L’UE critique l’expulsion des Roms

expulsion-rom

La Commission européenne a exprimé dans un document interne, des doutes concernant la légalité de la décision prise par la France de reconduire à la frontière des Roms originaires de Bulgarie et de Roumanie. Les commentateurs font l’éloge de la critique de Bruxelles à l’égard de l’initiative française mais regrettent que la réaction de l’UE soit trop hésitante.

Frankfurter Rundschau – Allemagne

Le comportement indigne de l’UE

L’UE réagit avec beaucoup trop d’hésitation aux expulsions de Roms par la France, écrit le quotidien de centre-gauche Frankfurter Rundschau : « La Commission de l’UE à Bruxelles a la réputation douteuse d’éviter régulièrement d’entrer en conflit avec les Etats membres. C’est particulièrement vrai lorsque les Etats sont grands et puissants. Pourtant cette autorité pourrait se positionner avec assurance contre ces gouvernements. Si seulement elle osait le faire. Mais elle n’ose pas, comme les expulsions massives de Roms hors de France le montrent. Le comportement de la Commission est indigne. Elle nourrit de grandes réserves à l’encontre de l’initiative du gouvernement français de Nicolas Sarkozy mais elle ne les exprime pas de manière offensive. Et Barroso, le chef de la commission, se tait. » (03.09.2010)

Le Jeudi – Luxembourg

La France salit les droits humains

La politique française à l’égard des Roms est intolérante et rappelle des temps révolus, critique l’hebdomadaire Le Jeudi : « En quelques mois, pour des raisons bassement politiques, les dirigeants actuels de notre voisin, la France, ont fait de leur pays une tache de honte sur la carte universelle des droits humains. A tel point que même le pape s’en est ému. … Pour remettre à flot un président qui, si les Français votaient aujourd’hui, serait largement battu par tous les ténors de l’opposition socialiste, les conseillers de l’Elysée n’ont trouvé d’autre parade que d’aller brouter intensément sur les terres de l’intolérance. Et de brandir deux menaces dignes de ces temps où appartenir à un peuple était suffisant pour être envoyé dans un camp de la mort : la stigmatisation d’un peuple, en l’occurrence des Roms, et la déchéance de la nationalité française. » (02.09.2010)

Dagens Nyheter – Suède

La Suède doit balayer devant sa propre porte

La ministre suédoise déléguée aux Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, a vivement critiqué la politique française d’expulsion des Roms. Pourtant, l’indignation suscitée par la France peut paraît bien hypocrite car les Suédois sont encore bien plus durs à l’encontre des Roms, estime le quotidien suédois de centre gauche Dagens Nyheter : « Dans sa critique de la politique français, Ohlsson a usé de grands mots. C’est justifié, mais la police française n’expulse même pas les Roms pendant les trois premiers mois. … [Il est] important que la Commission européenne ait commencé à réagir et que les commissaires Cecilia Malmström et Viviane Reding interrogent Paris sur ce qui se passe dans ce pays. Les expulsions de masse en France sont extrêmement regrettables, de même que la politique ignoble menée par la Bulgarie et la Roumanie contre les Roms de leur pays. Toutefois, pour être crédible dans ses critiques, la Suède doit d’abord balayer devant la porte du Rosenbad [siège du gouvernement]. » (03.09.2010)

La Bulgarie courbe l’échine devant la mafia

Boris Zankov, un ancien journaliste radiophonique bulgare et auteur d’investigation sur la mafia a été abattu mardi en pleine rue dans le centre de Sofia. Dans son blog, Ivo Indjev s’énerve de l’affirmation du ministèreliberte_press_notepad de l’Intérieur selon laquelle il obtiendrait des résultats dans la lutte contre le crimine organisé et soupçonne même l’Etat de protéger cette dernière : « Dans ce contexte, la déclaration du ministre de l’Intérieur [Zvetan] Zvetanov à la radio nationale bulgare, quelques heures avant la fusillade, selon laquelle la descente de police contre ‘les insolents’ [surnom donné à un groupe de ravisseurs connus] aurait permis de porter un coup au crime organisé, est vraiment embarrassante. Il s’est avéré que ‘les insolents’ sont irrespectueux. Au contraire : ce sont nous, contribuables, électeurs, qui les respectons. … Il n’y a pas de pires criminels que ceux qui bénéficient de la protection de l’Etat. »