Pour la deuxième fois en un peu plus d’un an, les Irlandais ont voté, vendredi 2 octobre, à propos du traité de Lisbonne conçu pour faciliter le fonctionnement de l’Union européenne élargie. Le contexte n’est plus le même que le 12 juin 2008 où, à une large majorité (53,4 % contre 46 %), les Irlandais avaient coché la case du non. Ils ont obtenu des « garanties » sur certaines « spécificités celtiques » (fiscalité réduite, interdiction de l’avortement, maintien de la neutralité militaire). La dureté de la récession en Irlande et la montée du chômage ont en grande partie ravivé le besoin de la solidarité européenne. La tradition locale veut que le décompte des voix ne commence pas dès la fermeture des bureaux de vote, à 22 heures, mais seulement le lendemain matin. Les résultats devaient être connus dans l’après-midi de samedi.
Le Fine Gael, principal parti d’opposition qui défend le oui au côté du gouvernement, s’est félicité des résultats d’un sondage qu’il a fait réaliser à la sortie des urnes dans la soirée de vendredi. Selon ces résultats, publiés dans l’ Irish Times et la radio-télévision nationale RTE samedi, les Irlandais auraient voté à 70 % en faveur du traité dans la capitale, et à 60 % dans le reste du pays.
L’image est parfaite. C’est l’homme idéal pour masquer, derrière l’Europe communautaire, le passage en acte à une Europe des États. La crise financière, il y a tout juste un an, a bruyamment révélé ce passage. (…)
C’est au niveau national que les réponses ont été apportées, l’Europe ne disposant ni d’un budget ni d’un exécutif à la hauteur de la crise. Dès lors, la Commission, expression par excellence de la dimension communautaire de la construction européenne, boîte à idée durant de nombreuses années, incarne à présent essentiellement ses limites. (…)
Il est encore trop tôt pour savoir si Barroso 2 sera différent de Barroso 1, comme son entourage le laisse entendre. Tout dépendra, en fait, de la ratification ou non du traité de Lisbonne. Un oui irlandais, suivi des signatures polonaise, tchèque et allemande, sortirait l’Europe de l’ingouvernabilité dans laquelle elle se trouve. Il ne renverserait pas pour autant la tendance au renforcement des États. »
La police irlandaise a ouvert une enquête pour meurtre après la découverte, mardi 4 avril, du corps mutilé d’un ancien membre du Sinn Fein, Denis Donaldson, qui avait reconnu en 2005 avoir espionné ses camarades républicains irlandais pour le compte des forces de sécurité britanniques.
La découverte de l’homme, âgé d’environ 55 ans, a eu lieu dans le comté de Donegal, dans le nord-ouest de la République d’Irlande. L’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui, comme le Sinn Fein, aspire à la fin de la présence britannique en Irlande du Nord, a démenti toute responsabilité dans la mort de Donaldson. « L’IRA n’est impliquée d’aucune manière dans la mort de Denis Donaldson », affirme un communiqué laconique de l’organisation. Gerry Adams, leader du Sinn Fein, a condamné lui aussi le meurtre, estimant qu’il risquait de porter un coup aux efforts pour rétablir dans ses fonctions le gouvernement biconfessionnel d’Irlande du Nord. « Il est probable que sa mort, à un moment pareil, vise à saboter les efforts en cours pour avancer sur le plan politique. Ceux qui ont commis ce meurtre sont de toute évidence hostiles au processus de paix », a-t-il dit.
« La police traite cette affaire comme un homicide et non pas comme un suicide », a déclaré le ministre de la justice irlandais, Michael McDowell. « Ils ont découvert le corps avec une blessure par balles à la tête », a-t-il expliqué à la chaîne Sky Television. Le gouvernement irlandais a par ailleurs condamné un « meurtre cruel », dans un communiqué : « Nous espérons que l’auteur de cet acte odieux, quel qu’il soit, sera livré aussi vite que possible à la justice. » Par la voix de son porte-parole, Peter Hain, secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord, s’est dit « scandalisé par cet acte barbare ».
AU SERVICE DE LONDRES
Condamné en tant qu’artificier de l’IRA, Denis Donaldson a côtoyé en prison Gerry Adams, aujourd’hui chef de file du Sinn Fein, et dirigé la section internationale du mouvement républicain. Il avait été à nouveau arrêté en 2002 en compagnie de deux autres suspects et accusé d’espionnage au profit du Sinn Fein au sein de l’Assemblée d’Irlande du Nord, aujourd’hui en sommeil, créé en 1998 par les accords du Vendredi saint. Il avait par la suite reconnu avoir été pendant vingt ans agent au service des Britanniques. Vivant caché depuis ces révélations, il avait exprimé des regrets et présenté ses excuses à sa famille et au mouvement républicain. Gerry Adams avait expliqué en décembre 2005 que Donaldson s’était confié au parti après avoir été informé par la police du fait qu’il était sur le point d’être démasqué et que sa vie était en danger.
Le premier ministre britannique, Tony Blair, et son homologue irlandais, Bertie Ahern, sont attendus cette semaine en Irlande du Nord pour tenter de remettre sur pied le Parlement biconfessionnel de la province, dont les activités ont cessé il y a trois ans, en partie en raison des soupçons d’espionnage au profit du Sinn Fein qui pesaient sur Denis Donaldson.