Théâtre municipal : le maire de Villeneuve-lès-Maguelone s’isole

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Le premier magistrat refuse les partenariats croisés du théâtre.

Mais quelle mouche a piqué Noël Ségura, le maire (Dvg) de Villeneuve-lès-Maguelone déterminé contre vent et marée à la disparition de la scène nationale jeune public qui rayonne depuis vingt-deux ans sur sa commune ? Le maire a déclaré mardi devant la presse l’arrêt pur est simple de la scène conventionnée faisant état de sa volonté de reprendre en main la destinée du théâtre municipal. L’origine de cette décision comme la méthode pour y parvenir semblent plus que mystérieuses. On a beau fouiller, on ne trouvera rien de « gauchiste» ou d’une quelconque atteinte aux bonnes moeurs dans la programmation artistique du lieu placé sous le signe de la curiosité et de l’ouverture d’esprit.

Un choix politique

L’argument budgétaire évoqué par le maire qui fait état d’un lourd endettement de la commune pourrait être recevable s’il n’était pas écorné par le vote en conseil municipal du financement d’un dispositif de caméra de surveillance pour un montant de 430 000 euros quand la part de la ville pour l’écrin culturel dont bénéficie largement la population s’élève à une subvention annuelle de 93 000 euros. Par la voix de Serge Desseigne (PCF) l’opposition pointe sur ce sujet un choix politique. « Ce théâtre est un fantastique outil de cohésion sociale pour le village. A travers des programmes de grande qualité on éduque les enfants et la jeunesse à s’ouvrir sur l’autre, au refus de la stigmatisation. Effacer tout ce travail d’un revers de main et voter la télésurveillance en dit long sur le projet politique de M. Ségura

Sur la méthode pour le moins expéditive de Joël Ségura et l’autoritarisme forcené dont il a fait preuve, certains points du dossier devront être éclaircis. Une chose est sûre, alors que les maires n’en finissent plus de déplorer les restrictions budgétaires, on n’a jamais vu un maire refuser le financement croisé d’un outil culturel sur sa commune.

Hier Noël Ségura s’est payé le luxe de bouder une réunion où l’Etat, la Région et le Département, prêts à reconduire leurs financements pluriannuels, étaient réunis pour trouver des solutions. «Je suis capable de prendre une compagnie, la payer, pour que les enfants voient un spectacle,» indiquait-il mardi. Voilà qui devrait rassurer les Villeneuvois très mobilisés pour le maintien de la scène nationale.

Le travail consolidé depuis de longues années entre le corps enseignant et le théâtre explique son implication dans le collectif de défense au côté de la Fédération des parents d’élèves et de beaucoup de parents en leur nom propre. « De la maternelle à la 3e, tous les élèves se rendent plusieurs fois par an au théâtre pour y voir des spectacles et y rencontrer des artistes confie, l’un d’eux. Le théâtre édite même un carnet de bord remis aux élèves de moyenne section qu’ils gardent pour y consigner leur impressions jusqu’en CM2 à raison d’à peu près cinq spectacles par an. »

Rendez-vous au tribunal

La décision du maire afflige également les nombreux spectateurs montpelliérains et héraultais qui fréquentaient assidûment le théâtre ainsi que les commerces de proximité qui en bénéficiaient.

Le prochain rendez-vous de cette curieuse affaire se tient lundi 9 mars à 14h30 au Tribunal administratif de Montpellier où le collectif de soutien au théâtre invite ses défenseurs à assister à l’audience publique. La requête en référé de l’association Bérenger de Frédol demande la suspension de la fermeture qui pourrait permettre à la saison de s’achever et d’éviter aux trois salariés de l’association un licenciement sec et immédiat.

Jean-Marie Dinh

Source L’Hérault du Jour : 05/03/2015

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Écueil pour la scène nationale jeune public de Villeneuve

imagesPolitique culturelle. Suite à une réduction inattendue de la subvention municipale, le Théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone voit son avenir menacé. L’Etat et la Région assurent un soutien à l’équipe.

La passe d’armes qui a eu lieu lors du dernier conseil municipal de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) fait des vagues. Jeudi dernier, le groupe d’opposition présidé par Serge Desseigne (PCF) est monté au créneau pour défendre la politique culturelle de la ville.

Au coeur du débat le vote du solde de la subvention au Théâtre de Villeneuve. Le montant attendu par la Scène conventionnée enfance et jeunesse pour boucler la fin de l’exercice se voit raboté de 33 000 euros. Le maire (divers gauche) Noël Segura avalise les propos de son adjoint aux Finances sur les difficultés de la commune conduisant à cette coupe budgétaire. Il n’a malheureusement pas trouvé la disponibilité pour s’exprimer sur ce dossier.

« Pour justifier le vote de la majorité, notre adjoint aux Finances a fait état de la mise à disposition du personnel municipal pour le théâtre et d’une certaine insatisfaction quant à ses missions », précise Serge Desseigne. « Mais dans le même temps il est question d’un budget d’investissement de 470 000 euros dans un dispositif de vidéo surveillance », s’indigne le conseiller qui voit dans ce choix politique l’influence de l’élu FN jouant la carte d’une démolition de la politique culturelle.

Surprise chez les partenaires

Outre l’irrigation directe du spectacle vivant sur la population et son articulation avec les écoles et le collège, le rayonnement culturel lié au théâtre dont bénéficie la commune de moins de 10 000 habitants apparaît comme un atout majeur de son développement. Ce que les deux autres partenaires de la convention tripartite confirment.

« La position de la ville va enclencher très prochainement une réunion de l’ensemble des partenaires, assure François Duval en charge du dossier à la DRAC. Nous sommes très attachés à la scène nationale de Villeneuve-lès-Maguelone et au projet de sa directrice Martine Combréas qui remplit parfaitement sa mission. »

Même son de cloche du côté de la Région par la voix de Josianne Collerais :

« La direction du Théâtre de Villeneuve remplit sa mission. C’est une équipe qui joue dans la cour des grands. Le théâtre a accueilli en 2010 la Soirée des Molière jeune public. Je ne comprends pas la décision de la Ville. Cela met le théâtre en difficulté et c’est d’autant plus stupéfiant qu’il n’y a eu aucun échange au préalable pour trouver des solutions. »

A court terme, la réunion des partenaires devrait déboucher sur des solutions. Mais la convention triennale de la scène conventionnée enfance et jeunesse de Villeneuve arrive à son terme à la fin de l’année. L’Etat et la Région se déclarent d’ores et déjà prêts à reconduire leurs engagements, respectivement 100 000 et 90 000 euros annuel, sans baisser leur budget.

La balle est maintenant dans le camp du maire Noël Segura qui est également vice-président de l’Agglo de Montpellier. Une participation de celle-ci paraîtrait logique s’il se montre convainquant.

Jean-Marie Dinh

Source : L’Hérault du Jour 4/12/2014

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