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Le Mouvement de l’immigration et des banlieues 34 (MIB) est à l’initiative du Forum qui fait le point sur la situation à quelques encablures du lancement de la campagne présidentielle et de celle des législatives. Les deux thématiques abordées dans les débats d’hier ont mis en présence différents représentants du réseau des associations de quartier qui maillent l’Hexagone.
Il s’agissait notamment de répondre à la question : « A qui profitent les dispositifs de la politique de la ville ? » à partir du bilan de ces politiques lancées dans le courant des années 70. « Ce que l’on constate, expose le Parisien Tarek Kawtari, c’est que les collectifs de défense des habitants de quartier qui se sont souvent constitués pour dénoncer des bavures policières ou pour s’opposer à des expulsions ont très peu été intégrés dans les dispositifs institutionnels qui se sont succédé depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. » Autre constat unanime : l’échec pur et simple de la politique de la ville. « On masque cet échec en achetant un tel pour le calmer, en adoptant un autre pour la diversité, mais sur le terrain la situation s’empire. J’ai 49 ans, confie Tarek, et plus ça va, plus je me dis que c’est foutu. »
« Trente ans de politique pour l’amélioration des conditions de vie des gens et les choses ne font qu’empirer. Du coup on a assisté à une montée de la contestation dans les quartiers. Ce qui a entraîné la mise en place de moyens et d’outils de coercition sociale très importants et très coûteux, explique Pierre Didier de Vaulx-en-Velin. Comment être contre les discours qui prônent l’aménagement économique ou la mixité sociale ? Mais en réalité ces questions techniques cachent un problème politique. Le terme de mixité sociale sert à modifier la composition d’une population qui pose trop de problèmes. On inscrit bien souvent les populations dans un mode de gestion, pour profiter de plus values foncières. Les instances répondant au concept de démocratie participative sont des outils de communication pour faire adopter des choix qui sont déjà faits. »
Ces constats critiques ne sont pas gratuits défendent les associations. « A quelques exceptions près nous avons joué le jeu avec les représentants des collectivités territoriales en nous engageant dans un esprit constructif, explique Salah Amokrane de Toulouse, Mais nous sommes aujourd’hui dans un système insensé où dans les quartiers populaires les collectivités refusent de refaire un trottoir si elles ne disposent pas de subvention de l’État alors qu’elles le prennent à leur charge dans les autres quartiers. »
La relation entre les forces de gauche et acteurs de quartiers ne coule pas de source. « Il faut intégrer ces acteurs en les considérant à part entière », témoigne l’élu municipal de Nanterre Nordine Iznasni. Mais à Montpellier la situation demeure difficile. « Nous ne sommes pas considérés parce que nous ne voulons légitimer aucun parti politique, indique le président de l’association Justice pour le Petit Bard Khalid El-Hout. Notre implication vise à mener des actions pérennes en faveur des populations, pas à faire de la politique politicienne. D’ailleurs je ne suis pas sûr que les choses avanceraient mieux si nous avions des élus isolés. Pour défendre nos causes, mieux vaut que nos revendications soient un enjeu du champ électoral. »
Jean-Marie Dinh