Deux pièces de Corneille mises en scène par Brigitte Jacques Wajeman au CDN.
Brigitte Jacques Wajeman met en scène deux pièces de Corneille au Treize Vents Pompée et Sophonisbe. Fidèle au dramaturge qui regroupait ses pièces en série pour explorer les ressources d’un registre particulier, elle a centré son choix sur ce qu’elle nomme les pièces coloniales.
Avec Pompée dont l’action se situe à Alexandrie Corneille marque une transition dans son système de représentation politique construit sur l’histoire de Rome. L’auteur du Cid se rapproche ainsi un peu de Racine, si l’on partage le jugement du gentilhomme La Bruyère selon lequel : « Corneille peint les hommes tels qui devraient être, Racine les peint tels qu’ils sont.» C’est en effet le triomphe du réalisme politique -realpolitik dirait-on aujourd’hui – que donne à voir Corneille à travers l’attitude dominatrice des Romains au-dehors, dans le traitement qu’ils réservent aux rois alliés.
Mais Brigitte Jacques Wajeman va sans doute un peu loin en comparant l’assassinat de Pompée par le jeune souverain d’Égypte, Ptolomée, aux attentats terroristes mis en scène par les islamistes. Elle cède sans doute au penchant de Corneille en son temps très attentif aux attentes du public.
Cela ne suffit pas à transposer le drame sous une lumière véritablement contemporaine. La mise en scène de Pompée de Brigitte Jacques Wajeman s’inscrit dans la suite d’un travail symbolique et dépouillé. Elle présente des actions recevables par l’esprit du public. On apprécie le respect porté à la langue et le jeu des jeunes acteurs dans les scènes de violence. On sourit dans la confrontation opposant l’ambitieuse Cléôpâtre à un César taillé dans l’étoffe d’un homme « normal ». Mais il aurait fallu faire davantage confiance à l’imagination du spectateur pour transposer ce drame dans notre contemporéanité.
JMDH
Source L’Hérault du jour 27/01/14
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