Quand le chercheur cultive la pensée unique

Frédéric Martel. Photo DR

Essai. Frédéric Martel entreprend une enquête fouillée sur la culture de masse à travers le monde.

Dans Mainstream, Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, le chercheur et journaliste Frédéric Martel, a mené une enquête sur la culture grand public dans trente pays. L’auteur analyse le jeu des acteurs, les logiques des groupes et suit la circulation des contenus sur cinq continents.

Un ouvrage riche en information pour aborder le fonctionnement et les enjeux de la culture de masse à travers le monde. Dans ce nouveau schéma du capitalisme culturel, les médias, Internet et la culture sont étroitement mêlés. On apprend beaucoup sur le modèle de production de contenu qui reste l’apanage des Etats-Unis. Avec 50% des exportations mondiales de contenu de bien ou de service culturel et d’information, le géant américain domine le secteur sans avoir vraiment de concurrence. Mais tout en usant de barrières protectionnistes efficaces sur leur marché intérieur, les Chinois se sont mis aux travail et leur fusée culturelle décolle. L’Inde, l’Indonésie, L’Arabie Saoudite sont dans la course. On assiste aussi à une montée significative des pays émergents comme le Brésil qui mise sur Internet et le potentiel de la jeunesse de sa population. L’Europe apparaît bien fragile. L’auteur évoque une juxtaposition de cultures nationales fécondes qui peinent à s’exporter.

Frédéric Martel s’oppose  à la lecture néo-marxiste qui considère que l’important pour analyser l’industrie créative est de savoir qui détient le capital et qui est le propriétaire des moyens de production avec le présupposé que celui qui les possède les contrôle. La nature de ses recherches démontre  que l’articulation entre créateurs, intermédiaires, producteurs et diffuseurs s’inscrit désormais dans une organisation interdépendante plus complexe. Reste que la nouvelle grille de lecture prônée par l’auteur ne propose rien d’autre qu’une adaptation à la financiarisation de l’économie. L’ensemble du livre repose sur une structure qui répond à « une guerre mondiale des contenus », une forme de pendant à la vision géopolitique du Choc des civilisations. On garde espoir qu’il existe d’autre manière de concevoir la modernité que sous l’angle de l’uniformisation culturelle.

Jean-Marie Dinh

Mainstream, éditions Flammarion, 455p, 22,5 euros

Invité des rencontres Sauramps, Frédéric Martel a présenté son dernier livre à l’Université Montpellier 3.

Voir aussi : Rubrique politique culturelle, Crise et budgets culturels, l’effet domino, Garder des forces pour aller à l’efficace, Régionales : visions croisées sur l’enjeu de la culture , le modèle français,

Scandale politico-financier en Indonésie: le président en difficulté

susilo-bambang-yudhoyonoLe président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a été désavoué mercredi par le parlement qui a approuvé des poursuites judiciaires contre son vice-président et sa ministre des Finances, mis en cause dans le sauvetage controversé d’une banque locale. Après des mois de débats, une majorité de 325 députés, dont ceux de deux partis de la coalition gouvernementale, ont voté mercredi soir pour qu’une enquête judiciaire soit diligentée contre le vice-président Boediono et la ministre des Finances Sri Mulyani Indrawati. Considérés comme les membres les plus réformistes du gouvernement, ils sont mis en cause pour abus de pouvoir et irrégularités dans l’affaire de Century Bank, une banque de taille modeste sauvée de la faillite fin 2008, en pleine crise financière mondiale, par l’intervention de l’Etat. Ce dernier y a injecté au total plus de 700 millions de dollars, soit dix fois plus qu’initialement prévu.

M. Yudhoyono a défendu l’action de M. Boediono, gouverneur de la banque centrale à l’époque, et de sa ministre en affirmant que le sauvetage était indispensable pour éviter un effet domino dans le secteur bancaire indonésien, qui aurait pu provoquer la panique des investisseurs. Pour de nombreux experts, l’affaire Century Bank a été orchestrée pour affaiblir les partisans des réformes et de la lutte anti-corruption, qui inquiètent les tenants de l’ordre établi dans l’un des pays les plus corrompus d’Asie. M. Yudhoyono pourrait être contraint de choisir entre sa coalition et les deux membres de son gouvernement, estime Pande Raja Silalahi, commentateur politique. « Cette coalition menace de se désintégrer quatre mois seulement après le début du second mandat présidentiel », note-t-il. Si les tensions actuelles débouchaient sur une crise politique, la réputation de l’Indonésie, considérée comme l’un des pays d’Asie les plus prometteurs aux yeux des investisseurs étrangers, en patirait.

AFP

Commentaire :  Susilo Bambang Yudhoyono est président de la République d’Indonésie depuis octobre 2004, et le premier à être élu au suffrage universel direct. Son vice-président est Muhammad Jusuf Kalla, du Golkar, parti de l’ancien président Soeharto. Yudhoyono est membre du Parti démocrate. Le 20 septembre 2004, Susilo Bambang Yudhoyono a obtenu 61 % des voix au deuxième tour face à la présidente sortante Megawati Soekarnoputri. Un mois plus tard, il a prêté serment devant le parlement à Jakarta et son mandat de cinq ans a officiellement débuté. Il a prononcé le texte suivant :

« Au nom de Dieu, je jure de remplir mes obligations de président de la République de l’Indonésie de manière aussi complète et juste que possible. […] Je respecterai à la lettre la Constitution, appliquerai les lois de la façon la plus honnête possible et me dédierai au pays et à la nation »…

Carrefour accusé d’abus de position dominante en Indonésie

Carrefour, le numéro deux mondial de la distribution, est l’objet en Indonésie d’une enquête de la Commission de la concurrence sur des soupçons d’abus de position dominante, des accusations que réfute l’enseigne française.
La direction de Carrefour Indonésie a été auditionnée  par la KPPU, la Commission de contrôle de la concurrence, « afin d’apporter des clarifications sur les soupçons d’abus de position dominante », a indiqué  Junaidi, porte-parole de la Commission.
Carrefour s’est fortement développé depuis 1998 dans le quatrième pays le plus peuplé au monde, où il contrôle quelque 70 magasins, dont 45 hypermarchés. Le groupe est ainsi devenu l’une des enseignes les plus connues dans un pays où les achats se font traditionnellement dans les marchés en plein air et les petites épiceries. Il a renforcé sa position de leader en acquérant en 2008 l’enseigne Alfa Retailindo, qui comptait 29 magasins, pour un prix de 49 millions d’euros.
Selon M. Junaidi, l’enseigne française contrôlerait désormais 66,7% du marché « en amont » (entre fournisseurs et distributeurs). Elle serait ainsi en « position dominante » et en profiterait pour faire pression sur les fournisseurs.
« Nous rejetons ces allégations. Nous n’avons pas de position dominante car notre part de marché est de 17% » dans le segment de la distribution moderne (en grandes surfaces), répond Irawan D. Kadarman, le porte-parole de Carrefour Indonésie, en citant des chiffres de l’institut AC Nielsen.
Il précise que la société avait obtenu en 2008 le feu vert des autorités boursières et ministérielles au rachat d’Alfa Retailindo.
L’ouverture de l’enquête survient dans un contexte de forte concurrence entre distributeurs en Indonésie, un marché au fort potentiel de développement. « Certaines personnes sont préoccupées par l’importance prise par Carrefour », indique une source du secteur citée par l’hebdomadaire Tempo.