Édito. Un régionalisme si européen

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Les Catalans ont-ils un problème de riches ? Rompre avec l’État central espagnol, comme ils pourraient le faire lors du référendum prévu ce 1er octobre, c’est aussi se débarrasser de cette Espagne qui peine toujours à se relever de la crise. “Madrid nous vole”, assurent les indépendantistes, même si la réalité économique est bien plus complexe. Les Écossais aussi étaient convaincus de leur capacité à s’en sortir par eux-mêmes. De même, en Flandre ou en Italie du Nord, séparatisme et richesse économique font bon ménage. La même accusation, celle que “le centralisme nous vole”, a fait naître l’idée que le Royaume-Uni serait mieux sans l’Europe.

Paradoxalement, ces régions séparatistes revendiquent leur ancrage européen. Leurs représentants se sont d’ailleurs organisés dès 1981 en une Alliance libre européenne, composée de ces partis qui souhaitent plus de régionalisme mais pas forcément moins d’Europe. C’est une des leçons de la construction européenne : elle a affaibli l’État-nation en multipliant les structures au niveau régional et au niveau européen. L’effacement progressif de la logique nationale s’est traduit par l’émergence des séparatismes. Or seule une interdépendance européenne assurerait la survie de ces régions isolées. L’État catalan indépendant serait très certainement viable sur le plan économique, à la condition d’être accepté dans le club européen.

Hélas, ce débat paraît aujourd’hui impossible : face à la volonté indépendantiste des Catalans, l’Espagne a choisi de montrer les muscles. Mais pourquoi donc envoyer la Garde civile et mettre l’économie catalane sous tutelle dans une démonstration de force à quelques jours du référendum ? Sans doute parce qu’à Madrid on craint que le résultat ne fasse voler en éclats une certaine idée de l’Espagne. Mais la fin de la solidarité a sonné depuis belle lurette, en Europe tout comme au sein des États. Et Madrid comme Bruxelles ont beau jouer la carte de la fermeté, si la Catalogne veut faire sécession, et puisqu’elle semble certaine d’en avoir les moyens, au nom de quoi peut-on dans l’Europe démocratique l’en empêcher ?

Hamdam Mostafavi
Source Le Courrier International
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