Entretien Sorj Chalandon 2011 « J’ai voulu comprendre en cherchant le traître en moi. »

Sorj Chalandon. Photo Roberto Frankenberg.

Le dernier roman de Sorj Chalandon, Retour à Killibegs, vient d’obtenir le grand prix du Roman de l’Académie française. Il était également en lice dans la troisième sélection du prix Goncourt. Cela fait quelques années (1) que l’ancien grand reporter à Libération a transité par la fiction pour donner corps à son écriture.

Pour la seconde et dernière fois, prétend-il, il nous entraîne dans la lutte armée en Irlande du Nord sur les traces de son ami, Denis Donalson, un dirigeant de L’IRA passé agent au service des Britanniques. Une quête personnelle et intime qui a poussé l’auteur à plonger dans les profondeurs de son personnage, et à interroger l’authenticité de son engagement face à une vérité évanouie, faisant surgir une vraie démarche littéraire. Rencontre …

Dans Mon traître, vous abordiez le désarroi du trahi, avec Retour à Killibegs, il s’agit de celui du traître…

C’est sa vérité, son chemin de croix. Je me suis mis dans la peau de celui qui m’avait fait du mal. La nouvelle de sa trahison, nous a tous désespérée. Par rapport à sa famille, Je ne suis qu’une victime collatérale. Cela m’a pourtant bouleversé.

J’ai éprouvé le sentiment d’une femme qui découvre que son mari la trompe depuis des années. Mon traître exprimait un amour trahi. J’avais besoin d’écrire ce livre pour exprimer ma rancœur, mais cela n’a pas suffi. J’avais besoin d’aller plus loin. Avec Retour à Killibegs, je déboulonne la petite statue du Français trahi qui émerge dans Mon traître. J’ai voulu comprendre en cherchant le traître en moi.

Cette promiscuité devenue avec le temps une amitié que vous partagiez avec certains membres de l’IRA n’était-elle pas problématique dans le cadre de votre travail journalistique ?

J’ai été correspondant de guerre pendant plus de vingt ans en Irlande. J’ai aussi couvert le Libéria, l’Irak, le Liban, mais l’Irlande du Nord est le seul endroit où j’ai tissé des liens d’amitiés. Mes reportages en Irlande du Nord et sur le procès Barbie m’ont valu le prix Albert Londres ce qui signifie que mes pères ont estimé mon travail équilibré.

Dans mon métier de journaliste, j’ai toujours fait en sorte d’être à l’écoute des deux camps. Lorsque Libé m’a proposé d’être correspondant en Palestine, je leur ai demandé de m’envoyer d’abord en Galilée pour suivre la vie dans les kibboutz.

Dans le cas de la guerre civile irlandaise, la question ne se posait pas. Sur place, les choses s’imposaient naturellement à vous. Le sujet de Retour à Killibegs, est né du problème que j’ai rencontré avec l’un de mes amis. Sa trahison, ce n’est pas de l’info, cela touche autre chose. Je ne voulais surtout pas mettre un journaliste en scène. Je ne considère pas le journaliste comme un sujet mais un objet.

Le roman est inspiré de la vie du membre de l’IRA provisoire et du Sinn Féin, Denis Donalson, incarné dans le livre par Tyrone Meehan qui lui ressemble beaucoup…

Je me suis lancé sur ses traces pour suivre le processus du mensonge. En me mettant dans la peau de mon ami, je m’échappe un peu de l’histoire.  Denis Donalson est mort à 55 ans, pas à 81 ans comme dans le livre.

Il n’est pas né en Irlande du Sud mais à Belfast. Il n’a pas de fils mais une fille… On l’a tué pendant l’écriture du roman. L’épilogue lui rend un peu sa vraie mort. Tyrone Meehan est le seul personnage fictif du livre, tout le reste est rigoureusement fidèle à ce qui s’est passé.

Je voulais que l’on puisse retrouver la douille de chaque balle tirée, que tout concorde et que les historiens se disent : C’est marrant, je ne connais pas ce Tyrone Meehan. En même temps je n’avais pas la volonté de faire un livre historique ou un Que sais-je sur la guerre d’Irlande.

A travers l’histoire tragique de cet homme, c’est le climat destructeur de la guerre qui est restitué…

Le nationaliste irlandais Michael Collins qui mourut dans une embuscade tendue par ses anciens amis disait : « Je n’en veux pas à mes ennemis de défendre leur camp, je leur en veux d’avoir fait de moi un tueur ».

Denis Donalson abattu en 2006, n’a jamais répondu à l’IRA sur les raisons de sa trahison. Il ne m’a rien dit non plus, ni à moi, ni à sa famille. Il a gardé le silence jusque dans sa tombe. Ce silence douloureux m’a poussé à faire ce livre.

« Ton pays avait besoin d’être trahi comme tu avais besoin de le trahir » lui dit son ami d’enfance le père Byrne, dans un passage où la religion se manifeste de manière transcendantale, mais à d’autres endroits, elle intervient comme un paramètre important voire ambigu dans le conflit ?

Dans cet échange, il y a une résonance spirituelle entre les deux amis d’enfance. J’ai vu des prêtres s’adresser aux combattants en ces termes : « Donne-moi ta part de mort, on va la porter ensemble ». Mais finalement chacun restait à sa place. La question de la religion demeure complexe dans le cadre politique irlandais.

Les Loyalistes disaient que les Indépendantistes étaient soutenus par Rome, alors que les membres de L’IRA étaient poussés à l’excommunion. En 1981, les curés ont fermé les églises aux prisonniers catholiques – morts de la grève de la faim parce qu’ils souhaitaient obtenir le statut de prisonniers politiques – sous prétexte qu’ils s’étaient suicidés.

J’ai des moments forts en mémoire comme quand dans l’église, le prêtre dit : « Ne viennent communier que les hommes qui n’ont pas de sang sur les mains », et que tous les hommes sortent. Durant le conflit, ils étaient généralement plus opprimés par la police ou les paras militaires en tant que combattant qu’en tant que catholique.

L’histoire de Tyrone Meehan est celle d’un homme projeté malgré lui dans un conflit violent. Vous en tirez une méditation profonde sur la non résolution d’un problème politique qui se transforme en guerre civile…

La vraie question, tout le problème posé à la Grande-Bretagne, était de trouver une solution pour parvenir à la paix. Ce qu’elle a tardé à faire. Cette guerre fut l’expression d’une volonté politique. Les combattants d’hier sont ministres aujourd’hui.

Sans les armes, l’IRA ne serait pas parvenu à se faire entendre. Ils disent : « Dieu nous a fait cathos, les flingues nous ont rendu égaux ». C’était aussi une piqûre de rappel à nos portes au moment où nous manifestions contre l’apartheid. Je ne voulais pas éluder tout cela parce que mon personnage était fait de ça, de cet isolement, de cette impossibilité.

A travers lui, je voulais sentir le traître en moi. J’ai présenté récemment le livre à des lycéens et j’ai demandé à l’un d’entre eu ce qu’il aurait fait à la place de Tyrone. J’avais très peur de sa réponse. Et il a dit : « Je ne sais pas ». J’ai trouvé ça formidable.

Recueillis par Jean-Marie Dinh (Cesar)

(1) Retour à Killybegs, éditions Grasset. Sorj Chalandon a été journaliste au quotidien Libération de 1974 à 2007. Grand reporter puis rédacteur en chef adjoint. Auteur, il a aussi publié quatre romans chez Grasset dont Une promesse, Prix Médicis 2006, et Mon Traître, en 2008.

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La guerre d’indépendance d’Irlande (1969/ 1998)

Le conflit nord-irlandais, appelé aussi Les Troubles (The Troubles en anglais et Na Trioblóidi en irlandais), a concerné des organisations paramilitaires républicaines et loyalistes, des activistes politiques, des groupes de lutte pour les droits civiques, la police nord-irlandaise (RUC) et l’armée britannique.

Il débuta le 12 aout 1969 et s’acheva le 10 avril 1998 par la signature de l’Accord de Belfast. La violence continua cependant après cette date, mais de façon occasionnelle et à petite échelle.

Ce conflit s’est résumé en une répétition, pendant près de trente ans, d’actes d’une violence extrême entre des éléments de la communauté nationaliste d’Irlande du Nord, principalement catholique, et ceux de la communauté unioniste, principalement protestante. Il fut provoqué par l’opposition des nationalistes au statut de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni définit après la guerre d’indépendance de l’Irlande, et par la domination et la discrimination de la minorité nationaliste par la majorité unioniste.

L’Ulster dans la tourmente

Le conflit nord-irlandais va commencer de manière anodine. À la fin des années 1960, un mouvement pacifique en faveur de l’égalité et des droits civiques pour les catholiques voit le jour au sein des jeunes catholiques issus de la classe moyenne. Menés notamment par Bernadette Devlin, ils organisent des marches et des sit-in. En août 1968, un de leurs rassemblements pacifiques à Londonderry (« Derry » pour les Républicains) est violemment attaqué par la police nord irlandaise, la Royal Ulster Constabulary (RUC), composée à 90% de Protestants. Durant tout l’automne 1968, les manifestants catholiques sont ainsi victimes de violences et d’attaques de la part de la police, mais aussi de groupes protestants comme l’Orange Order (OO – Ordre Orange) ou l’UVF.

Dans le courant du printemps 1969, éclatent les premiers attentats, principalement œuvre des para-militaires protestants de l’UVF qui entendent terroriser la population catholique qui continue ses manifestations pour les droits civiques. Durant l’été, et devant la détérioration de la situation, le premier ministre d’Ulster fait appel aux unités spéciales de la RUC, les B. Specials, dont beaucoup de membres sont liés aux para-militaires protestants. Le 12 août 1969, une manifestation catholique est durement réprimée à Londonderry. Retranchés dans le quartier du Bogside, les catholiques subissent l’assaut des B. Specials de la RUC qui sont repoussés : mais on compte 8 morts et plusieurs centaines de blessés. Les quartiers catholiques se soulèvent tandis que les protestants passent à l’attaque des quartiers catholiques : le 16 août à Belfast, 150 maisons sont incendiées, 8 catholiques sont tués et 300 autres blessés.

Le 20 août 1969, le gouvernement britannique décide d’envoyer l’armée pour rétablir le calme. La tension cependant reste vive et l’IRA, en sommeil depuis des années, fait sa réapparition. Le 30 janvier 1972, l’armée britannique ouvre le feu sur une manifestation catholique. Il y a 14 morts en ce Bloody Sunday. Le 21 juillet, l’IRA réplique par un Bloody Friday : 22 bombes explosent à Belfast faisant 16 morts. L’Irlande du Nord s’enfonce dans la guerre.

Le 27 août 1979, Lord Louis Mountbatten, cousin de la reine et dernier vice-roi des Indes est tué dans l’explosion de son bateau, piégé par l’IRA.

La période sera notamment marquée en 1981 par les grèves de la faim de détenus catholiques souhaitant obtenir le statut de prisonniers politiques ; dix d’entre eux en mourront devant l’intransigeance de Margaret Thatcher, dont Bobby Sands, membre de l’IRA et élu député Sinn Féin de Belfast-Ouest depuis sa prison. Cette élection marque d’ailleurs un tournant dans la vie politique nord-irlandaise puisque le Sinn Féin, jusqu’alors absent des élections, prouve ainsi sa représentativité.

En octobre 1984, une bombe posée par l’IRA explose au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du parti conservateur non loin de la « dame de fer » et de plusieurs membres de son gouvernement.

La lente résolution du conflit

Le 20 mars 1993, l’IRA est responsable d’un attentat à la bombe à Warrington, la veille de la fête des mères, alors que des dizaines d’enfants sont dans les rues à la recherche d’un cadeau. Deux enfants sont tués, Jonathan Ball (3ans) et Tim Parry (12ans). À partir de ce moment l’Armée Républicaine perd son statut de défenseur des opprimés (qu’elle avait acquis après le Bloody Sunday) et devient pour l’opinion publique (les catholiques comme les protestants) une cruelle organisation terroriste. Par conséquent elle perd un grand nombre de ses soutiens et sa légitimité. Sous la pression du Président Clinton, l’IRA déclare un premier cessez-le-feu en 1994, ce qui permet aux différents acteurs politiques d’engager des discussions. Mais cette trève n’avait pas été suivie d’un désarmement, et en 1996 une attaque survient à Docklands (Londres) ralentissant le processus politique.

Il faut attendre l’année 1998 pour voir s’amorcer un processus de paix durable bien que fragile. Le 10 avril, un accord dit « du Vendredi Saint » (Good Friday Agreement) est signé par huit partis politiques dont le principal parti extrémiste unioniste le Democratic Ulster Party (DUP) et la branche politique de l’IRA, le Sinn Féin, grâce à la médiation américaine de George Mitchell. L’accord porte notamment sur l’élection d’une assemblée locale et un cessez le feu, suivi d’un désarmement de la plupart des organisations para-militaires. Le peuple irlandais a massivement approuvé la signature de l’accord par référendum (74% de OUI en Irlande du Nord et 94% en République d’Irlande). Cet accord a cependant été dénoncé par une fraction dissidente du Sinn Féin apparue en 1986, le Republican Sinn Féin, ainsi que par certains extrémistes de l’IRA qui poursuivent la lutte armée sous le sigle C-IRA (Continuity IRA). Du côté protestant, les para-militaires de la Loyalist Volunteer Force (LVF – Force des Volontaires Loyalistes) ou des Red Hand Defenders (RHD – Défenseurs de la Main Rouge) ont eux aussi refusé de désarmer, tout comme la plupart des autres petits groupes para-militaires protestants.

Ces efforts ont été encouragés par la Communauté Internationale à travers l’attribution du Prix Nobel de la paix 1998 aux deux leaders des partis nord-irlandais démocrates opposés signataires: John Hume pour le Social Democratic and Labour Party (Républicain) et David Trimble pour le Ulster Unonist Party (Unioniste).

Le 11 février 2000 marque la première suspension des institutions. Les protestants demandent le désarmement de l’IRA.

Mais cet accord reste fragile, comme le montrent les élections à l’Assemblée Nord-Irlandaise le 27 novembre 2003 dont les vainqueurs sont d’une part le DUP (25,6%) et d’autre part le Sinn Féin (23,5%), c’est-à-dire les porte-paroles respectifs des partis les plus extrémistes de chaque communauté. D’une façon générale la violence demeure larvée et les principaux acteurs du conflit restent sur la défensive. Le processus de paix est à la merci du moindre dérapage politique ou militaire.

Néanmoins, le 28 juillet 2005, l’IRA dépose les armes et renonce à la lutte armée. Dans un communiqué officiel, l’organisation informe qu’elle a demandé à ses membres de lutter pour la réunification de l’Irlande et la fin de la tutelle britannique sur l’Irlande du Nord par des moyens politiques. Cependant, étant donné que l’IRA était une organisation secrète, le processus de désarmement s’annonce précaire car malgré les mesures d’amnistie, la certitude ne sera jamais acquise que toutes les armes auront été rendues. Seuls le temps et le maintien de la volonté de résoudre le conflit pacifiquement pourront mettre un terme définitif à la violence.

Les premiers ministres britannique et irlandais relancent le processus de paix à Saint Andrews (Écosse), le 13 octobre 2006.

Le 28 janvier 2007, le Sinn Féin, après un vote de ses militants à 90%, a annoncé reconnaître la légitimité de la police et de la justice nord-irlandaises. Cette décision pourrait permettre de conclure le processus de paix lancé par les accords du vendredi saint de 1998. L’application de ces accords, qui prévoyaient un partage du pouvoir entre les deux communautés, est suspendue depuis 2002. La Grande-Bretagne a dissous mardi 30 janvier 2007, l’Assemblée d’Irlande du Nord, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles élections pour parvenir à un partage du pouvoir dans la province. Celles-ci ont eu lieu le 7 mars 2007, et ont été de nouveau gagnées par le DUP et le Sinn Féin.Le Parti unioniste démocratique de Ian Paisley a remporté 36 des 108 sièges de l’Assemblée d’Irlande du Nord (+ 6 sièges par rapport à 2003). Le Sinn Féin de Gerry Adams détient 28 sièges (+4). Les formations modérées de chaque camp ont baissé : 18 élus chez les protestants et à 16 chez les catholiques. La Grande-Bretagne et l’Irlande ont exhorté chaque camp à s’accorder sur un partage du pouvoir. « Le message de l’électorat est clair », ont déclaré dans un communiqué commun le Premier ministre britannique, Tony Blair, et son homologue irlandais, Bertie Ahern. Celui a également ajouté : « Nous avons fait des bonds de géant par le passé, aujourd’hui il faut que le DUP en fasse un autre, notamment en s’associant aux nationalistes au sein du gouvernement ». Lundi 26 mars 2007, les leaders des deux partis majoritaires se sont entendus sur un partage du pouvoir à partir du 8 mai 2007.

Peter Hain, le ministre britannique à l’Irlande du Nord a signé lundi 7 mai 2007 le décret permettant la formation d’un gouvernement semi-autonome de l’Irlande du Nord, administrée précédemment par Londres. Le révérend Paisley qui dirige le Parti unioniste démocrate (DUP) et Martin McGuinness, numéro deux de Sinn Féin ont prêté serment mardi 8 mai 2007 pour devenir respectivement le nouveau Premier ministre nord-irlandais et le vice-Premier ministre . Les Premiers ministres britannique Tony Blair et irlandais Bertie Ahern ont assisté à la cérémonie à Stormont, le siège de l’assemblée régionale – un vaste palais blanc autrefois symbole du pouvoir protestant.

Voir aussi : Rubrique Irlande, rubrique Grande-Bretagne, rubrique Histoire,

Meurtre d’un ancien membre du Sinn Fein qui espionna pour Londres

La police irlandaise a ouvert une enquête pour meurtre après la découverte, mardi 4 avril, du corps mutilé d’un ancien membre du Sinn Fein, Denis Donaldson, qui avait reconnu en 2005 avoir espionné ses camarades républicains irlandais pour le compte des forces de sécurité britanniques.

La découverte de l’homme, âgé d’environ 55 ans, a eu lieu dans le comté de Donegal, dans le nord-ouest de la République d’Irlande. L’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui, comme le Sinn Fein, aspire à la fin de la présence britannique en Irlande du Nord, a démenti toute responsabilité dans la mort de Donaldson. « L’IRA n’est impliquée d’aucune manière dans la mort de Denis Donaldson », affirme un communiqué laconique de l’organisation. Gerry Adams, leader du Sinn Fein, a condamné lui aussi le meurtre, estimant qu’il risquait de porter un coup aux efforts pour rétablir dans ses fonctions le gouvernement biconfessionnel d’Irlande du Nord. « Il est probable que sa mort, à un moment pareil, vise à saboter les efforts en cours pour avancer sur le plan politique. Ceux qui ont commis ce meurtre sont de toute évidence hostiles au processus de paix », a-t-il dit.

« La police traite cette affaire comme un homicide et non pas comme un suicide », a déclaré le ministre de la justice irlandais, Michael McDowell. « Ils ont découvert le corps avec une blessure par balles à la tête », a-t-il expliqué à la chaîne Sky Television. Le gouvernement irlandais a par ailleurs condamné un « meurtre cruel », dans un communiqué : « Nous espérons que l’auteur de cet acte odieux, quel qu’il soit, sera livré aussi vite que possible à la justice. » Par la voix de son porte-parole, Peter Hain, secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord, s’est dit « scandalisé par cet acte barbare ».

AU SERVICE DE LONDRES

Condamné en tant qu’artificier de l’IRA, Denis Donaldson a côtoyé en prison Gerry Adams, aujourd’hui chef de file du Sinn Fein, et dirigé la section internationale du mouvement républicain. Il avait été à nouveau arrêté en 2002 en compagnie de deux autres suspects et accusé d’espionnage au profit du Sinn Fein au sein de l’Assemblée d’Irlande du Nord, aujourd’hui en sommeil, créé en 1998 par les accords du Vendredi saint. Il avait par la suite reconnu avoir été pendant vingt ans agent au service des Britanniques. Vivant caché depuis ces révélations, il avait exprimé des regrets et présenté ses excuses à sa famille et au mouvement républicain. Gerry Adams avait expliqué en décembre 2005 que Donaldson s’était confié au parti après avoir été informé par la police du fait qu’il était sur le point d’être démasqué et que sa vie était en danger.

Le premier ministre britannique, Tony Blair, et son homologue irlandais, Bertie Ahern, sont attendus cette semaine en Irlande du Nord pour tenter de remettre sur pied le Parlement biconfessionnel de la province, dont les activités ont cessé il y a trois ans, en partie en raison des soupçons d’espionnage au profit du Sinn Fein qui pesaient sur Denis Donaldson.

Voir aussi : Rubrique Irlande, rubrique Grande-Bretagne,