La croissance allemande profite à l’Europe

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L’Allemagne a permis à l’économie de la zone euro de connaître au deuxième trimestre sa plus forte croissance depuis plus de trois ans. Pour la presse européenne, il est toutefois trop tôt pour céder à l’euphorie car l’économie allemande est trop dépendante des exportations.

La croissance allemande est dangereusement unilatérale

La croissance de l’économie allemande a été plus forte que prévu au deuxième trimestre. Mais la crise n’est pas encore terminée, estime le journal économique libéral Financial Times Deutschland : « Si la croissance locale est aussi forte actuellement, c’est avant tout parce qu’elle avait atteint la valeur plancher historique de – 4,7 pour cent l’année dernière. Dans les deux cas, cela est lié à la dominante exportatrice de l’économie nationale allemande et à l’importance dangereusement faible de la conjoncture intérieure. Le sort des entreprises nationales dépend du développement aux Etats-Unis et dans des pays émergents comme la Chine. Mais pour ces pays, les premiers indicateurs sont à la baisse déjà depuis un certain temps – et la vitesse de la croissance allemande devrait donc connaître un ralentissement correspondant. Il se pourrait que la croissance soit bien plus faible à la fin de l’année que celle enregistrée au printemps. » (16.08.2010)

Financial Times Deutschland – Allemagne

Une dépendance trop forte aux exportations

Vue la dépendance de l’économie tchèque à l’économie allemande, le quotidien conservateur Lidové noviny se réjouit de la croissance allemande, tout en incitant à ne pas céder à l’euphorie : « La relance est vraiment forte, mais elle ne devrait pas durer très longtemps. Les exportateurs allemands ont bien vendu aux Etats-Unis et en Chine. Mais l’économie s’affaiblit à Pékin et on évoque même déjà une nouvelle récession en Amérique. L’Allemagne ne peut pas compter sur ses clients européens. … Le succès des exportations, composant l’avantage majeur des Allemands, constitue en même temps leur poste le plus vulnérable. Aucune autre économie que celle de l’Allemagne n’est aussi dépendante de la croissance d’autres pays. »

Lidové noviny République Tchéque (14.08.2010)

Economie en déséquilibre

La croissance dans la zone euro repose avant tout sur les exportations importantes de certains pays. Sans l’Allemagne et les Pays-Bas, la croissance ne s’élèverait qu’à un demi pour cent. On risque d’aboutir à un nouveau déséquilibre entre pays excédentaires et pays déficitaires, met en garde le quotidien libéral NRC Handelsblad : « Au sein de la zone euro aussi, le fossé entre les exportateurs nets du Nord et les pays majoritairement importateurs du Sud ne fait que s’agrandir. Les dernières années ont montré qu’un déséquilibre mondial trop important contribuait à générer des catastrophes financières, de la crise internationale du crédit à celle de la dette européenne. Il n’est pas possible que la planète revienne à ces rapports économiques. La reprise économique est fragile si elle ne repose que sur les exportations. Les investissements et une consommation accrue en font également partie. C’est une question d’intérêt international et particulier. »

NRC Handelsblad – Pays-Bas

L’externalisation, source de la reprise

La reprise économique allemande est le résultat d’exportations stimulées par une politique de délocalisation, écrit le journal économique Il Sole 24 Ore : « Il faut chercher l’une des raisons de la réussite allemande dans l’époque consécutive à la réunification et dans les décisions prises dans le cadre de l’élargissement européen. Au milieu des années 1990 a débuté la ‘poussée vers l’Est’. … L’industrie allemande a sauté sur l’occasion pour délocaliser vers la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque des structures d’entreprise qui pénalisaient la compétitivité [en raison de leurs coûts élevés]. Malgré … le risque de chômage, un autre aspect de l’externalisation s’est révélé avec le temps. Les entreprises allemandes ont considérablement augmenté leur productivité et ont pu se mesurer à la concurrence … des entreprises asiatiques. En outre, la demande intérieure en travailleurs qualifiés a aussi augmenté de nouveau avec le temps. »

Il Sole 24 Ore – Italie (15.08.2010)