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Il débuta le 12 aout 1969 et s’acheva le 10 avril 1998 par la signature de l’Accord de Belfast. La violence continua cependant après cette date, mais de façon occasionnelle et à petite échelle.
Ce conflit s’est résumé en une répétition, pendant près de trente ans, d’actes d’une violence extrême entre des éléments de la communauté nationaliste d’Irlande du Nord, principalement catholique, et ceux de la communauté unioniste, principalement protestante. Il fut provoqué par l’opposition des nationalistes au statut de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni définit après la guerre d’indépendance de l’Irlande, et par la domination et la discrimination de la minorité nationaliste par la majorité unioniste.
L’Ulster dans la tourmente
Le conflit nord-irlandais va commencer de manière anodine. À la fin des années 1960, un mouvement pacifique en faveur de l’égalité et des droits civiques pour les catholiques voit le jour au sein des jeunes catholiques issus de la classe moyenne. Menés notamment par Bernadette Devlin, ils organisent des marches et des sit-in. En août 1968, un de leurs rassemblements pacifiques à Londonderry (« Derry » pour les Républicains) est violemment attaqué par la police nord irlandaise, la Royal Ulster Constabulary (RUC), composée à 90% de Protestants. Durant tout l’automne 1968, les manifestants catholiques sont ainsi victimes de violences et d’attaques de la part de la police, mais aussi de groupes protestants comme l’Orange Order (OO – Ordre Orange) ou l’UVF.
Dans le courant du printemps 1969, éclatent les premiers attentats, principalement œuvre des para-militaires protestants de l’UVF qui entendent terroriser la population catholique qui continue ses manifestations pour les droits civiques. Durant l’été, et devant la détérioration de la situation, le premier ministre d’Ulster fait appel aux unités spéciales de la RUC, les B. Specials, dont beaucoup de membres sont liés aux para-militaires protestants. Le 12 août 1969, une manifestation catholique est durement réprimée à Londonderry. Retranchés dans le quartier du Bogside, les catholiques subissent l’assaut des B. Specials de la RUC qui sont repoussés : mais on compte 8 morts et plusieurs centaines de blessés. Les quartiers catholiques se soulèvent tandis que les protestants passent à l’attaque des quartiers catholiques : le 16 août à Belfast, 150 maisons sont incendiées, 8 catholiques sont tués et 300 autres blessés.
Le 20 août 1969, le gouvernement britannique décide d’envoyer l’armée pour rétablir le calme. La tension cependant reste vive et l’IRA, en sommeil depuis des années, fait sa réapparition. Le 30 janvier 1972, l’armée britannique ouvre le feu sur une manifestation catholique. Il y a 14 morts en ce Bloody Sunday. Le 21 juillet, l’IRA réplique par un Bloody Friday : 22 bombes explosent à Belfast faisant 16 morts. L’Irlande du Nord s’enfonce dans la guerre.
Le 27 août 1979, Lord Louis Mountbatten, cousin de la reine et dernier vice-roi des Indes est tué dans l’explosion de son bateau, piégé par l’IRA.
La période sera notamment marquée en 1981 par les grèves de la faim de détenus catholiques souhaitant obtenir le statut de prisonniers politiques ; dix d’entre eux en mourront devant l’intransigeance de Margaret Thatcher, dont Bobby Sands, membre de l’IRA et élu député Sinn Féin de Belfast-Ouest depuis sa prison. Cette élection marque d’ailleurs un tournant dans la vie politique nord-irlandaise puisque le Sinn Féin, jusqu’alors absent des élections, prouve ainsi sa représentativité.
En octobre 1984, une bombe posée par l’IRA explose au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du parti conservateur non loin de la « dame de fer » et de plusieurs membres de son gouvernement.
La lente résolution du conflit
Le 20 mars 1993, l’IRA est responsable d’un attentat à la bombe à Warrington, la veille de la fête des mères, alors que des dizaines d’enfants sont dans les rues à la recherche d’un cadeau. Deux enfants sont tués, Jonathan Ball (3ans) et Tim Parry (12ans). À partir de ce moment l’Armée Républicaine perd son statut de défenseur des opprimés (qu’elle avait acquis après le Bloody Sunday) et devient pour l’opinion publique (les catholiques comme les protestants) une cruelle organisation terroriste. Par conséquent elle perd un grand nombre de ses soutiens et sa légitimité. Sous la pression du Président Clinton, l’IRA déclare un premier cessez-le-feu en 1994, ce qui permet aux différents acteurs politiques d’engager des discussions. Mais cette trève n’avait pas été suivie d’un désarmement, et en 1996 une attaque survient à Docklands (Londres) ralentissant le processus politique.
Il faut attendre l’année 1998 pour voir s’amorcer un processus de paix durable bien que fragile. Le 10 avril, un accord dit « du Vendredi Saint » (Good Friday Agreement) est signé par huit partis politiques dont le principal parti extrémiste unioniste le Democratic Ulster Party (DUP) et la branche politique de l’IRA, le Sinn Féin, grâce à la médiation américaine de George Mitchell. L’accord porte notamment sur l’élection d’une assemblée locale et un cessez le feu, suivi d’un désarmement de la plupart des organisations para-militaires. Le peuple irlandais a massivement approuvé la signature de l’accord par référendum (74% de OUI en Irlande du Nord et 94% en République d’Irlande). Cet accord a cependant été dénoncé par une fraction dissidente du Sinn Féin apparue en 1986, le Republican Sinn Féin, ainsi que par certains extrémistes de l’IRA qui poursuivent la lutte armée sous le sigle C-IRA (Continuity IRA). Du côté protestant, les para-militaires de la Loyalist Volunteer Force (LVF – Force des Volontaires Loyalistes) ou des Red Hand Defenders (RHD – Défenseurs de la Main Rouge) ont eux aussi refusé de désarmer, tout comme la plupart des autres petits groupes para-militaires protestants.
Ces efforts ont été encouragés par la Communauté Internationale à travers l’attribution du Prix Nobel de la paix 1998 aux deux leaders des partis nord-irlandais démocrates opposés signataires: John Hume pour le Social Democratic and Labour Party (Républicain) et David Trimble pour le Ulster Unonist Party (Unioniste).
Le 11 février 2000 marque la première suspension des institutions. Les protestants demandent le désarmement de l’IRA.
Mais cet accord reste fragile, comme le montrent les élections à l’Assemblée Nord-Irlandaise le 27 novembre 2003 dont les vainqueurs sont d’une part le DUP (25,6%) et d’autre part le Sinn Féin (23,5%), c’est-à-dire les porte-paroles respectifs des partis les plus extrémistes de chaque communauté. D’une façon générale la violence demeure larvée et les principaux acteurs du conflit restent sur la défensive. Le processus de paix est à la merci du moindre dérapage politique ou militaire.
Néanmoins, le 28 juillet 2005, l’IRA dépose les armes et renonce à la lutte armée. Dans un communiqué officiel, l’organisation informe qu’elle a demandé à ses membres de lutter pour la réunification de l’Irlande et la fin de la tutelle britannique sur l’Irlande du Nord par des moyens politiques. Cependant, étant donné que l’IRA était une organisation secrète, le processus de désarmement s’annonce précaire car malgré les mesures d’amnistie, la certitude ne sera jamais acquise que toutes les armes auront été rendues. Seuls le temps et le maintien de la volonté de résoudre le conflit pacifiquement pourront mettre un terme définitif à la violence.
Les premiers ministres britannique et irlandais relancent le processus de paix à Saint Andrews (Écosse), le 13 octobre 2006.
Le 28 janvier 2007, le Sinn Féin, après un vote de ses militants à 90%, a annoncé reconnaître la légitimité de la police et de la justice nord-irlandaises. Cette décision pourrait permettre de conclure le processus de paix lancé par les accords du vendredi saint de 1998. L’application de ces accords, qui prévoyaient un partage du pouvoir entre les deux communautés, est suspendue depuis 2002. La Grande-Bretagne a dissous mardi 30 janvier 2007, l’Assemblée d’Irlande du Nord, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles élections pour parvenir à un partage du pouvoir dans la province. Celles-ci ont eu lieu le 7 mars 2007, et ont été de nouveau gagnées par le DUP et le Sinn Féin.Le Parti unioniste démocratique de Ian Paisley a remporté 36 des 108 sièges de l’Assemblée d’Irlande du Nord (+ 6 sièges par rapport à 2003). Le Sinn Féin de Gerry Adams détient 28 sièges (+4). Les formations modérées de chaque camp ont baissé : 18 élus chez les protestants et à 16 chez les catholiques. La Grande-Bretagne et l’Irlande ont exhorté chaque camp à s’accorder sur un partage du pouvoir. « Le message de l’électorat est clair », ont déclaré dans un communiqué commun le Premier ministre britannique, Tony Blair, et son homologue irlandais, Bertie Ahern. Celui a également ajouté : « Nous avons fait des bonds de géant par le passé, aujourd’hui il faut que le DUP en fasse un autre, notamment en s’associant aux nationalistes au sein du gouvernement ». Lundi 26 mars 2007, les leaders des deux partis majoritaires se sont entendus sur un partage du pouvoir à partir du 8 mai 2007.
Peter Hain, le ministre britannique à l’Irlande du Nord a signé lundi 7 mai 2007 le décret permettant la formation d’un gouvernement semi-autonome de l’Irlande du Nord, administrée précédemment par Londres. Le révérend Paisley qui dirige le Parti unioniste démocrate (DUP) et Martin McGuinness, numéro deux de Sinn Féin ont prêté serment mardi 8 mai 2007 pour devenir respectivement le nouveau Premier ministre nord-irlandais et le vice-Premier ministre . Les Premiers ministres britannique Tony Blair et irlandais Bertie Ahern ont assisté à la cérémonie à Stormont, le siège de l’assemblée régionale – un vaste palais blanc autrefois symbole du pouvoir protestant.
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