Languedoc-Roussillon
Depuis trois ans, l’étendard régional du Languedoc-Roussillon qui rassemblait sous sa bannière un vaste panel de la production régionale ne flotte plus au salon parisien. En raison du coût prohibitif du mètre carré, mais aussi de la volonté des éditeurs. On se souvient du tumulte de l’année dernière où de grands éditeurs dont Bayard et le groupe Hachette (Fayard, Grasset, Stock…) rejoints par plusieurs conseils régionaux avaient boycotté le salon pour protester contre le prix de location des stands. Cette année les prix ont baissé de 30% mais la durée de la manifestation s’est réduite dans les mêmes proportions…
« La décision du Conseil régional de ne plus louer de stand était en partie liée à la volonté des éditeurs, explique Christophe Bara le responsable des éditions l’Entretemps qui préside l’Association pour le développement de l’édition en région (L’Ader), chaque maison d’édition développe son identité et ses réseaux. Vu de l’extérieur un stand régional n’offre pas la meilleure des visibilités pour les lecteurs. »
A chacun ses choix
Si l’économie réalisée pour la collectivité n’est pas venue abonder le budget de LR2L qui reste constant, les éditeurs de la région ont la possibilité d’être soutenus individuellement lorsqu’ils se déplacent sur les salons. Certains préfèrent se rendre au Salon du livre de Francfort, plus axé sur les échanges entre professionnels. « Le grand rendez-vous du livre parisien est une occasion pour porter nos productions à la connaissance de 30% des lecteurs français, » rappelle tout de même le représentant des éditions Au Diable Vauvert. Cela, même si le retour sur investissement n’est pas direct. « L’année dernière, à l’occasion de son dixième anniversaire, Le Diable a réalisé 11 000 euros de CA, soit 1% de son chiffre annuel sur le salon pour 35 000 investis. »
A chacun ses engagements
Le métier d’éditeur demeure une profession à risque. Outre l’incertitude économique, la liberté du choix éditorial s’accompagne de nombreux devoirs. L’éditeur est responsable de ce qu’il publie. Il doit aussi assurer des responsabilités graphiques et techniques, dans le suivi de fabrication ainsi que le difficile choix de la distribution. Le contrat signé avec les auteurs concerne sa rémunération comme l’engagement à promouvoir ses ouvrages dont la durée de vie imposée par le marché ne cesse de se réduire. « Nous allons sur un salon pour défendre l’ensemble de notre catalogue qui compte 600 titres disponibles » insiste à ce sujet le représentants des éditions Fata Morgana.
Dans un environnement rattrapé par les méthodes de gestion modernes et soumis aux mutations technologiques, il revient, dans une certaine mesure, aux collectivités publiques de mettre en valeur la contribution de cette profession à la vie culturelle, intellectuelle, linguistique, artistique et sociale. A l’image du phénomène littéraire de la fin de l’année 2010, signé par Stéphane Hessel et mis au monde par les éditions montpelliéraines Indigène dédiées aux arts et aux savoirs des cultures non industrielles du monde.
Jean-Marie Dinh
(1) 6 pieds sous terre, Altercomics, L’arachnoïde, Chèvre-feuille étoilée, Au diable Vauvert, Fata Morgana, H&O, Indigène, TDO, Verdier,
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