France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy Pflimlin

 Rémy Pflimlin, actuel président de France Télévisions et candidat à sa propre succession, défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile Rémy Pflimlin, actuel président de France Télévisions et candidat à sa propre succession, défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile

La course à la présidence de France Télévisions a créé ses premières déceptions, jeudi 16 avril. Des personnalités de poids comme Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (FMM), et Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et Lagardère Active, ont admis ne pas avoir été retenus dans la liste de candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit auditionner dès la semaine prochaine. Au terme de ces auditions, et avant le 22 mai, le CSA doit désigner le nouveau président de l’entreprise publique.

L’éviction de Marie-Christine Saragosse a surpris. Sa personnalité et son bilan à la tête de FMM la rangeaient au rang des favoris. Mais le fait qu’elle soit actuellement en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, a pu devenir un handicap, au lendemain de la crise survenue à Radio France. Par souci de stabilité, les huit conseillers auraient jugé préférable qu’elle aille au terme de son mandat commencé en 2012 après la crise survenue sous le mandat d’Alain de Pouzilhac, selon une source proche du dossier. Cette préoccupation aurait également barré Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse (AFP), qui ne figurerait pas dans la liste restreinte. Tous deux sont passés par des cabinets ministériels de gauche, note aussi un connaisseur du secteur.

La décision du CSA est difficile à digérer pour Didier Quillot, qui pensait que sa longue expérience managériale le protégerait d’une élimination à ce stade. « J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication, déplore-t-il. Je trouve cette décision complètement incompréhensible. J’ai mis en ligne mon projet car je veux qu’il soit connu et j’espère que les autres candidats feront de même. » Parmi les 33 postulants enregistrés par le CSA, d’autres, comme Serge Cimino, du Syndicat national des journalistes (SNJ), et Alexandre Michelin (MSN), ont déclaré publiquement ne pas avoir été retenus.

La composition de la liste restreinte ne fait l’objet d’aucune communication de la part du CSA dès lors qu’un ou plusieurs de ses membres sollicite la confidentialité. Il n’est donc pas possible de la connaître avec certitude. Toutefois, selon nos informations, au moins cinq candidats ont été contactés par l’autorité pour être auditionnés, et deux autres sont annoncés certains par d’autres médias.

Âgé de 48 ans, Christophe Beaux s’appuie sur la transformation jugée réussie de la Monnaie de Paris, une institution industrielle et culturelle de 500 personnes qu’il préside depuis huit ans. Cet énarque a travaillé en banque d’affaires, chez JP Morgan, et connaît parfaitement la machine d’Etat pour avoir œuvré au Trésor – sous la responsabilité de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée – et dans plusieurs cabinets ministériels – sous le second mandat de Jacques Chirac. Il est membre du conseil d’administration de France Télévisions depuis 2011.

Arrivée à La Poste au poste de directrice générale adjointe en charge de la communication en avril 2014, Nathalie Collin, 50 ans, a auparavant dirigé des structures plus modestes, dans la presse (Libération, Le Nouvel Observateur) ou la musique (EMI France). Elle se présente comme une experte de la transition numérique – qu’elle chapeaute désormais à La Poste. Pour se renforcer sur les programmes et la stratégie, elle se serait appuyée sur Vincent Meslet, directeur éditorial d’Arte et ancien directeur des programmes de France 3, ainsi que sur Catherine Smadja, cadre du groupe audiovisuel public britannique BBC et ancienne conseillère audiovisuelle du ministère de la culture sous Catherine Trautmann.

Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, a fait toute sa carrière chez l’opérateur, où les activités audiovisuelles sont concentrées sur la distribution (via les box d’accès à Internet). Ingénieure de formation, 48 ans, elle a l’expérience d’une grosse structure et du dialogue social. Son profil a suscité une inquiétude chez des syndicats de France Télévisions, après des échos de presse rappelant qu’elle était en poste chez France Télécom à l’époque de la mise en place du plan Next, dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.

Pascal Josèphe, ancien consultant, a surtout été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, dans les années 1980 et 1990. Il dit aborder la télévision publique par « la question de l’offre », qui doit davantage refléter, selon lui, la jeunesse et la diversité. Quand on lui parle de son âge (60 ans), il pointe celui, plus élevé, des actuels patrons de M6, TF1 ou Canal+.

Robin Leproux incarne, dans cette liste, l’expérience du secteur privé, après notamment un long parcours chez M6. Âgé de 55 ans, l’homme qui a géré la crise des supporters en tant que président du PSG est aussi celui qui a conquis des parts de marché publicitaire avec la régie de M6. Il dispose aussi d’une expérience dans la stratégie et les contenus, sur la chaîne privée et à RTL. Sur ce média grand public, il a fait venir l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ou mis en place certains rendez-vous comme « On refait le monde ».

Polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussées, Cyrille du Peloux a fait partie de l’équipe de direction de TF1 lors de son acquisition par le groupe Bouygues. Passé à la Lyonnaise des Eaux, il a ensuite dirigé le bouquet satellite TPS et la chaîne Paris Première avant de rejoindre, en 2002, le groupe Veolia, où il est aujourd’hui, à 61 ans, directeur de la transformation et membre du comité de direction.

Rémy Pflimlin, lui, ne doit pas voir d’un mauvais œil la liste retenue par le CSA, dont deux candidats sérieux issus, comme lui, de la sphère publique ont été écartés. À l’automne, l’actuel président ne se voyait crédité que de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer. À 61 ans, il défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile. Reste une particularité de son profil : il a été nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy. Alors que François Hollande a tenu à rendre au CSA le choix de ces patrons, l’autorité voudrait-elle confirmer à la tête de France Télévisions la personne choisie par l’ancien président ?

Par Alexis Delcambre et Alexandre Piquard

Source Le Monde : 16 04 2015

Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pfimlin à France Télévisions

article_remy1Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit choisir dans six mois le prochain président de France Télévisions, s’apprête à publier un bilan très critique de la présidence de Rémy Pflimlin, depuis 2010 à la tête du groupe, selon des extraits publiés mardi 4 novembre par le site de BFM-TV.

Le président de France Télévisions n’a pas encore annoncé s’il serait candidat à un second mandat, mais ces premières esquisses du rapport – qui n’a pas encore été avalisé par le collège de l’autorité de l’audiovisuel – pourraient l’en dissuader.

Dans ce bilan de quatre ans de mandat, le CSA souligne « nombre d’objectifs non atteints » par Rémy Pflimlin, tant sur la qualité des programmes et de l’information que sur la répartition du rôle des chaînes et le management du groupe.

Le rapport reproche ainsi à France 2 d’avoir « régulièrement empiété sur la spécificité de France 3, se livrant ainsi à une concurrence stérile », tandis que France 4 et France Ô « ont du mal à justifier leur nécessité sur un réseau hertzien national ». « La qualité des programmes (hors information), à quelques exceptions près, ne permet pas de différencier assez l’offre de celles des chaînes privées », déplore ainsi le CSA.

QUELQUES SATISFECITS

Sur l’information, le Conseil estime que « le service public doit éviter le développement de rubriques sociétales anecdotiques (les Français dans les embouteillages estivaux, les Français sous la pluie…), mais se recentrer sur l’information internationale et sur l’actualité politique, économique et sociale ». Il regrette par ailleurs la diffusion à des horaires « tardifs, voire nocturnes » des programmes culturels et « un manque d’audace » dans la fiction.

Concernant le management, le CSA plaide pour un « organigramme simplifié » et critique aussi le « coût nettement plus élevé que la concurrence » de la production interne et les commandes « émiettées » auprès des producteurs externes.

Le CSA, « gendarme » de l’audiovisuel, décerne cependant quelques satisfecits : « Le maintien d’une audience significative », « un rattrapage » sur le numérique, ainsi que des progrès dans la construction de l’entreprise unique réunissant toutes les chaînes, par la signature de la convention collective et des systèmes d’information unifiés.

Source AFP 04/11/2014

Voir aussi : Rubrique Médias, On line Courrier aux salariés de France Télévision,