Le Conseil national syrien (CNS) est une autorité politique de transition créée à l’occasion de cette révolte syrienne de 2011. Il a été créé à la fin du mois d’août et lancé les 1er et 2 octobre 2011 à Istanbul, en Turquie1, pour coordonner tous les opposants à mener des opérations contre le régime de Bachar el-Assad, aussi bien en Syrie que dans des pays tiers2.
Un Conseil national de Syrie (arabe : ?????? ?????? ??????) avait été initialement formé en 2005 pour protester contre le régime Assad.
Ce conseil regroupe plusieurs membres d’opposants comme les Frères musulmans, des libéraux mais aussi des partis kurdes et assyriens3. Il est composé de 190 membres et son président est Burhan Ghalioun4.
Le 9octobre2011, le ministre des affaires étrangères syrien Walid al-Mouallem annonce que le régime prendra des mesures contre les pays qui reconnaîtront le CNS5. Un jour plus tard, le Conseil national de transition libyen est la première autorité à reconnaître officiellement le CNS comme unique représentant du peuple syrien6. La France lui apporte son soutien le 10 octobre7.
Le 6décembre2011, le chef du HezbollahHassan Nasrallah accuse le CNS de vouloir détruire la Syrie et déclare « Le soi-disant Conseil national syrien, formé à Istanbul, et son leader Burhan Ghalioun (…) se font concurrence pour présenter leurs lettres de créance aux États-Unis et à Israël ». Ces déclarations font suite aux dires de Burhan Ghalioun qui estimait que si la Syrie était dirigée par le CNS, les liens militaires avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas seraient coupés9.
Le vice-président égyptien est un homme de l’ombre, plus connu des diplomates occidentaux que du grand public égyptien. Depuis une décennie, Omar Souleiman, qui dirige les moukhabarat, les très redoutés services de renseignements, était cité comme l’un des possibles successeurs du raïs. Il est désormais officiellement son dauphin et un recours en cas de vacance du pouvoir. En ces temps agités, Hosni Moubarak a fini par se résoudre à nommer un homme qui incarne la stabilité et la continuité du régime.
Depuis son arrivée au pouvoir, il y a vingt-neuf ans, Moubarak se refusait à pourvoir le poste de vice-président. Il était bien placé pour savoir qu’un vice-président a toutes les chances de succéder à son numéro 1, lui-même ayant repris les rênes après l’assassinat d’Anouar el-Sadate, par un commando de soldats islamistes, le 6 octobre 1981. El-Sadate lui-même avait remplacé au pied levé Gamal Abdel Nasser mort d’une crise cardiaque à l’automne 1970…
Fidèle. Mais Omar Souleiman n’a pas la fibre d’un putschiste. Fidèle d’entre les fidèles de Moubarak, il l’a sauvé à plusieurs reprises contre des tentatives d’attentats. Notamment en lui conseillant d’emmener sa propre voiture blindée au sommet de l’Organisation de l’unité africain (OUA), en juin 1995 à Addis-Abeba, où un commando d’islamistes égyptiens venu du Soudan avait mitraillé le cortège présidentiel, tuant un garde du corps mais ratant le raïs et son bras droit.
Omar Souleiman sait parfaitement dans quel état est l’Egypte, même s’il n’a jamais participé à la gestion du pays. «Au jour le jour, l’Egypte est gouvernée par un « cabinet noir » de cinq ou six conseillers, qui travaillent au palais présidentiel», assure un diplomate occidental. Omar Souleiman, lui, a surtout traité de deux dossiers : la répression de l’islamisme, depuis son arrivée à la tête des services de renseignements en 1991, et les dossiers régionaux, en particulier le conflit israélo-palestinien cette dernière décennie. Sur la lutte contre l’islamisme armé, il s’est montré implacable dans les répressions des Gamaat al-islamiya et du mouvement Al-Jihad, qui ont causé un millier de morts durant les années 90. Il est aussi bien connu et apprécié des services occidentaux, en particulier de la CIA américaine qui n’a pas hésité, depuis le 11 septembre 2001, à faire transférer illégalement plusieurs islamistes égyptiens au Caire afin qu’ils soient débriefés par les moukhabarat, connus pour ne pas prendre de gants durant les interrogatoires.
«En fait, Omar Souleiman est un ministre bis des Affaires étrangères», assure le diplomate. Il assiste à tous les entretiens importants, est chargé des missions les plus délicates et secrètes.
Depuis le début de la deuxième Intifada, il est plus particulièrement en charge du dossier israélo-palestinien. Il a négocié une bonne dizaine de trêves, plus ou moins éphémères, entre Israéliens et Palestiniens. A partir de 2005, il gère le dossier du Hamas, dont la montée en puissance inquiète autant Israël que l’Egypte. Les islamistes du Hamas sont en effet très liés aux Frères musulmans égyptiens que Souleiman combat et déteste. Malgré le soutien égyptien aux forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, le Hamas s’empare du pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007, au grand dam de l’Egypte, qui doit désormais faire avec un régime islamiste à sa frontière orientale. L’Egypte participe au blocus de la bande de Gaza en contrôlant le point de passage de Rafah, mais lorsque l’armée israélienne lance l’opération Plomb durci, en janvier 2009, Omar Souleiman s’active pour obtenir un cessez-le-feu. Il travaille aussi à réconcilier Hamas et Fatah, sans succès. Sa nomination a été très appréciée à Washington, en Israël et dans les chancelleries occidentales qui le connaissent bien, ce qui n’est pas forcément bon auprès de l’opinion égyptienne.
Trop tard. Agé aujourd’hui de 74 ans, Omar Souleiman, sort de l’ombre peut-être trop tard pour incarner une véritable rupture. L’homme, originaire d’une famille aisée de Qena, en Haute-Egypte, est apprécié pour sa compétence et son peu de goût pour le luxe. Aucune affaire de corruption ne lui colle aux basques. Mais il est trop associé au règne de Moubarak et ne fait pas forcément l’unanimité dans l’armée, qui aurait probablement préféré le ministre sortant de la Défense, le maréchal Tantaoui, l’un des derniers héros de la guerre d’octobre 1973.
Les silences et les non-dits sont parfois plus forts que le vacarme des mots. Au-delà de sa condamnation de l’attentat d’Alexandrie, dans une allocution télévisée aussi inhabituelle que grave, le président Hosni Moubarak n’a pas jugé bon de décréter un deuil national à la mémoire des 21 victimes. Ce «détail», qui n’a pas échappé à la communauté copte (lire ci-contre), est vécu comme une preuve supplémentaire que l’Etat la traite comme un corps étranger au sein de la société. Autre motif de colère des chrétiens : le raïs, dans son allocution, s’est refusé à reconnaître toute spécificité chrétienne à l’attentat, qui aurait visé, selon lui, «le pays tout entier et non une communauté en particulier».
Un tel déni de réalité n’est pas une surprise pour tous ceux qui s’intéressent à l’Egypte, ce géant malade du monde arabe. Mais la plupart des touristes, qui découvrent souvent l’existence d’une communauté chrétienne une fois sur place, se voient servir le discours lénifiant sur l’Egypte éternelle et son indéfectible «unité nationale», défendue par un régime «modéré» adepte d’un islam «tolérant». Le plus étonnant, c’est que même les chancelleries occidentales continuent de faire semblant de croire à cette fiction, probablement au nom de la préservation des accords de paix avec Israël signés à la fin des années 70 par Anouar al-Sadate. Ce qui lui coûta la vie en octobre 1981, déjà dans un contexte de fortes tensions communautaires…
Entrave. Mais c’est ce même Sadate qui a initié une politique d’islamisation de la société afin d’en finir avec les restes de la gauche nassérienne. C’est lui qui, se faisant appeler «le président de la science et de la foi», a élargi les Frères musulmans alors en prison. Lui qui a cru bien faire en allégeant la taxe foncière des immeubles dans lesquels un local était réservé à une salle de prière. D’où l’explosion des zawiya, dirigées par des imams autoproclamés. Cette multiplication des lieux de culte musulmans se double d’une politique d’entrave draconienne à la construction d’églises. La communauté copte étant travaillée par le même mouvement de réveil religieux que les musulmans, elle vit ces limitations comme une injustice.
Après l’assassinat de Sadate – par un commando islamiste -, Moubarak a continué sur la même voie, alimentant le feu qu’il cherchait à éteindre. Pour montrer qu’il était inattaquable sur le chapitre de la bigoterie, il décréta l’interruption des programmes télévisés cinq fois par jour pour la prière. Il laissa Egyptair bannir l’alcool de ses menus, etc. Autant de petits symboles qui, mis bout à bout, ont contribué à polariser la société sur la question religieuse.
Prêches. Un nouveau coup d’accélérateur fut donné après 2006, suite à la percée électorale des Frères musulmans, la hantise du régime. Pour faire pièce à leur islamisme politique, les autorités ont encouragé le salafisme, variante ultrarigoriste de l’islam sunnite qui a l’avantage de prôner le quiétisme politique, c’est-à-dire le retrait des affaires du monde. Un calcul à courte vue car, dans sa version la plus extrême, le salafisme débouche sur le jihadisme, qui encourage la lutte armée contre les régimes impies et tous ceux considérés comme des infidèles (chrétiens, chiites, etc).
Dès lors, rien ne sert à l’Etat de tenter de contrôler les prêches dans les mosquées, alors même que l’islam d’Etat est gangrené par l’intégrisme le plus rétrograde. L’université d’Al-Azhar, dont le grand imam est nommé par décret présidentiel, n’a eu de cesse, ces dernières décennies, de vouloir s’arroger un pouvoir de censure sur la production culturelle et éducative de l’Etat.
Cette crispation touche l’ensemble de la société. Une grande partie de la presse, les journaux officiels en tête, fait ses choux gras depuis six mois sur le sort supposé de chrétiennes converties à l’islam et retenues de force dans des monastères. La communauté copte n’est pas en reste : chauffée à blanc par des chaînes satellitaires proches de la droite chrétienne américaine, elle bruisse de récits invérifiables de chrétiennes kidnappées et converties de force à l’islam.
En ciblant les coptes, les terroristes ont frappé le point le plus sensible de la société égyptienne. Ils savent qu’en cas d’affrontements interconfessionnels, les autorités sont incapables de stopper l’incendie. La police laisse faire quand elle ne prend pas cause pour la foule musulmane, comme ce fut le cas lors du pogrom antichrétien de Zawiya al-Hamra, dans la banlieue du Caire, lors de l’été 1981. Trois décennies plus tard, l’Egypte est plus que jamais un pays divisé, en crise et en proie à une interminable fin de règne…