Capgemini emploie désormais plus de salariés en Inde qu’en France

Le groupe français de conseil et services informatiques Capgemini compte depuis le troisième trimestre davantage d’employés en Inde qu’en France, conformément à ses prévisions, a-t-on appris mardi auprès de l’entreprise.

Lors de la présentation de ses résultats semestriels, le 30 juillet, le directeur général de Capgemini Paul Hermelin avait indiqué espérer atteindre ce ratio « au second semestre ». « L’effectif indien a dépassé au cours du troisième trimestre l’effectif français. Dans les deux cas, cela se situe aux alentours de 20.000 personnes », a déclaré à l’AFP une porte-parole, confirmant une information des Echos.

Les chiffres précis seront communiqués lors de la présentation des résultats du troisième trimestre, le 5 novembre, a-t-elle ajouté. Les Echos avancent le chiffre de 20.100 salariés en Inde (contre 19.950 en juin) et de 20.000 en France (contre 20.475 en juin).

« L’Inde est au coeur de la stratégie » du groupe qui vise à garantir « une continuité avec les clients (…) dans les pays historiques du groupe », tout en bénéficiant « de plateformes off-shore qui permettent d’avoir des ingénieurs de très grande qualité et des coûts compétitifs », a expliqué la porte-parole.

« Les compétences des deux sont complémentaires », a-t-elle ajouté, précisant: « c’est grâce à cela qu’on se développe et qu’on protège l’emploi » dans les pays historiques. Selon le Munci, l’association professionnelle des informaticiens, un ingénieur indien gagne 6.000 à 8.000 euros par an, contre 30 à 35.000 euros pour un débutant en France.

En 2008, Capgemini avait recruté 4.000 personnes en France. Au premier semestre 2009, 600 l’ont été, sur 5.500 dans le monde (dont 47% off-shore). Au second semestre, les recrutements en France devraient être « du même ordre de grandeur », a indiqué la porte-parole.

En mars, le groupe français de services informatiques Steria avait fait savoir que l’Inde pourrait détrôner cet été la France et ses 6.000 employés. Interrogé par l’AFP, une porte-parole de Steria n’a pas pu dans l’immédiat précisé si c’était désormais le cas.

Le budget 2010 soigne les entreprises, surtout les grandes

 Les organisations patronales mettent en avant la taxe carbone, qui sera inscrite dans le projet de budget présenté le 30 septembre, pour déplorer, à l’instar du Medef, « plus de 2 milliards d’euros de prélèvements obligatoires nouveaux pour les entreprises ».

Mais les recettes de cette taxe seront en partie redistribuées aux professions les plus exposées à cet impôt écologique, comme les agriculteurs, les pêcheurs et les transporteurs routiers. Et, comme le note le président de la commission des Finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis, « les entreprises répercuteront la taxe carbone sur les prix, donc elle sera in fine supportée par les ménages ».

Surtout, après la réforme de la taxe professionnelle (TP), également au menu du projet de loi de finances (PLF), les entreprises verseront 6 à 7 milliards d’euros de moins qu’auparavant en année pleine.

Car les investissements productifs ne seront plus taxés. Une « victoire du Medef », de l’aveu même de sa présidente Laurence Parisot. D’autant que les mesures envisagées pour ménager les sociétés de services gourmandes en main d’oeuvre, qui risquaient d’y perdre, « vont dans le bon sens », selon la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).

Qui plus est, la suppression de l’impôt forfaitaire annuel (IFA) entamée l’an dernier devrait être étendue comme prévu l’an prochain aux entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 15 millions d’euros. Ce qui profitera à 130.000 sociétés supplémentaires après 210.000 bénéficiaires déjà en 2009.

« Tout compte fait, il y aura un allègement de fiscalité sur les entreprises », assure le secrétaire d’Etat aux PME Hervé Novelli. « En temps de crise, les pouvoirs publics doivent les accompagner », insiste-t-il.

Pour l’économiste Jean-Pierre Vesperini, professeur à l’université de Rouen, « cette politique est la bonne ». « Il faut réduire la pression fiscale sur les entreprises pour relancer l’investissement, redonner du moral aux industriels et remédier à l’insuffisance de compétitivité du pays ».

L’efficacité de la réforme de la TP fait toutefois débat.

« L’impact économique, difficile à mesurer, risque d’être extrêmement modéré sur la reprise de l’investissement dans les conditions actuelles », estime Thomas Chalumeau, directeur des questions économiques à la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste.

« La réforme de la TP bénéficiera surtout aux grandes et très grandes entreprises, alors que ce sont les PME et les très petites entreprises (TPE) qui souffrent des plus gros problèmes de financement », explique-t-il.

Un constat que partage Karine Berger, directrice des études de l’assureur-crédit Euler Hermes, qui préconise une reconduction des « moratoires de dettes fiscales et sociales » des PME décidés en pleine crise, au cas par cas, pour les aider à passer un cap difficile en termes de trésorerie.

« Ces mesures ont été une vraie bouée de sauvetage, mais toutes les informations dont on dispose indiquent qu’elles ne seront pas reconduites en l’état pour 2010 », relève-t-elle.

« Paradoxalement, c’est justement maintenant que la trésorerie devient intenable pour les PME, car elles ont épuisé leurs réserves pour tenir le coup », met en garde cette économiste, soulignant que le rythme des défaillances d’entreprises a de nouveau accéléré fin août (+23% sur un an).