Il y avait de la gravité, des doutes, de l’espoir aussi lors du premier rassemblement des membres du Collectif coursiers à Paris, dimanche 11 septembre, devant le château de Vincennes.
Né sur Facebook en mai 2016, puis devenu une association, ce groupe, qui compte un millier de personnes, a pour vocation de rassembler les livreurs de repas à vélo qui travaillent pour des plates-formes de livraison des repas, telles que Foodora, Deliveroo, Tok Tok Tok, etc., en tant qu’autoentrepreneur, un statut imposé par ces entreprises. Se rassembler et s’organiser en prévision d’éventuels coups durs que certains sentaient venir dans ce secteur en plein essor.
Fermeture de Take Eat Easy
Ce qui n’a pas tardé à arriver : le 26 juillet à 9 heures, la start-up Take Eat Easy (TEE), née trois ans plus tôt en Belgique, annonçait à ses livreurs sa fermeture immédiate pour cause de faillite. Début septembre, c’est au tour du français Tok Tok Tok d’annoncer sa fermeture et son rachat par « l’un des leaders du secteur ». Selon TechCrunch, il s’agirait du britannique Just Eat, qui a déjà acquis AlloResto en 2012.
La fermeture de TEE a provoqué un choc chez ses 2 500 coursiers en France, 4 500 en Europe : plus de travail, pas de paiement des courses effectuées en juillet, pas d’indemnités chômage. Selon les cas, la dette de TEE varie de 70 euros à 20 000 euros.
La nouvelle a poussé les coursiers à engager des actions pour tenter de récupérer leur dû. Pas simple : en tant qu’autoentrepreneurs, ils ne percevront rien, théoriquement, de la part du régime de garantie des salaires, l’AGS. A moins qu’ils soient reconnus comme salariés déguisés en indépendants. C’est cette requalification que vont demander au conseil des prud’hommes « une trentaine de livreurs », précise Jérôme Pimot, l’un des leaders du collectif.