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Avec ce projet, conduit par le jeune conservateur Lionel Pernet, le Musée archéologique lattois démontre une nouvelle fois son aptitude à renouveler son offre en proposant des expositions temporaires de qualité. Ce qui n’est pas une sinécure dans le domaine archéologique. Cette capacité d’ouverture, qui associe pour l’occasion les musées archéologiques de Zagreb, de Catalogne et plusieurs unités de recherche en archéologie (CNRS) s’avère payante. On peut lire l’intérêt du public pour cette démarche à travers les chiffres de fréquentation en hausse significative (27 000 en 2013) depuis l’arrivée de la nouvelle équipe. Nicole Bigas, l’élue en charge de la Culture à l’Agglo s’en réjouit et assure un accompagnement de l’Agglo dans le développement du site : « Si l’avenir politique le permet, nous envisageons une extension du site.» Intention partiellement concrétisée par l’achat du terrain et des bâtiments annexes que vient de réaliser l’Agglo .
L’exposition demeure fidèle à la volonté du musée de faire découvrir les cultures qui précèdent l’époque romaine. Les 200 pièces iapodes exposées pour la première fois en France proviennent de l’imposant Musée archéologique de Zagreb fondé au milieu du XIXe siècle en 1846, «après la chute de l’empire austro-hongrois les musées devinrent indépendants, précise la commissaire Lidija Bakari qui a consacré trente ans de sa vie à l’étude de la culture iapode. Notre musée conserve 500 000 pièces dont 20 000 iapodes, nous avons opéré un important travail de sélection pour cette première exposition en France.»
Qui étaient les Iapodes ?
La culture iapode se concentrait dans une région montagneuse située au centre de l’actuelle Croatie qui reste peu peuplée. Le peuple autochtone émergea probablement à l’âge de Bronze. Il était voisin des Ibériens bien que culturellement plus proche des peuples italiques. Les Iapodes vivaient dans une région cloisonnée mais située au carrefour de routes marchandes. Ils disposaient d’une culture traditionnelle forte qui a su s’ouvrir aux influences des voyageurs de passage. Ainsi a-t-on trouvé dans les sépultures de grandes quantités d’ambre utilisée pour les parures (l’exposition présente trois parures de grande taille somptueuses), alors qu’on ne trouve pas d’ambre sur leur territoire. « L’ambre utilisée provient de gisements proches de la Mer Noire. On suppose que les Iapodes prélevaient une partie des matières premières qui transitaient sur l’axe commercial Mer Noire-Méditerranée.»
Dans la première partie, l’expo permet aux visiteurs de découvrir des objets en bronze et en céramique du début de la civilisation iapode, IXe-VIIIe siècles avant J.C. En poursuivant la visite, on tombe sur de très belles parures faites en fines feuilles de bronze ornées de dessins géométriques ainsi que sur de surprenantes figurines anthropomorphes qui surprennent par la richesse de leurs formes. Les bijoux en perles percées bleues et grises témoignent de l’habileté des artisans. Beaucoup de mystères planent toujours sur cette civilisation, sans doute matriarcale, dont les communautés, sans structure étatique et sans armée, révèlent une culture spirituelle tangible.
JMDH
A voir jusqu’au 8 septembre
Source : La Marseillaise 18/03/14
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