Bras-de-fer en Egypte avant les élections

Place Tharir 25/11/11. Photo Amr Abdallah Reuter.

Les forces politiques égyptiennes et le pouvoir militaire étaient engagés dimanche dans un bras-de-fer autour des pouvoirs du futur gouvernement, avant l’ouverture des bureaux de vote lundi pour les premières législatives de l’après-Moubarak.

40 millions d’électeurs sur 82 millions d’Egyptiens sont appelés à élire 498 membres de l’Assemblée du peuple (chambre des députés) sur plusieurs étapes, jusqu’au 10 janvier. Dix autres seront nommés par le maréchal Tantaoui. Sept ONG étrangères, dont le Centre Carter, ont reçu leur accréditation pour surveiller ces législatives, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

La partie se joue entre le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui tient les rênes du pays, l’influent mouvement des Frères musulmans qui estime avoir le vent en poupe, et l’opposant Mohamed ElBaradei, qui se prévaut du soutien des manifestants de la place Tahrir hostiles aux militaires.

Le gouvernement, nommé par l’armée depuis la chute en février de Hosni Moubarak, a été jusqu’à présent cantonné à la gestion des affaires courantes, un schéma mis à l’epreuve par la démission récente du Premier ministre Essam Charaf et la perspective d’avoir un Parlement élu, le précédent ayant été dissout.

Dans un climat mêlant rapports de force, tractations en coulisses, ballons d’essai et pression de la rue, l’armée a indiqué qu’elle continuait d’appuyer l’homme qu’elle a choisi pour former le nouveau gouvernement, Kamal el-Ganzouri.

Le chef du CSFA, le maréchal Hussein Tantaoui, a demandé à Mohamed ElBaradei et à une autre figure de la classe politique laïque, Amr Moussa, deux hommes aux ambitions présidentielles, de soutenir ce politicien sans éclat âgé de 78 ans.

Principal obstacle: Kamal el-Ganzouri, ancien chef de gouvernement à la fin des années 90 sous Hosni Moubarak, est rejeté avec vigueur par les milliers de manifestants qui occupent depuis plus d’une semaine la place Tahrir au Caire.

Mohamed ElBaradei, de son côté, s’est dit prêt samedi soir, après avoir été reçu par le maréchal Tantaoui, à renoncer à ses ambitions présidentielles pour diriger un gouvernement de salut national.

Cela, « à condition que le gouvernement soit doté de toutes les prérogatives pour gérer la période de transition, rétablir la sécurité, relancer l’économie et réaliser les objectifs de la révolution égyptienne », selon un communiqué du bureau de campagne de l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la Paix 2005.

La proposition de Mohamed ElBaradei est « un moyen indirect de rejeter » le gouvernement de M. Ganzouri et toute forme de coopération avec lui, estime le politologue Hassan Nafaa.

Selon Hossam Eissa, un homme politique proche des manifestants, l’idée d’un gouvernement de salut national « est une proposition de Tahrir, que M. ElBaradei a acceptée ».

Dimanche, les Frères musulmans sont entrés dans la danse en se projetant dans un contexte post-électoral qu’ils jugent favorable à leur mouvement, politiquement le mieux structuré du pays.

« Le futur Parlement est supposé représenter le peuple (…) Le Conseil militaire doit charger le parti qui remporte la majorité des voix de former le prochain gouvernement », a affirmé leur porte-parole Mahmoud Ghozlane.

Présidentielle avant juin

Les Frères récusent ainsi les positions d’un haut responsable du CSFA, le général Mamdouh Chahine, qui avait déclaré samedi que, quel que soit le résultat des urnes, « le futur parlement n’aura aucune autorité sur le gouvernement ». « Si le gouvernement n’est pas représentatif du Parlement, l’Assemblée bloquera toute décision (du cabinet) », a répliqué Mahmoud  Ghozlane.

Pour Hassan Nafaa, la position des Frères musulmans signifie toutefois qu’il n’y aurait pas en Egypte de gouvernement doté de véritables pouvoirs avant la fin des élections, prévues jusqu’à la mi-janvier pour l’Assemblée du peuple (chambre des députés) et mars pour la Choura (Sénat consultatif). Une telle attente « ne serait pas acceptable pour les jeunes à Tahrir. La crise se poursuivrait donc », assure-t-il.

L’armée égyptienne a promis de rendre le pouvoir à une autorité civile après une élection présidentielle qui doit se tenir avant la fin juin 2012.

AFP

Voir aussi : Rubrique Egypte, Moubarak quitte le pouvoir, rubrique MéditerranéeTunisie, les éditocrates repartent en guerre, rubrique Etas-Unis, Obama dévoile un plan économique pour aider les pays arabes à se « démocratiser »,

On Line : Le blog de Bruno Ripoche Comprendre les élections,

Egypte : le gouvernement démissionne, les manifestants rempilent

L'Egypte reprend feu (hier place Tahrir photo Reuter)

Une manifestation, qui s’annonce massive, est prévue cette après-midi place Tahrir pour réclamer la fin du pouvoir militaire. Le dernier bilan fait état de 26 morts.

Le gouvernement égyptien a annoncé sa démission au troisième jour d’affrontements meurtriers opposant forces de l’ordre et manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire en Egypte. Il a présenté sa démission au Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis le départ du président Moubarak en février «au vu des circonstances difficiles que traverse actuellement le pays», a annoncé son porte-parole Mohamed Hijazi.

Cette démission intervient à une semaine des premières élections législatives depuis le départ de Moubarak, chassé du pouvoir par une révolte populaire le 11 février, alors que les heurts font craindre que le scrutin, prévu sur plusieurs mois, soit émaillé de violences.

Selon le ministère de la Santé, 24 personnes – 23 au Caire, une à Alexandrie (nord) – ont été tuées et 1.900 blessées depuis samedi, notamment sur la place Tahrir au Caire, épicentre du soulèvement populaire du début de l’année. Mais dans la nuit de lundi à mardi, deux autres personnes ont été tuées à Ismaïliya, portant à 26 le bilan des décès.

Le CSFA a appelé lundi soir les forces politiques à une réunion d’urgence «pour examiner les causes qui ont aggravé la crise actuelle et les moyens d’en sortir le plus rapidement possible». Le Conseil suprême a en outre annoncé avoir chargé le ministère de la Justice de mettre en place un comité chargé de faire la lumière sur les violences. Le ministère de l’Intérieur a accusé dans un communiqué les manifestants d’avoir lancé des cocktails molotov et tiré avec des fusils de chasse sur les forces de l’ordre, en blessant 112. Le communiqué fait état de «116 émeutiers arrêtés au Caire, 46 à Alexandrie et 29 à Suez».

La colère vise le conseil militaire accusé de vouloir se maintenir au pouvoir, de ne pas tenir ses promesses de réformes et de poursuivre la politique de répression de l’ère Moubarak. Selon Amnesty international, le CSFA «a étouffé la révolution» et certaines violations des droits de l’Homme commises depuis qu’il est au pouvoir sont pires que sous le régime Moubarak.

Dans la nuit de lundi à mardi, de violents affrontements se poursuivaient dans des rues adjacentes à Tahrir menant au ministère de l’Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeutes. La télévision publique a continué de retransmettre ces scènes en direct, comme elle le fait depuis le début des affrontements. Sur la place Tahrir, lundi, les dizaines de milliers de manifestants scandaient «Le peuple veut la chute du maréchal» Hussein Tantaoui, à la tête du conseil militaire et dirigeant de facto de l’Egypte. Ailleurs dans le pays, police et manifestants s’opposaient à Alexandrie et Qena (centre), Ismaïliya et Suez, sur la mer Rouge, et el-Arich dans le Sinaï.

Des mouvements égyptiens, dont la Coalition des jeunes de la révolution et le mouvement du 6 avril, ont appelé à une manifestation massive mardi à 16 heures (15 heures en France) sur Tahrir pour réclamer la fin du pouvoir militaire et la formation d’un «gouvernement de salut national». Et des dizaines de diplomates égyptiens ont appelé à «la fin immédiate des attaques contre les manifestants pacifiques». Les Frères musulmans d’Egypte, la force politique la mieux organisée du pays, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à cette manifestation. Le Parti de la liberté et la justice, issu des Frères musulmans, a annoncé que cette décision émanait du « souci de ne pas entraîner le peuple vers de nouveaux affrontements sanglants avec des parties qui cherchent davantage de tensions », selon un communiqué posté lundi soir sur son site internet.

L’armée s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils après une élection présidentielle qui doit suivre les législatives mais dont la date n’est toujours pas connue. L’armée a dit «regretter» les violences, tout en réaffirmant s’en tenir au calendrier électoral établi.

AFP 22/11/11

 

Egypte : Il est temps que justice soit rendue

Au nom de l’état d’urgence, en vigueur sans interruption depuis 30 ans en Égypte, les autorités peuvent arrêter toute personne simplement soupçonnée de menacer l’ordre public et la sécurité, et la placer en détention administrative sans qu’elle ne soit inculpée ni jugée, ni ne dispose d’un recours utile. Dans la pratique, la période de détention peut être aussi longue que le souhaitent les autorités. Des dizaines de milliers de personnes ont été victimes de cette injustice. Certaines ont été privées de liberté pendant des années malgré plusieurs décisions de justice ordonnant leur libération. Un grand nombre d’entre elles ont été torturées ou maltraitées.

La législation d’exception a entraîné la banalisation des violences policières, des disparitions forcées, des procès iniques et de la répression systématique de la liberté d’expression et de l’opposition politique, entre autres violations graves des droits humains.

Ce rapport, publié au lendemain du soulèvement qui a renversé le président Hosni Moubarak, décrit ces pratiques bien établies d’atteintes aux droits humains et présente les cas individuels de nombreuses victimes. Une fois encore, Amnesty International demande aux autorités de lever l’état d’urgence, d’abroger la législation d’exception et de mettre fin au système de détention administrative, dont les effets sont néfastes. L’organisation exhorte également les autorités de transition à profiter de ce moment exceptionnel de l’histoire égyptienne pour créer un État fondé sur le respect des droits humains et sur un système judiciaire remplissant enfin son rôle.

Le rapport complet  sur le site d’Amnesty

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Egypte : «Des crispations interreligieuses exacerbées»

Sophie PommierSophie Pommier, chargée de cours à Sciences-Po à Paris, a longtemps travaillé au ministère des Affaires étrangères. Elle dirige le cabinet de consultants sur le monde arabe, Méroé. Spécialiste de l’Egypte, elle a consacré à ce pays de nombreuses publications dont Egypte, l’envers du décor, aux éditions La Découverte. Elle analyse les causes des affrontements.

Pourquoi ces affrontements ?


On ne peut pas nier qu’il y ait une dimension religieuse mais, même si les tensions sont exacerbées, il ne faut pas tout réduire à cela. Les problèmes sont nombreux et la question copte n’est qu’une de ces difficultés même si elle joue le rôle de caisse de résonance. Les crispations interreligieuses existent mais elles sont avivées par un contexte politique trouble et une crise économique et sociale.

La situation des coptes s’est-elle aggravée depuis la révolution ?

Ce n’est pas directement lié à la révolution, il y a un contexte plus profond. Cela fait déjà plusieurs années que la situation de cette minorité chrétienne s’est dégradée sous l’effet d’une réislamisation et même d’une salafisation de la société égyptienne. Lors des législatives de 2010, seuls trois coptes ont été élus. Cela a été vécu comme une véritable claque au sein de la communauté. Les tensions religieuses ne sont pas nouvelles. Le point de départ est presque toujours une affaire sentimentale entre personnes de religion différente ou à propos de travaux d’extensions d’église, souvent juridiquement complexes à réaliser pour les chrétiens. Après la révolution, les militaires avaient assuré aux coptes que la loi relative à la construction des lieux de culte serait amendée. Ça n’a pas été le cas et, de ce point de vue, la révolution n’a pas tenu ses promesses. Les coptes reprochent aux autorités – et c’était déjà le cas à l’époque de Moubarak – de ne pas suffisamment les protéger. On peut observer, en parallèle, l’apparition d’une nouvelle génération plus revendicative et même d’une frange extrémiste chez les coptes. Cela tranche avec l’attitude plutôt passive et très légaliste qui a été celle d’une majorité de la communauté pendant longtemps.

Ces violences marquent-elles un coup d’arrêt dans la transition démocratique ?


Les affrontements font suite à une série d’événements qui ont déjà fragilisé le processus démocratique. Après l’assaut de l’ambassade d’Israël, l’armée avait élargi l’état d’urgence. Là, le couvre-feu a été décrété et certains médias inquiétés. A chaque fois, l’armée grignote un peu plus de pouvoir.

Comment interpréter l’attitude de l’armée ?


Elle a un rôle très ambigu, car elle a été portée par la révolution alors qu’elle était très liée au pouvoir. Elle a deux objectifs : conserver ses prébendes et éviter un clash avec Israël. Les militaires se trouvent dans une impasse d’autant que la situation est également tendue aux frontières avec la Libye ou dans le Sinaï.

Les législatives du 28 novembre seront-elles maintenues ?


C’est difficile à dire. Si les élections sont repoussées, les islamistes vont descendre dans la rue car, pour l’heure, malgré des divisions internes, ils sont la force politique structurée et ce calendrier leur convient bien.

Ces affrontements interreligieux sont-ils du même ordre qu’ailleurs dans la région ?

Oui, mais là encore il ne faut pas s’arrêter aux tensions entre chrétiens et musulmans. Il suffit de voir ce qui se passe en Irak entre chiites et sunnites. Les clivages communautaires se ravivent dans la région, et les crises et les enjeux des recompositions politiques réveillent les lignes de fracture et les réflexes identitaires.

 Recueilli  par Marwan Chahine (Libération)

Monde Arabe : Revue de presse septembre 2011

Les Palestiniens veulent entrer à l’ONU

Les Palestiniens veulent entrer à l'ONU

 

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a confirmé lundi lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon l’intention de demander ce vendredi l’adhésion pleine et entière d’un Etat palestinien au Conseil de sécurité de l’ONU. Pour la presse, c’est une confrontation qui retarde d’une part le processus de paix au Proche-Orient, et qui d’autre part n’apportera rien aux Palestiniens en raison de l’attitude antidémocratique des Etats-Unis.

Libération

Espoir

La proposition de Mahmoud Abbas de passer par l’ONU pour obtenir la création d’un Etat palestinien est légitime : ce coup de poker politique remet chacun au pied du mur et redonne aux parties d’étroites, mais nouvelles, marges d’action. La position de la France, prenant la balle au bond, est habile : elle cherche à donner une forme diplomatique à l’initiative palestinienne, à proposer un calendrier et une méthode. Quitte à rogner sur la puissance du symbole : si Etat palestinien il y a, il prendra d’abord la forme juridique… du Vatican. Qu’adviendra-t-il réellement de cette agitation onusienne ? Il faut la prendre au sérieux, même si le simple mot «paix», tant de fois brandi et rangé en catastrophe, est presque devenu obscène. Même si les placards internationaux regorgent de plans pour la région, restés lettre morte. Même si les paramètres pour sortir du conflit ont été ressassés par des générations de négociateurs, qui ont échoué. Même si le contexte politique est désespérant, avec la droite dure, voire extrême, au pouvoir en Israël ; et les Palestiniens divisés entre Fatah en Cisjordanie et Hamas à Gaza. Seule nouveauté : le printemps arabe que la France, l’Union européenne et les Etats-Unis ont fini par pleinement soutenir, tout en maintenant leur attachement indéfectible à Israël. Si ce bouleversement géopolitique et diplomatique permettait de considérer le conflit israélo-palestinien d’un œil neuf, une partie du chemin serait faite. L’espoir est mince, mais il existe.

Nicolas Demorand

 

Rue89

Israël-Palestine : pourquoi il n’y aura pas de troisième intifada

On ne peut jurer de rien en Palestine : la violence reste toujours une éventualité, à Gaza comme en Cisjordanie. Un camp de réfugié peut toujours s’enflammer. Hébron et Jérusalem-est restent d’éternelles zones de tensions, tant les Palestiniens y sont sous pression et tant leur statut y est bâtard.

Quelle que soit son issue, la grande bataille en cours à l’ONU aura des conséquences en Cisjordanie – mais tout porte à croire aujourd’hui qu’elle ne soulèvera ni ne bouleversera les Palestiniens.

Pierre Evenos lire l’ article

 

Público – Espagne

L’attitude antidémocratique des Etats-Unis

La décision portant sur la demande palestinienne d’une adhésion pleine et entière de la Palestine est malheureusement antidémocratique, déplore le quotidien de gauche Público, qui s’irrite surtout du rôle des Etats-Unis : « La Palestine prévoit de frapper à la porte des Nations unies cette semaine. Malheureusement, cette organisation se réserve le droit de choisir qui elle veut bien laisser entrer. En outre, une poignée de pays décident de l’acceptation de nouveaux membres en utilisant ou non leur droit de veto. Ce club a des règles strictes et sanctionne souvent ceux qui les enfreignent. Nous savons pourtant que l’un de ses membres viole constamment ces règles sans pour autant être condamné. Et voilà maintenant que ce membre désobéissant va tenter de convaincre les autres de ne pas ouvrir la porte aux Palestiniens. » (20.09.2011)

 

Les Egyptiens se rassemblent sur la place Tahrir contre le retour de la loi sur l’Etat d’urgence (Egyptians rally in Tahrir Square against return of emergency laws), The Guardian, 16/9/2011

Suite aux manifestations devant l’ambassade israélienne vendredi passé, le Conseil Suprême des Forces armées a décidé de réactiver la loi d’Etat d’urgence abolie suite à la chute du régime de Moubarak. Les Egyptiens se sont rassemblés sur la place Tahrir ce vendredi pour protester contre cette mesure. Amnesty International  met en garde contre le plus gros danger depuis la fin du régime de Moubarak pour la population égyptienne.

En creusant, l’essence de la politique étrangère de Netanyahou (Digging in, the essence of Netanyahu’s foreign policy), Haaretz online (english), 16/9/2011

A quelques jours de l’introduction d’une demande de reconnaissance de l’Etat palestinien par l’OLP à l’ONU, Benn Aluf fait le point sur la politique étrangère de Netanyahou. Selon lui, Israël connait aujourd’hui sa plus mauvaise posture sur la scène internationale et cela à cause d’une série d’erreurs commises par le gouvernement israélien actuel, que ce soit le manque d’alternatives proposées par Netanyahou et son équipe face à l’initiative palestinienne aux Nations-Unies, mais aussi par sa politique étrangère de plus en plus renfermée sur elle-même.

–          Tunisie : du référendum à la « déclaration du processus transitoire », Jeune Afrique, 15/9/2011

A cinq semaines des élections de la Constituante, certains partis se sont rassemblés autour de l’exigence de certaines garanties contre d’éventuels abus de pouvoir de la future assemblée élue. Ils souhaitent donc le maintien du gouvernement actuel au pouvoir avant que de réelles législatives et présidentielles ne soient organisées. Intitulé « déclaration du processus transitoire », ce document ne fait pourtant pas l’unanimité. Certains proposent donc d’organiser un référendum sur la question. Selon eux, il n’est pas sain de laisser des instances appartenant à un système révolu au pouvoir.

Attention: La Syrie est nettement plus forte que la Lybie (Warning: Syria is much stronger than Libya), Global Public Square CNN, 7/9/2011

Le modèle de la révolution en Libye pourrait inspirer les opposants au régime du président Assad en Syrie. Mais les NU pourraient être plus réticentes à sanctionner ce pays étant donné qu’il a des soutiens très puissants, que le pays se trouve au milieu du monde arabe et que la Syrie serait beaucoup plus dure à vaincre.

Égypte : des lendemains de révolution qui déchantent –  Jeune Afrique, 31/8/2011

6 mois après avoir chassé le président au pouvoir les gens ont de nouvelles raisons d’être malheureux. De nouvelles plaintes ont été proférées envers le régime concernant les victimes de la répression, des salaires minimum et maximum et les actions et les plans futurs des partis au pouvoir. La loi sur le vote, rendu publique le 20 Juillet, a entre-temps été rejetée à l’unanimité par toutes les partis.


Voir aussi : Rubrique Méditerranée, Palestine, rubrique Revue de presse,

Visa pour l’Image : Le plus grand magazine du monde

Guatemala : Une Paix bien plus violente que la guerre. Rodrigo ABD, Associated Press

Festival. Visa pour l’Image est aujourd’hui le lieu de rassemblement majeur des acteurs internationaux de la presse et du photojournalisme. Quelques raisons de ce succès.

Après La gare de Dali, Visa pour l’Image fait de Perpignan le centre du monde à la différence,  que depuis 23 ans, on est passé en mode réaliste. Pendant deux semaines jusqu’au 11 septembre, le festival revient sur « l’actu » de l’année. Les visiteurs* se succèdent continuellement pour découvrir les 28 expositions gratuites de la manifestation. Nombre de regards traduisent un intérêt acéré. Au-delà de l’esthétisme qui demeure au rendez-vous, ils décryptent l’écriture photographique comme une expérience signifiante qui s’offre à leurs yeux.

C’est peu dire que cette forme d’expression n’a rien de commun avec la télévision et les autres médias tant la puissance des reportages sélectionnés emporte. La vision d’actualité du photojournalisme défendue par le fondateur du festival, Jean-François Leroy, refuse la course médiatique pour rester en phase avec ce qui se passe. Une qualité d’exigence rare qui se heurte aux pratiques d’aujourd’hui. Celles qui bradent les valeurs professionnelles, comme la rigueur, l’engagement pour un sujet, et la crédibilité de l’information sous couvert de l’évolution technologique. Comme si rapidité et rentabilité rimaient avec authenticité. Ce sujet  reste au cœur du débat des rencontres professionnelles.

Kesennuma : The man with a dog 22 mars 2011, Issey Kato Reuter

A travers plusieurs séquences, le festival revient sur les événements qui ont mobilisé les grands médias, comme la manifestation sismique au Japon ou la vague du printemps arabe, mais il ouvre surtout sur le hors champ. Des reportages comme celui de Valerio Bispuri qui a sillonné pendant dix ans les prisons d’Amérique Latine, ou de d’Alvaro Ybarra Zavala sur la guerre civile en Colombie témoignent de l’engagement de ce métier. La moisson mondiale des crises écologiques, économiques, démocratiques, et sociales de l’année écoulée a le goût du sang et de l’abandon. Elle suscite aussi de l’espoir à travers la nécessité absolue qui s’impose pour trouver des limites.

* 190 000 visiteurs en  2010

Lima, Pérou, décembre 2006. Détenus dansant dans la cour de la prison. Valéro Bispuri.

A Perpignan le versant Occident n’est pas épargné

A Perpignan l’hémisphère Sud apparaît en première ligne mais  Visa pour l’Image ne fait pas l’impasse sur les dérives sociétales de l’Occident. Shaul Schwarz signe un symptomatique reportage sur la culture narco qui se propage au sein de la communauté latino américaine aux Etats-Unis. Les film narco et les clubs narcocorridos y font fureur sur la côte Ouest, comme les chansons composées à la gloire des trafiquants. « C’est l’expression d’un mode de vie qui s’oppose à la société », explique le photographe américain.

Construction de tombes monumentales au cimetière Jardine del Humaya, Mexique juillet 2009.

 

Une mode  en forme de bras d’honneur à la mort et à la guerre de la drogue qui emporte 35 000 vies par an. Le reportage donne un nouveau visage à la drogue comme instrument de contrôle social. Les images pimpantes du luxe narco sont à rapprocher de celles tout aussi réelles qu’a ramenées Alvaro Ybarra Zavala de Colombie.

Tumaco, Colombie,  2009. La police interroge les occupants d’un bar. Alvaro Ybarra Zavala / Getty Images

 

Avec son travail sur les classes sociales défavorisées en Israël, Pierre Terdjman lutte également contre les idées reçues en touchant du doigt une réalité oubliée. A Lod, dans la banlieue de Tel Aviv, on ne lutte pas contre les « terroristes » mais pour survivre, manger, se soigner, où se payer sa dose dans l’indifférence totale de L’Etat.

Made in England

L’édition 2011 propose aussi deux reportages Made in England, dont l’un des mérites est de faire un peu baisser la tension. Avec « Angleterre version non censurée », Peter Dench porte un regard sans complaisance sur le monde ordinaire de ses compatriotes. « Accoutrements grotesques, mal bouffe et manque de savoir vivre : beaucoup d’Anglais s’obstinent à se rendre ridicules » observe le photographe. Il démontre ses dires à travers un voyage convivial et humoristique où l’alcool, mais peut-être pas seulement, semble tenir un rôle prépondérant.

Jocelyn Bain Hogg s’est lui replongé dans le milieu pour suivre la vie intime des mafieux britanniques. Ce photographe très british a commencé son travail sur la pègre en 2001 avec un reportage intitulé  « The Firm ». Sept ans plus tard il y retourne en axant son sujet sur la famille. « Ce choix m’a permis d’être validé, confit-il, car depuis mes premières visites une bonne part de mes anciens contacts avaient passé l’arme à gauche. » « The Family » débute par une série de portraits tout droit sortis d’un film de Scorsese. Quand on lui demande s’il n’a pas forcé un peu le trait pour que la réalité rejoigne le mythe, Jocelyn Bain Hogg trouve la réponse qui tue : « Ils ont des têtes de gangsters parce qu’ils sont gangsters. On peut penser au cinéma, mais qui était là les premiers: les films ou les gangsters ? »

Ici, on n’est pas dans un film, mais à l’enterrement du père de Teddy Bambam. Jocelyn Bain Hogg VII Network

Le parcours en noir et blanc nous entraîne dans les salles de combats de boxe clandestins que la famille utilise comme autant de business center pour parler affaires, drogue et prostitution… Les expressions de la famille Pyle expriment un mélange de machisme et de violence teinté de culpabilité. On suit Joe, Mitch, Mick, qui font faire leur première communion à leur fils Cassis et Sonny : « Malgré leurs mauvais côtés, ceux sont des êtres humains qui aiment et sont croyants », commente Jocelyn Bain Hogg qui brosse le portrait d’un milieu en perdition détrôné par les mafias de l’Est qui règnent désormais en Angleterre.

Jean-Marie Dinh (La Marseillaise)

Voir aussi : Rubrique Photo, rubrique Médias, rubrique Festival, Visa pour l’Image Cédric Gerbehaye: un regard engagé,