4.000 postes pourraient être supprimés à Pôle Emploi pour cause de… « baisse du chômage »

Le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, a annoncé que 4.000 emplois pourraient disparaître lors d'une convention managériale. - WITT/SIPA

Le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, a annoncé que 4.000 emplois pourraient disparaître lors d’une convention managériale. – WITT/SIPA

D’après les informations du « Journal du dimanche », le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, a annoncé que 4.000 postes pourraient disparaître d’ici à trois ans au sein de l’établissement public. La baisse du chômage est évoquée pour justifier ces mesures drastiques. Pourtant, Pôle emploi va hériter de nouvelles missions.

Quand le bonheur des uns fait le malheur des autres. L’embellie sur le marché de l’emploi constatée depuis plusieurs mois pourrait faire perdre leur travail à plusieurs milliers de salariés de… Pôle emploi, l’établissement public chargé d’aider les chômeurs à trouver un job. Le Journal du dimanche révèle en effet que Jean Bassères, le directeur général de Pôle emploi, a confié lors d’une convention managériale il y a trois semaines que « 4.000 postes pourraient disparaître » d’ici à 3 ans, sur les 55.800 agents que compte l’établissement. Ceci alors que 5,6 millions de Français sont tout de même toujours inscrits à Pôle emploi.

La volonté de diminuer les ressources de Pôle emploi n’est pas nouvelle. Dans la loi de Finances 2018, la mission Travail a perdu 1,5 milliard d’euros de crédits, et la subvention accordée à Pôle emploi a baissé de 50 millions d’euros. A tel point, d’après le JDD, que « l’équilibre financier de la structure » est « en péril« . 4 milliards d’euros de coupes budgétaires devraient être atteints d’ici à 2022. Cette année, 297 équivalents temps plein et 1.380 contrats aidés ont été supprimés : une peccadille en comparaison de ce qui pourrait suivre. De plus, avant la fusion entre l’ANPE et les Assédic, les départs à la retraite étaient systématiquement remplacés. Ce n’est plus le cas depuis que Pôle emploi a été créé. Conséquence de tous ces bouleversements : les conditions de travail se sont considérablement dégradées, à tel point que de nombreux conseillers de Pôle emploi se déclarent au bord de la rupture.

Pour justifier ces changements, le gouvernement invoque la baisse durable du chômage : avec moins de demandeurs d’emploi, il n’y aurait plus besoin d’autant de conseillers. Un argumentaire battu en brèche par les représentants syndicaux de Pôle emploi, comme David Vallaperta, de la CFDT : « La baisse du chômage ne signifie pas une diminution de notre charge de travail, car il y a une forte hausse des demandeurs d’emploi cumulant une activité partielle et une allocation« , observe-t-il.

De nouvelles missions avec la réforme de l’assurance chômage

Surtout, les missions de Pôle emploi sont appelées à s’élargir. Le Plan d’investissement dans les compétences prévoit ainsi un accompagnement privilégié pour un million de chômeurs de longue durée et un million de jeunes sans emploi. Et le gouvernement a promis de faire passer de 200 à 1.000 le nombre de conseillers affectés… au contrôle des chômeurs.

Une mission dont le directeur général Jean Bassères devrait s’acquitter avec enthousiasme : après la victoire d’Emmanuel Macron, évoquant le contrôle accru des demandeurs d’emploi, il avait, d’après le Canard enchaîné déclaré au comité d’entreprise que Pôle emploi devait se mettre « en marche accélérée » pour « mettre en oeuvre la politique voulue par le président de la République« .

Hadrien Mathoux

Source : Marianne 06/05/2018

 

Frédéric Jacques Temple : « Voyager c’est découvrir et surtout se découvrir autre part »

« Divagabondages » c’est un choix avec des bornes qui marquent le chemin et le temps ed Actes Sud. Photo dr

« Divagabondages » c’est un choix avec des bornes qui marquent le chemin et le temps ed Actes Sud. Photo dr

A l’occasion de la publication de « Divagabondages » une invitation au voyage et aux rencontres artistiques orchestrées par le poète Frédéric Jacques Temple, entre 1945 et 2017, l’homme du Midi nous ouvre sa porte pour partager la mystérieuse clarté de sa mémoire.

Revenons sur votre rencontre avec Edmond Charlot qui a été votre premier éditeur. Vous êtes resté en contact après lui après la guerre ?

Charlot a eu une carrière de délégué culturel en Méditerranée après avoir essayé de devenir éditeur parisien. A Paris, il a été complètement boycotté par les éditeurs qui avaient survécu à l’occupation. En 1980, quand Charlot a pris sa retraite, il est venu s’établir à Pézenas. A cette époque, je l’avais complètement perdu de vue. Un jour que j’étais invité à dire des poèmes à Pézenas, il était là. Cela a été merveilleux pour moi de le retrouver. J’avais énormément de souvenirs avec lui à Alger, et en quelque sorte cela me rajeunissait. On est devenu très ami après, et ce jusqu’à sa mort.

A Pézénas, Les éditions Domens se font passeurs de cet héritage autour de Charlot et de l’école d’Alger. Comment percevez-vous les auteurs de ce mouvement qui éclos dans le contexte tendu du système colonial ?

A Alger, il y avait les écrivains algériens de langue française comme Robert Randau, Jean Pomier qui s’appelaient les Algérianistes. C’étaient des gens ancrés dans l’Algérie comme les Pieds noirs l’avaient été mais avec un fond colonialiste qui était important. Et puis, il y a eu une petite révolution littéraire avec Gabriel Odisio, et des gens comme Robles et d’autres qui ont dit non, nous ne sommes pas Algérianistes, nous sommes écrivains méditerranéens. Déjà cela marquait une grande différence, ensuite est arrivé Charlot qui est devenu non seulement un éditeur algérois mais un éditeur du monde entier. Il a réédité des gens comme Huxley, Lawrence, Moravia, et des écrivains français Vercors, Bernanos, Giono… Ce mouvement se différenciait en disant nous sommes bien sûr Algériens de naissance, mais nous sommes des écrivains du monde et surtout méditerranéens.


Fréderic-Jacques Temple : « Pour moi, le monde continue à être merveilleux et terrible »


Ecrivain méditerranéen, cela fait sens pour vous ?

Oui, oui… comme je le dis toujours, je suis un écrivain occitan de langue française. Pour moi, ça veut dire que c’est une ouverture de parler une langue, ce n’est pas quelque chose qui vous rétrécit dans un pays, tout au contraire cela vous donne la possibilité de s’ouvrir au grand monde.

Qu’est-ce que voyager ?

Cela n’a rien à voir avec le tourisme. Voyager, c’est d’abord découvrir quelque chose, et surtout se découvrir autre part. J’ai écrit un petit poème là-dessus. Il s’appelle je suis un arbre voyageur. « Mes racines sont des amarres… Je m’en vais pour découvrir le monde mais je reviens toujours à mon point d’attache. »

Dans votre roman « Un cimetière indien », le retour du voyageur chez lui ne se passe pas très bien… Votre dernier livre, « Divagabondages » pourrait être considéré comme une invitation au voyage…

Ce sont des articles parus dans différentes revues, journaux, que j’ai eu l’idée de réunir. Ce n’est pas exhaustif, j’ai fait un choix avec ce que je peux appeler des bornes pour marquer le chemin et le temps. Parmi ces bornes il y a des gens célèbres et d’autres qui ne le sont pas et qui devraient l’être. Il y aussi des amis très proches, d’autres plus lointains.

Si l’on ne s’éloigne pas trop des racines on pense à Max Rouquette avec qui vous partagez l’amour du midi. Comment situez-vous votre engagement en faveur de l’occitanisme ?

C’est assez compliqué. Je pense que nous avons été colonisés. Cela, je peux le reprocher aux hommes politiques de l’époque ancienne qui ont vendu le territoire à la Couronne de France. En réalité, j’étais un grand supporter des Plantagenêt. Ils étaient rois d’Angleterre et ils parlaient occitan. Et si Richard Cœur de Lion qui était troubadour, avait remporté la victoire sur Philippe Auguste, la moitié de la France parlerait l’occitan et le français. Et les Anglais parleraient le français… Peut-être n’aurions nous pas ces problèmes que nous rencontrons maintenant avec les Bretons, les Occitans, les Catalans… On est minoritaire, comme disait Montesquieu, « je suis homme nécessairement et je ne suis Français que par hasard. »

L’ exil du leader catalan Puigdemont pourrait faire échos à la Retirada…

La Catalogne finalement aurait pu être Française et le Roussillon catalan aurait pu être Espagnol. Ce qu’il y a de drôle c’est que les écrivains catalans français, publient en catalogne espagnole et pas en France, ou très peu. Les choses auraient pu se passer plus simplement. Au Pays basque ça a été très dur. Il semble qu’une solution ait été apportée. Je ne sais pas si les Catalans sont énervés davantage mais en tous cas ils ont raison de défendre leur langue. Cela correspond à une culture et à une civilisation. Détruire une langue, c’est détruire une civilisation. Le grand défaut de la France est d’être jacobine.

Comment définissez vous l’amitié ?

Comment définissons-nous l’amour ? Je ne sais pas. L’intérêt que l’on éprouve pour une œuvre, peut se transformer en amitié si l’on connaît l’auteur. L’amitié que j’ai éprouvé pour Cendrars est différente de celle que j’ai éprouvée pour Miller ou pour Durrell. Miller était très fraternel . Je ne dirais pas que c’était un ami très proche. Durrell était très amusant, très intelligent, très séduisant, je ne dirais pas que c’était un ami très proche. Cendrars, Jean Carrière, Jean Joubert ont été des amis très proches.

Cendrars ce fut une rencontre majeure…

J’ai commencé à lire Cendrars tout de suite après la guerre, je ne le connaissais pas alors. En 1948, alors que je participais au lancement d’une petite revue après l’expérience de la Licorne, j’avais écrit à quelques écrivains que j’admirais parmi lesquels Camus, Cendrars, Giono et d’autres. La première réponse est venue de Cendrars dans les 48 heures et il m’a envoyé la version tapée à la machine des « Ravissements de l’amour », un chapitre des « Lotissements du ciel », le livre qui allait sortir.

Je l’ai publié dans la revue avec quelques contes de Giono. Camus m’a répondu qu’il n’avait rien à ce moment-là. A la suite de cet échange, le 3 juillet 1949, je me suis rendu dans les sommets de Villefranche pour voir Cendrars. Il faisait une chaleur épouvantable. Je suis arrivée la chemise trempée, j’ai sonné. Cendrars est apparu à la fenêtre. Il est descendu pour venir à ma rencontre m’a fait entrer et m’a dit : vous ne pouvez pas rester comme ça, vous allez attraper froid, je vais vous donner une de mes chemises. Il est revenu avec une chemise blanche. J’ai enlevé la mienne. J’ai mis la sienne. Et à ce moment, il m’a regardé d’une drôle de façon, et je me suis rendu compte que dans le bras droit de cette chemise il y avait mon bras. Ce bras qui lui manquait, qu’il avait perdu à la Première guerre. Peut-être que la guerre a été un lien entre nous… Peut-être aussi parce qu’il avait perdu son fils Rémi pendant la seconde guerre.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 28/04/2018

Voir aussi : Rubrique  Rencontre, Fréderic-Jacques Temple : «Pour moi, le monde continue à être merveilleux et terrible»,

Législatives au Liban : le Premier ministre Saad Hariri perd un tiers de ses sièges au Parlement

© Eric Feferberg, AFP | Saad Hariri, grand perdant des législatives libanaises du 6 mai.

© Eric Feferberg, AFP | Saad Hariri, grand perdant des législatives libanaises du 6 mai.

Le Premier ministre Saad Hariri a annoncé, lundi, que son mouvement avait perdu un tiers de ses sièges au sein du Parlement libanais, au lendemain des premières législatives organisées dans le pays depuis 2009.

Poids lourd de la scène politique libanaise, le Premier ministre et leader sunnite Saad Hariri a annoncé lundi 7 mai que son mouvement, le Courant du futur, avait perdu un tiers de ses sièges au sein du Parlement, au lendemain des élections législatives organisées dans le pays du Cèdre.

Son parti disposera 21 sièges de députés dans le nouvel hémicycle, contre 33 sièges dans le Parlement sortant (sur 128 au total), a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse organisée à Beyrouth, alors que les résultats officiels n’ont toujours pas été publiés.

« Nous avions parié sur un meilleur résultat et un bloc parlementaire plus large », a-t-il concédé, justifiant cette défaite en pointant notamment du doigt l’adoption d’une nouvelle loi électorale en 2017. « Le problème de cette loi électorale, c’est que plein de gens ne l’ont pas comprise », a-t-il assuré. Il a toutefois reconnu que certaines « performances n’étaient pas à la hauteur », sans expliciter.

Le Hezbollah et ses alliés raflent la quasi-totalité des sièges chiites

La nouvelle loi, qui introduit pour la première fois un mode de scrutin proportionnel, a laissé perplexes bien des électeurs, parfois obligés de choisir parmi des listes électorales alliant leurs candidats favoris à des partis qu’ils ne soutiennent pas.

>> À lire : Proportionnelle, équilibre confessionnel… un système électoral complexe

De son côté, le grand rival de Saad Hariri, le mouvement politico-militaire chiite Hezbollah, l’un des principaux alliés de la République islamique d’Iran dans la région, semble en passe de confirmer son emprise sur la scène politique libanaise. Les estimations du parti chiite et des médias locaux indiquent que le mouvement de Hassan Nasrallah, et son allié le parti Amal, ont raflé la quasi-totalité des sièges chiites.

« Il y a une grande victoire morale et politique pour le choix de la résistance », a lancé Hassan Nasrallah, lors d’un discours retransmis à la télévision, sans toutefois donner le nombre de sièges remportés par son parti et ses alliés.

Les législatives de dimanche, les premières organisées depuis 2009, ont été marquées par un faible taux de participation, 49,2 %, dans un pays où la corruption, le clientélisme et le népotisme imputés à la classe politique font régner un certain désenchantement au sein de la population. Plus de 1 500 violations du processus électoral ont été enregistrées par une ONG spécialisée dans la suveillance des élections.

Source AFP 07/05/2018

 

Les Libanais aux urnes pour les premières législatives en neuf ans

Beyrouth (AFP)

© AFP | Photo d'une affiche électorale prise dans la localité méridionale de Marjayoun le 5 mai 2018, à la veille des élections législatives libanaises

© AFP | Photo d’une affiche électorale prise dans la localité méridionale de Marjayoun le 5 mai 2018, à la veille des élections législatives libanaises

Les Libanais sont appelés dimanche aux urnes pour des élections législatives, les premières en près d’une décennie, mais le scrutin ne devrait pas bouleverser l’ordre politique d’un pays aux équilibres fragiles, mis à rude épreuve par le tumulte régional.

Les bureaux de vote vont ouvrir à 07H00 (04H00 GMT) pour accueillir les quelque 3,7 millions d’électeurs, sous haute sécurité.

Le Parlement (128 députés) devrait être dominé par les partis traditionnels, parmi lesquels figure le puissant Hezbollah chiite, allié de la Syrie et de l’Iran.

Ces dernières années, le pays a connu des crises politiques à répétition, évitant, souvent de justesse, l’engrenage de la violence malgré une situation géographique sensible, entre la Syrie en guerre et Israël.

Entre 20.000 et 30.000 policiers et soldats seront déployés pour sécuriser le vote, a annoncé le ministère de l’Intérieur, dans un pays frappé ces dernières années par des attentats meurtriers.

Avec une classe politique accusée de corruption et de népotisme, dominée depuis longtemps par les mêmes partis et incapable de relancer une économie brinquebalante, la population ne s’attend à aucun changement majeur.

La campagne électorale s’est déroulée sans incident et partout les affiches et portraits géants des candidats -très rarement des femmes, même si un nombre record de 86 candidates se présentent- ont envahi les panneaux publicitaires et les façades des immeubles.

Malgré les profondes divergences et parfois même l’animosité, les décisions politiques majeures sont souvent prises par consensus entre les forces politiques rivales.

– Hezbollah –

Indépendamment de l’issue du scrutin, le Hezbollah, seule formation à ne pas avoir abandonné les armes après la guerre civile (1975-1990), devrait continuer de dominer le jeu politique, estiment les analystes. Le mouvement chiite devrait aussi profiter du morcellement du paysage électoral.

« Le nouveau Parlement ne sera pas une source de nuisance pour le Hezbollah. Il bénéficiera de l’absence d’une large coalition face à lui », confirme Imad Salamey, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise américaine (LAU), à Beyrouth.

Les dernières législatives au Liban remontent à 2009. Le Parlement avait prorogé à trois reprises son mandat, invoquant notamment des risques sécuritaires liés au débordement de la guerre en Syrie.

Quelque 597 candidats répartis en 77 listes sont en lice, pour des législatives organisées pour la première fois selon un mode de scrutin proportionnel.

Mais la répartition des sièges est aussi régie par un subtil partage confessionnel, entre les différentes communautés religieuses, et respecte une parité islamo-chrétienne.

Les 1.880 bureaux de vote fermeront à 19H00 (16H00 GMT) et les résultats pourraient être annoncés dès le lendemain dans les 15 circonscriptions.

– Dossiers épineux –

La nouvelle loi électorale adoptée en 2017 a incité des candidats de la société civile à tenter une percée.

C’est le cas notamment de la coalition « Koullouna Watani », qui appelle les électeurs à se mobiliser contre l’establishment politique traditionnel.

Le Liban, qui accueille 1,5 millions de réfugiés venus de la Syrie voisine, n’échappe pas aux répercussions du conflit.

Le Hezbollah intervient d’ailleurs militairement au côté du régime syrien, et même si cet engagement divise la classe politique, les candidats se sont abstenus d’évoquer la délicate question de son arsenal militaire.

Son grand rival, le Premier ministre Saad Hariri, soutenu par l’Arabie saoudite, devrait conserver son poste, même si sa formation, le Courant du Futur, risque de perdre plusieurs sièges.

Les prochains élus devront se pencher sur des questions politiques, sociales, mais aussi économiques majeures, dans un pays où la population subit notamment des coupures d’électricité quotidiennes depuis plusieurs années, des pénuries d’eau régulières et un problème de gestion des déchets ménagers qui perdure depuis trois ans.

Le Liban doit par ailleurs se lancer dans ses premières explorations d’hydrocarbures en Méditerranée, une possible manne financière qui pourrait aider un pays qui croule sous une dette publique culminant à 150% du PIB, le troisième taux le plus élevé à l?échelle mondiale.

Source AFP 06/05/2018

« Les Libanais ont toujours l’impression d’être dans un “entre-deux-guerres” »

 Illustration tirée du livre « Ma Très Grande Mélancolie Arabe », publié aux éditions P.O.L en 2017 Illustration tirée du livre « Ma Très Grande Mélancolie Arabe », publié aux éditions P.O.L en 2017 Lamia Ziadé

Illustration tirée du livre « Ma Très Grande Mélancolie Arabe », publié aux éditions P.O.L en 2017

A l’occasion des élections législatives du 6 mai, Karim Emile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et professeur de relations internationales à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, décrypte le fonctionnement du système politique libanais.

Un premier scrutin après neuf années sans élections, une nouvelle loi électorale qui fait la part belle à la proportionnelle, des nouveaux candidats issus de la société civile… L’élection du 6 mai peut-elle conduire à un renouvellement de la classe politique libanaise ?

Ce sera la première élection adoptant le mode de scrutin proportionnel, qui était l’une des plus anciennes revendications des forces de changement et de la société civile libanaise. Il existe une vraie colère à l’égard des partis traditionnels, qui ont lamentablement failli dans leur gestion des affaires publiques. La crise des déchets, à l’été 2015 [manifestations contre le gouvernement à la suite de l’envahissement des rues de Beyrouth par des piles d’ordures], avait mis en lumière cette incurie.

Il y a enfin un désir de renouveau, qui s’était déjà exprimé en 2016 aux municipales de Beyrouth et qui est aujourd’hui porté par des listes indépendantes. On aurait donc pu penser que les conditions étaient réunies pour que se lève une vague de « dégagisme », qui aurait conduit à l’entrée au Parlement d’une vingtaine de figures réformatrices. Mais je crains que nous ne rations cette occasion de renouvellement.

Les sondages donnent les listes de la société civile en deçà du seuil d’éligibilité dans la quasi-totalité des circonscriptions. Le plus probable est que nous n’aurons que quelques petites surprises, qui ne changeront rien à l’équilibre des forces et que [le premier ministre] Saad Hariri sera reconduit à la tête d’un gouvernement d’union.

Benjamin Barthe

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Source Le Monde 27/04/2018

 

 

Tunisie: les indépendants veulent se faire une place aux municipales

ans le local d'Ettakatol, certains des colistiers du parti posent avec leurs familles. La campagne reste bon enfant dans cet petite ville proche de Monastir  © FTV

ans le local d’Ettakatol, certains des colistiers du parti posent avec leurs familles. La campagne reste bon enfant dans cet petite ville proche de Monastir © FTV

Pour les municipales en Tunisie, il y a les deux grands: Nidaa Tounès, parti du président Essebsi, et Ennahda (islamistes). Mais il y a aussi des petites formations dont les candidats se présentent sur des listes indépendantes. Comme par exemple à Zéramdine, ville cossue de 17.000 habitants à une vingtaine de kilomètres de Monastir (sud-ouest de Tunis). 

A Zéramdine, où se présentent six listes de 18 personnes chacune, dont deux indépendantes, la politique semble très bon enfant. On discute avec le journaliste étranger à une terrasse de café de la rue principale, où vont et viennent candidats, militants et sympathisants.

La politique est aussi très familiale, au sens littéral du terme. Les enfants sont de la partie, avec drapeaux et tee-shirts. Le numéro 1 d’une des deux listes indépendantes, Maher Gaddouk, membre du bureau politique du parti Ettakatol (social-démocrate), y figure avec son beau-frère. Professeur d’anglais dans un établissement scolaire local, il vous présente la pharmacienne qui est l’une de ses anciennes élèves. Et toutes les deux minutes, il salue avec de grands gestes des passants ou des automobilistes à qui il a appris les rudiments de la langue de Shakespeare…

Au niveau local, les représentants d’Ettakatol entendent «regagner la confiance des électeurs» en montrant leur «honnêteté», dixit Maher Gaddour. Et ce après une expérience controversée au gouvernement à Tunis de 2012 à 2014 au sein de la Troïka, en coalition avec Ennahda et le parti de l’ancien président Moncef Marzouki. «Peut-être qu’à cette époque, on s’est trompé», concède le leader local. Le «peut-être» est un «sûrement» quand on discute avec d’autres militants…

«On est en train de se reconstruire», précise le numéro un. D’où cette position sur une liste «indépendante». Indépendant au niveau local vis-à-vis des grands partis avec qui Ettakatol refusera toute alliance. Dans ce contexte, à Zéramdine, les représentants de la formation social-démocrate (membre de l’Internationale socialiste) estiment, au vu, disent-ils, de sondages, avoir de bonnes chances de figurer en tête à l’issue du scrutin, devant les islamistes. Lesquels semblent mener, ici comme ailleurs, une campagne très active. Du moins si l’on en croit le nombre de véhicules à leurs couleurs diffusant de la musique… «Ils ont beaucoup d’argent», affirme l’un de leurs adversaires rencontré dans la rue.

Problème et paradis
Et le programme d’Ettakatol dans tout ça ? Les militants ne jurent que par des «promesses réalistes». Mais encore ? «Nous voulons améliorer les infrastructures, rénover le centre ville et construire une salle de sports individuels. Nous voulons aussi proposer une application internet permettant aux citoyens de dialoguer avec la municipalité.»

Et quelles propositions font les sociaux-démocrates pour lutter contre la crise économique qui frappe durement le pays ? «La crise est un très grand problème», concèdent-ils en expliquant qu’«on ne peut pas non plus faire de la Tunisie un paradis». A Zéramdine, on est d’autant plus concerné par les problèmes économiques qu’une briqueterie locale, employant 2000 personnes, pourrait fermer ses portes.

«La question se règle au niveau national. Mais si nous étions élus, nous pourrions peut-être agir en exigeant des procédures plus rapides pour faciliter la venue d’un investisseur japonais», estime Maher Gaddour.

Et de conclure : «On ne peut pas nier les problèmes. Mais avec ces élections et le nouveau code des collectivités locales, nous sommes en train de créer une démocratie de proximité. Il faut évidemment s’assurer que la loi sera appliquée. Il s’agit d’instaurer un nouveau climat de confiance.» Un climat essentiel pour susciter de l’espoir chez les Tunisiens désabusés.

Laurent Ribadeau Dumas

Source : Géopolis 05/05/2018

Quel rôle pour la gouvernance locale dans le développement économique des territoires?

Tunisie jpegL’élection des 350 municipalités et 24 conseils régionaux ne doit pas occulter la nécessité de corriger les disparités mises à jour par la révolution.

Dans quelques heures, des millions de tunisiens vont aller voter pour les toutes premières élections municipales post-révolution. Toutefois dans bien des cas l’ “idéologie” semble éclipser les réels enjeux économiques de ce scrutin.

II est assez caractéristique d’ailleurs que le terme de décentralisation soit employé au sens de décentralisation purement “politique”, c’est-à-dire de transfert d’activités décisionnelles des cercles de pouvoir vers les 350 municipalités qui ont été répertoriées.

Cette conception prévaut à celle plus saine portant sur les outils d’un aménagement dynamique du territoire, fondés sur une vue prospective du développement des collectivités, sur la mise en valeur de leurs ressources et l’amélioration de leurs cadres de vie. Une conception qui s’insérerait pleinement dans le cadre de la politique nationale de discrimination positive à l’égard des régions les plus défavorisées. En effet, de par cette décentralisation et de la nouvelle répartition des compétences alors décidée, c’est aux collectivités locales que reviennent, au côté de l’État, les responsabilités principales en matière d’aménagement des territoires. Et cela souligne le rôle important qu’auront ces collectivités dans le développement de l’ensemble du pays. Ce rôle vient d’ailleurs d’être souligné par l’adoption de la loi organique relative au code des collectivités locales.

Aménagement du territoire et décentralisation industrielle

Un aménagement plus équilibré amène à poser la problématique de la dé-concentration industrielle du territoire tunisien dans son ensemble. Comment faire en sorte que le maillage industriel soit plus dense entre les différentes régions. Il est vrai que la décentralisation industrielle a plus de 40 ans d’âge en Tunisie. Elle a été notamment portée par la création du FOPRODI (Fonds de Promotion et de décentralisation industrielle) dès 1977 qui a promu le territoire selon trois zones distincts suivant les avantages octroyés. L’État a également facilité au cours des années 1970, la multiplication des universités et des hôpitaux dans les régions, encourageant une déconcentration des cadres et centres de vie. Au-delà, des infrastructures routières et industrielles, le cadre de vie d’un territoire reste en effet un élément fondamental de son attractivité et de l’inclusion de son développement.

Au début des années 1980, la création du Commissariat Général au développement Régional – CGDR – a procédé à l’élaboration de la carte des priorités régionales qui a été utilisée comme base de la répartition des crédits du PDR (Programme de Développement Rural), puis du PDRI (Programme de Développement Rural Intégré). Par la suite la création des trois Offices de Développement, du Sud (ODS), du Centre Ouest (ODCO) et du Nord-Ouest (ODNO) a également contribué à cette décentralisation industrielle. Le code de l’investissement et la nouvelle loi sur l’investissement ont par la suite essayé de mettre en musique cette volonté de dé-concentration industrielle et de discrimination positive.

La nouvelle donne des collectivités locales et son implication sur le développement

Tous ces efforts sont maintenant à coupler avec la nouvelle donne des collectivités locales et le pouvoir décisionnel qui leur est conféré. Ainsi, ce que le nouveau code des collectivités désigne comme étant des “compétences partagées” constituent un changement de taille avec l’apparition de nouveaux droits qui jusqu’ici ne relevaient que de l’État central. Elles englobent le transport, l’assainissement ou encore le développement économique (implantation d’un zone industrielle…). Même si ces nouvelles prérogatives ne seront conférées que de manière graduelle, elles nécessitent un travail rigoureux de prospective et de planification en amont au niveau de ces nouveaux acteurs décisionnels locaux.

Concrètement le rôle des collectivités sera d’œuvrer avec les structures en charge au niveau central à faciliter l’entrepreneuriat, annihiler les relents bureaucratiques s’opposant à la création et à l’innovation, “clustériser” leurs territoires, les marketer et contribuer ainsi à créer la dynamique à même de relancer l’économie nationale dans son ensemble.

Même si le code des collectivités locales évoque clairement l’aménagement du territoire comme axe fondamental de la décentralisation en marche, les débats et sujets de discussion portent aujourd’hui davantage sur des considérations idéologiques voire trop souvent dogmatiques, loin des enjeux d’une meilleure territorialisation et d’une spécialisation des territoires devenues impératives.

L’élection des 350 municipalités et 24 conseils régionaux ne doit pas occulter la nécessité de corriger les disparités mises à jour par la révolution. Elle ne doit pas faire l’impasse d’une spécialisation fonctionnelle des territoires et d’une efficience des ressources ainsi que de leur soutenabilité. L’Etat central restera cependant un acteur majeur de cette territorialisation et de l’attractivité des régions, non seulement en partageant les prérogatives liées au développement des territoires mais surtout en facilitant les projets de concession et d’interconnexion dans le domaine des infrastructures.

Zied Lahbib économiste

Source Blog HuffPost 05/05/2018

Macron se prend les pieds dans le Black-bloc

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En 1962, Jacques Ellul décrivait le tournant moderne de la propagande. Un écrit qui aide à comprendre la communication et l’action de l’État le 1er mai et comment il s’est pris les pieds dans le tapis.

Le gouvernement s’est-il pris les pieds dans ses propres stratagèmes de communication autour du 1er mai ? A la veille de la manifestation, un communiqué de la Préfecture de Police tourne sur les réseaux sociaux qui fait rigoler tout ceux et celles qui s’apprêtent à rejoindre le lendemain le cortège de tête. Reprenant, déformant, grossissant des éléments qui semblent tout simplement repris d’un appel publié sur Paris-Luttes-Infos (« Pour un premier mai révolutionnaire »), il fait monter la sauce : dans la manif du lendemain le black bloc sera très important, très déterminé, avec plein de militants étrangers… Bouh, les loups sont entrés dans Paris… Tout un discours sorti des années 70 sur les « casseurs » et les « agitateurs violents professionnels » préparant des mesures que va prendre la préfecture notamment en termes de fouille et de contrôle et qui annonce son rendez-vous avec les syndicats sur le déroulé de la manif.

Pour toute personne qui a un peu l’habitude de ce genre d’actualité, la ficelle est grosse : la préfecture fait, par avance, exister un danger plus énorme que d’habitude pour justifier, par avance, plus de brutalités et plus d’arrestations de sa part. Au passage, elle allèche les journalistes et les met dans l’ambiance qu’elle va elle-même créer : sur France-Inter le matin même, un papier est un copié-collé du communiqué.

Et ce fut le cas. Un cortège de tête important comme dans toutes les dernières manifs. 15 000 personnes ? 1 500 blacks blocs ? Ou des chiffres de la préfecture pour valider son propre communiqué et préparer les arrestations ? Ce fut sans doute la seule manif où les chiffres de la préfecture furent plus importants que ceux des (non)-organisateurs… En fait, le cortège de tête est très vite bloqué et progresse à peine de quelques centaines de mètres. Plus collectif, le black bloc fait un sort, rarement aussi radical dans le passé, à un Mac Do et à une concession automobile. Mais faute d’avoir pu s’élancer, beaucoup moins de vitrines de magasins symboliques du capitalisme sont cassées que d’habitude.

Car très vite, en moins de 30 minutes, une violente avancée des forces de l’ordre fait refluer et se disperser le cortège de tête vers le pont d’Austerlitz. Des tombereaux de grenades lacrymogènes sont lancés. Contrairement au discours du préfet qui dira plus tard dans les médias avoir fait retenir les coups en raison de la forte présence de manifestants non-violents, les lacrymos sont lancées sans ménagement sur cette partie du cortège, nous asphyxiant pendant de longues minutes, lancers recommencés alors que les premières n’étaient pas dissipées. Plus tard des tabassages sur des personnes, souvent très éloignées de tout affrontement comme au jardin des plantes ou sur le quai Saint-Bernard, ou plus tard place Contrescarpe ont lieu. Les barrages de CRS de tous côtés, y compris Pont d’Austerlitz côté Bastille, empêchent le repli, tandis que le cortège syndical a pris un itinéraire bis négocié à l’avance… Odeur de trahison en plus de celle des lacrymos. Sur le moment, sur place nous sommes écoeurés d’un tour aussi violent et aussi rapidement violent de la part de la préfecture, d’un piège aussi grossier, auquel nos syndicats ont prêté la main. Comme l’a bien montré l’article du Monde de Julia Pascual du 3 mai, les dégâts matériels sont bien moindres que lors d’autres manifs.

Mais ça n’est pas grave. La préfecture a bien préparé les médias et les politiques qui, même en étant pas présents sur place, relaient le message attendu : le saccage de Paris, des grandes artères aux mains des hordes violentes, etc. La curée médiatique est en route, aucun politique ne veut être pris en défaut de s’être insurgé et d’avoir condamné. Les tweets idiots s’enchaînent et la machine des télés d’infos en continu est lancée. Par magie des mêmes images qui tournent en boucle, c’est comme si des centaines de Mac Do étaient saccagés…

Comment des ficelles aussi grosses peuvent-elle marcher ? Jacques Ellul dans son livre de 1962, « Propagandes », montrait que celles-ci avaient changé de nature. Aujourd’hui, il ne s’agit plus beaucoup des « bobards », des fausses informations comme lors de la guerre de 14-18 et on peut d’ailleurs se demander si le thème des « fake news » qu’affectionnent les politiques – plus que les journalistes – n’est pas une manière de détourner de la réalité de la propagande moderne. Il s’agit donc moins des bobards que de la capacité à orienter les victimes de la propagande dans le flux de l’information. Au milieu d’un bombardement d’informations, d’un flux continu difficile à décrypter, il suffit d’en souligner quelques-unes, certaines et pas d’autres, pour faire ressortir la réalité qu’on veut faire accepter. On colorie celles choisies avec des mots qui frappent : casseurs, black bloc, saccage, cocktails molotovs… Cela fonctionne d’autant plus qu’on entretient, ou qu’on a préparé, un climat de tension et que le téléspectateur ne connaît pas la réalité dont il est question et s’accroche à ce qu’il peut pour s’y repérer.

C’est exactement ce qui s’est passé. Et il était atterrant, rentré le soir chez soi, de voir le décalage entre ce qui avait été vécu sur le pont d’Austerlitz et ce qu’en disaient avec certitude sur les télés et dans les réseaux sociaux des gens qui n’avaient rien vu de la réalité… Efficacité de la propagande moderne.

Le gouvernement avait, dans un premier temps, réussi : faire peur, grimer la réalité en bien plus inquiétante qu’elle ne l’était, faire croire qu’il n’y avait plus rien entre lui et le black bloc, et certainement pas les syndicats qui auraient été supplantés… alors pourquoi discuter avec eux ? Et s’il n’y a que le gouvernement et le black bloc, qu’allez-vous choisir braves gens ?

Mais la difficulté pour Macron, c’est qu’à ce petit jeu de la propagande moderne, il a de la concurrence… La droite a toujours su faire. Elle a su exploiter une contradiction du discours : si la menace était si grande qu’annoncée, pourquoi ne pas avoir déployé plus de force ? Si les dégâts sont si importants, n’est-ce pas qu’il n’y avait pas eu assez de forces en présence ? Le gouvernement a été victime de ce qu’on apprend aux enfants : quand on ment, il y a un moment où il y a des choses qui ne collent pas et on se fait cramer…

La droite et l’extrême-droite ont utilisé la faille et, à leur tour, ont colorié leurs éléments du flux d’information avec leurs propres formules chocs pour donner un autre sens à la réalité : défaillance de l’État, faillite de l’État régalien, laxisme du pouvoir…

Là où le gouvernement voulait montrer qu’il n’y avait rien entre lui et le black bloc, la droite l’a piégé en estimant qu’il n’y avait même pas le gouvernement. On pourrait presque en rire en se disant qu’il n’y a donc plus que le black bloc. On n’en rira pas car pour alimenter ce petit jeu politicien de la propagande moderne, plus de 200 personnes ont été arrêtées, dont des mineurs et des dizaines d’autres vont sans doute écoper de lourdes peines…

Stephane Lavignotte *

* Ancien journaliste, militant écologiste, pasteur de la Mission populaire à Gennevilliers (92), habite à L’Ile-Saint-Denis.

Source. Le Club est l’espace de libre expression des abonnés de Mediapart. 04/05/2018