle une initiation au défoulement, un acte de transgression et de libération.

Il puise sans relâche à la source de la difformité, de la cacophonie et de la déviance, pour rendre invisibles les frontières que nous érigeons entre le beau et le laid, entre l’harmonieux et l’intolérable.

Resa :  0 800 600 740

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