Kirghizstan: les surprenantes disciplines des Jeux Nomades

Du 3 au 8 septembre 2016, le Kirghizstan organise la deuxième édition des Jeux Nomades, sorte de Jeux Olympiques d’Asie centrale. 40 nations s’y affrontent lors d’épreuves qui peuvent nous paraître surprenantes. La plus attendue est le kok-borou (ou buzkashi en Afghanistan): deux équipes cherchent à attraper la carcasse d’une chèvre pour l’emmener à l’autre bout du terrain.

Des-artistes-lors-d-une-performance-aux-Jeux-Nomades.

Des artistes lors d’une performance aux Jeux Nomades.

Ces Jeux sont l’occasion de présenter les coutumes de nombreux peuples d’Asie centrale. Le président kirghiz les justifie d’ailleurs en ce sens: «Dans le monde moderne, les gens ont tendance à oublier leur histoire. Il y a un danger pour les cultures traditionnelles.» Il est néanmoins critiqué pour le coût de cette organisation qui a nécessité 14 millions d’euros au lieu des 6,2 prévus à l’origine. © NEZIR ALIYEV / ANADOLU AGENCY / AFP

Une-performance-hors-commun...

 

Une performance hors du commun…

Ici, un homme se fait traîner par un cheval sur plusieurs dizaines de mètres quand, en arrière plan, un autre est enflammé. Signe de l’importance de ces Jeux pour le Kirghizstan, le pays a lancé des éditions spéciales de timbres et de pièces de monnaie. © VYACHESLAV OSELEDKO / AFP

Des-participants-preuve-chasse-salburun.

 

Des participants à l’épreuve de la chasse salburun.

La chasse fait aussi partie des épreuves. Sur cette photo, des participants à une sorte de chasse à courre d’Asie centrale, des chiens, des faucons et des aigles royaux pourchassent une proie. Autant dire qu’elle n’a que peu de chances de survivre. © TABYLDY KADYRBEKOV / SPUTNIK / AFP

Plus-loup-mais-aigle...

Plus de loup mais un aigle…

Il y a encore quelques années, la chasse salburun faisait combattre un loup attaché à un aigle dressé. Mais face aux protestations des défenseurs des animaux, les règles ont évolué et la pratique n’a plus lieu. © TABYLDY KADYRBEKOV / SPUTNIK / AFP

Les-archers-en-action.

Les archers en action.

Une épreuve qui a bien sûr sa place aux Jeux Nomades. Mais ici, tradition oblige, pas question d’utiliser des arcs modernes comme ceux utilisés lors des Jeux Olympiques.  © TABYLDY KADYRBEKOV / SPUTNIK / AFP

Un-enfant-funambule.

 

Un enfant funambule.

Certains en profitent pour faire de spectaculaires représentations. Ici, un enfant marche sur une corde à plusieurs mètres de hauteur. La sécurité est présente, il est attaché. © Vladimir Voronin / AP / SIPA

Les-femmes-participent-galement-aux-Jeux-Nomades.-1

 

Les femmes participent également aux Jeux Nomades.

Et nombres d’épreuves se font à cheval en raison de la place qu’occupe l’animal dans cette région montagneuse, où il est utilisé depuis des siècles pour se déplacer. © TABYLDY KADYRBEKOV / SPUTNIK / AFP

Des-cavaliers-jouant-au-kok-borou.

Des cavaliers jouant au kok-borou.

Le kok-borou (ou Buzkashi en Afghanistan) est un jeu très ancien. Il serait même l’ancêtre du polo. Deux équipes s’affrontent pour ramasser une carcasse de chèvre fraîchement décapitée et l’amener dans la partie opposée du terrain. © Vladimir Voronin / AP / SIPA

Par Marc Taubert

Source  Géopolis 11/09/2016

Voir aussi : Actualité Internationales, Rubrique Asie, rubrique Kirghizistan,

Les Kirghizes votent pour la démocratie

elections_kirgistan

Le Kirghizistan sera la première démocratie parlementaire d’Asie centrale. Deux semaines après les émeutes sanglantes dans le sud du pays, environ 90 pour cent des Kirghizes ont voté dimanche en faveur d’une nouvelle constitution sur le modèle allemand. Pour la presse européenne, cela représente une lueur d’espoir en Asie centrale, bien que la situation dans la région soit globalement alarmante.

Berliner Zeitung – Allemagne

La nouvelle république kirghize doit instaurer la confiance

Les Kirghizes ont décidé dimanche par référendum le passage à une république parlementaire. Mais tout n’est pas encore gagné, estime le journal de centre-gauche Berliner Zeitung : « Il faut désormais instaurer la confiance dans le futur Etat, notamment au sein des Ouzbeks qui ont été victimes voici deux semaines d’un pogrom qui a coûté la vie à environ 2.000 personnes. … Cela présuppose trois choses : le gouvernement doit faire en sorte que les maisons détruites soient reconstruites rapidement et que les personnes revenant chez elles puissent vivre et travailler dans un environnement sûr. Deuxièmement, pour empêcher que des légendes ne surgissent, il doit demander à une Commission internationale d’enquêter sur le pogrom et sur le rôle de l’armée dans celle-ci, et faire comparaître les coupables devant la justice. C’est la condition de toute réconciliation. Mais pour que celle-ci soit durable, il faut troisièmement que les Ouzbeks soient représentés de manière raisonnable dans les institutions publiques, notamment au sein de l’armée, qui est pour l’instant essentiellement composée de troupes kirghizes. » (29.06.2010)

Le Temps – Suisse

Des doutes sur l’avenir de l’Asie centrale

Le vote des Kirghizes en faveur d’une démocratie parlementaire ne fait pas encore de l’Asie centrale une région modèle, estime Alain Délétroz, vice-président de l’organisation non-gouvernementale International Crisis Group en Europe, qui effectue des analyses sur les conflits : « Le bilan des 20 ans d’indépendance des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale est très mitigé: trafic d’opium provenant d’Afghanistan, régimes kleptocrates, jeux d’influence entre les grandes puissances. … L’explosion de violence dans le sud du Kirghizistan a ramené sous les projecteurs une région encore mal connue, alors que les cinq républiques ex-soviétiques d’Asie centrale s’apprêtent à fêter l’an prochain leur vingtième année d’indépendance. Pour les populations de la région, cet anniversaire aura un goût amer. En effet, malgré la pompe que ne manqueront pas d’introduire dans ces festivités les cinq gouvernements, tous les indices de développement humains sont au rouge. » (29.06.2010)

Keskisuomalainen – Finlande

La véritable démocratie est un processus

Environ 70 pour cent des électeurs autorisés à voter ont participé au référendum sur la nouvelle constitution du Kirghizistan, un état de fait que le quotidien Keskisuomalainen approuve avec confiance : « Après que le référendum de dimanche s’est déroulé dans de bonnes conditions qui ont dépassé toutes les espérances, l’espoir que le Kirghizistan, en proie aux troubles, retrouve un avenir politique apaisé renaît. … Il est clair qu’il n’est pas possible d’instaurer une ‘véritable démocratie’ avec un référendum, mais qu’il s’agit d’un long processus. Mais il est tout aussi clair que les Kirghizes ont ainsi clairement exprimé leur volonté de voir leur pays retrouver un avenir politique. C’est leur droit, même si le résultat ne correspond pas tout à fait aux projets stratégiques proclamés par la Russie et les Etats-Unis pour cette région. » (29.06.2010)

Voir aussi : Rubrique Asie centrale, Bichkek promet une enquête sur le déclenchement des violences , Kirghizistan l’armée mobilisée, Bakiev : aucun pouvoir ne peut m’arrêter,

Bichkek promet une enquête sur le déclenchement des violences au Kirghizistan

Femmes refugiées Ouzbeck

Au Kirghizistan, le calme revient progressivement à Och dans le sud du pays. L’armée a commencé à lever les barricades qui bloquent l’accès aux quartiers ouzbeks dévastés, là où les violences entre Kirghizes et Ouzbeks auraient fait plus de deux mille morts, selon la présidente par intérim, et quatre cent mille déplacés. Le gouvernement a promis une enquête sur ces émeutes. Comment peut-on expliquer ce déferlement de violence entre les deux communautés ?

Asel Dolotkeldeiva était à Och, la grande ville du sud Kirghizistan lorsque les émeutes ont éclaté. Selon cette jeune kirghize, chercheuse au Centre des relations internationales (CERI), à Paris, tout a démarré par une bagarre entre jeunes dans un casino de la ville. Puis les rumeurs ont commencé à circuler : « Des rumeurs ont circulé disant qu’il y avait des femmes kirghizes violées. Les affrontements ont commencé et ce qui a aggravé le feu c’est que d’après la police la population ouzbeke détenait des armes très modernes ».

Rumeurs et vieilles rivalités. En mai dernier, suite au discours d’un leader ouzbek à l‘université de Djalalabad, les incidents ont éclaté renforçant les craintes des Kirghizes. La communauté ouzbeke, majoritaire dans le sud se dit, elle, défavorisée dans son accès à la terre et à la justice.

Mais les antagonismes ethniques ne peuvent tout expliquer, le rôle des politiques et des groupes criminels locaux est aussi à éclaircir, ainsi que la désorganisation des forces de l’ordre. Asel Dolotkeldeiva : « Pendant plus d’une journée les troupes sont restées sans aucun ordre. Les autorités ne savaient pas quelle tactique employer face aux citoyens armés ou face à des criminels ».

Pendant cinq jours Asel Dolotkieldeva est restée barricadée dans un village kirghiz entouré par quatre villages ouzbeks, en banlieue de Och, avant d’être évacuée sur la capitale. Pour elle, les affrontements de ces derniers jours ne pourront être oubliés que si le gouvernement provisoire autorise la tenue d’une enquête pleine et transparente.

RFI

Rosa Otounbaïeva, présidente par intérim du Kirghizistan

Rosa Otounbaïeva, présidente par intérim du Kirghizistan

La présidente par intérim, Rosa Otounbaïeva, s’est rendue le 18 juin 2010 à Och où elle a rencontré des responsables locaux et des victimes des violences interethniques qui ont agité le sud du  Kirghizistan. Autre visiteur dans la région, le secrétaire d’Etat adjoint américain Robert Blake qui a qualifié de « crise humanitaire » la situation dans le sud de la République d’Asie centrale, et appelé à une enquête internationale sur les violences qui s’y poursuivent depuis une semaine.

A Och, ce matin 18 juin, Rosa Otounbaïeva a été plusieurs fois prise à partie par les habitants de la ville, réunis dans les locaux de l’administration régionale. Elle, qui était venue délivrer un message de réconciliation entre Ouzbeks et Kirghiz, a dû faire face à beaucoup de paroles très vindicatives des uns contre les autres.

Rosa Otounbaïeva a pu mesurer l’ampleur de la défiance et de l’incompréhension qui règnent entre les deux ethnies après une semaine de violences et de catastrophes humanitaires. La présidence par intérim est très contestée ici, jugée trop faible et illégitime, elle qui est arrivée au pouvoir il y a seulement deux mois après le renversement de l’ancien président Kourmanbek Bakiev.

La présidente par intérim, prostrée sur son fauteuil face à une foule très véhémente, à grande majorité kirghize, a conclu cette rencontre tendue en reconnaissant que le travail de réconciliation était énorme et prendrait beaucoup de temps.

Rosa Otounbaïeva a appelé tout le monde à la modération et à la patience. Elle a reconnu que le nombre de morts dans ces violences qui ont opposé Khirghiz et Ouzbeks, était certainement beaucoup plus élevé que les deux cents victimes recensées pour le moment. « Afin d’obtenir le véritable bilan, je pense qu’il faudrait multiplier les chiffres officiels par 10 », a-t-elle dit.

Quant au référendum constitutionnel qu’elle voulait organiser dans une semaine pour légitimer son gouvernement provisoire, Rosa Otounbaïeva a refusé de confirmer qu’il aurait bien lieu : « Nous y réfléchissons toujours », a-t-elle simplement indiqué.

A Och, la population estime avoir été abandonnée par le pouvoir central dès les premiers jours des violences, quand aucune force de l’ordre ne pouvait enrayer l’escalade des affrontements. Aujourd’hui les habitants, disent : « Ne plus accorder aucune crédibilité, aucune légitimité » à ce gouvernement provisoire.

Beaucoup de Kirghiz jugent d’ailleurs que ce gouvernement provisoire est en partie responsable de la situation actuelle qu’il n’a pas pu juguler. On lui reproche aussi d’être trop faible et d’avoir montré son incapacité à gérer une région prompte à s’enflammer très rapidement.

L’autre raison de cette visite de Rosa Otounbaïeva est de s’assurer que l’aide acheminée par le gouvernement parvienne à ce qui en ont besoin dans la région de Och. Les distributions ont commencé depuis deux jours, un peu partout en ville. Il reste toutefois de gros problèmes, notamment l’accès des convois humanitaires qui amènent de la nourriture, des médicaments et de l’eau aux quartiers et populations ouzbeks.

Dans ces zones les gens sont toujours retranchés derrière des barricades et la présence khirghize n’est pas vraiment appréciée. Tous les policiers et militaires qui organisent cette distribution humanitaire ne sont pas les bienvenus et n’arrivent pas à entrer dans ces quartiers.

La présidente Rosa Otounbaïeva a d’ailleurs indiqué en posant le pied à Och qu’elle était venue rassurer la population sur le travail du gouvernement et aussi apporter un message de réconciliation entre toutes les ethnies. C’est là, le gros du travail qui reste à faire ici : arriver à ce que les gens puissent vivre encore ensemble comme ils le faisaient il y a une semaine avant l’explosion des violences.

Camille Magnard RFI 18/06/10

Situation humanitaire dramatique dans le sud kirghize

La situation humanitaire est difficile et il est urgent d’agir dans ces régions. Combien sont-ils dans tout le sud kirghize à être ainsi en mouvement ? A Och, la capitale du sud du pays, l’aide humanitaire arrive peu à peu. Il y a eu depuis deux jours des distributions d’eau, de farine, de sucre, ce qui n’est pas le cas à l’extérieur de la ville.

Les tirs se sont interrompus mais la tension est extrême et les gens ne veulent pas retourner dans leur quartier. Selon certains témoignages, des personnes auraient reçu des SMS leur promettant : « le 22 juin vous aurez une surprise », de quoi terrifier cette population.

Des affrontements qui ne sont pas intervenus par hasard

On ne sait pas à quoi correspond cette date. Toutefois, le 27 juin doit se tenir un référendum crucial. Pour le gouvernement provisoire, c’est un peu sa légitimité qui en dépend. En cas d’échec, et on ne voit pas comment cela n’en serait pas un, c’est la porte ouverte à la guerre civile.

Les affrontements entre communautés ethniques n’interviennent pas par hasard. Cette violence est organisée. Il y a des forces politiques, peut-être criminelles, une somme d’intérêts autour du sud kirghize qui est le fief de l’ancien président Bakiev, renversé le 7 avril dernier.

Ces forces ne veulent clairement pas de ce référendum. Elles ne veulent pas que le gouvernement provisoire ait cette légitimité. Sans doute, toutes les occasions sont bonnes pour déstabiliser la situation et saper l’organisation de ce référendum.

Voir aussi : Rubrique Asie centrale, Les Kirghizes votent pour la démocratie, Kirghizistan l’armée mobilisée, Bakiev : aucun pouvoir ne peut m’arrêter,


Kirghizistan: l’armée mobilisée et les tirs sans sommation autorisés

Kirghizistan l'armée autorisée à tirer à vue

Le Kirghizistan mobilisait dimanche son armée et a autorisé ses forces à tirer sans sommation dans le sud de ce pays stratégique d’Asie centrale pour tenter d’y endiguer des violences ethniques qui ont fait au moins 117 morts et 1500 blessés depuis vendredi. Le ministère de la Défense a annoncé qu’il mobilisait les réservistes de l’armée âgés de 18 à 50 ans. Les forces de l’ordre ont, elles, été autorisées à tirer sans sommation samedi soir.

«Le ministère de la Défense appelle tous les réservistes âgés de moins de 50 ans à se présenter aujourd’hui, 13 juin, avant 15 heures aux points de recensement, a annoncé le ministère dans un communiqué. L’organisation de la mobilisation partielle de la population civile commence dans les bureaux de recrutement militaire des villes et des districts du pays.» Le gouvernement provisoire a décrété un couvre-feu 24 heures 24 à Och, deuxième ville du pays, et dans deux districts avoisinants, prolongeant cette mesure qui était jusqu’à présent en vigueur durant la nuit.

L’état d’urgence était maintenu dans une partie de la région voisine de Djalal-Abad où les violences se sont propagées samedi, alors que les affrontements ethniques entre Ouzbeks et Kirghiz a été porté à 86 morts et 1.000 blessés selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. Selon des témoins interrogés par l’AFP, la situation à Och était loin de se pacifier et ces derniers font état d’un bilan beaucoup plus lourd que celui annoncé par les autorités.

«On ne nous laisse pas ramasser les corps dans les rues. Les autorités cachent l’ampleur de la tragédie et la vérité. Le centre ville est sous le contrôle de bandits enragés», raconte un habitant de Och. A Djalal-Abad, la représentante du médiateur de la république pour les droits de l’Homme, Alima Amanova a indiqué qu’environ 2.000 personnes, dont certains armés, s’étaient rassemblés à l’hippodrome de la ville. La communauté internationale et les ONG ont appelé au calme, alors que des milliers de réfugiés ont déjà fui les affrontements, se rassemblant à la frontière ouzbèke, non loin de l’épicentre des violences.

«Les Etats-Unis surveillent de près la situation dans la république du Kirghizistan et appellent à un rétablissement rapide de la paix et de l’ordre public dans la ville d’Och et là où des violences ethniques sont en cours», a indiqué le département d’Etat dans un communiqué. La stabilité du Kirghizistan est primordiale pour Washington qui dispose près de Bichkek, d’une base importante pour ses troupes déployées en Afghanistan.

Amnesty international a appelé le gouvernement à protéger «tous les citoyens kirghiz, en particulier ceux d’origine ouzbèke qui ont été visés par la violences». L’organisation appelle l’Ouzbékistan à ouvrir ses frontières pour accueillir les réfugiés, qui seraient entre 2.000 et 6.000, alors que Tachkent s’est dit samedi «extrêmement alarmé». «Les choses empirent d’heure en heure», a estimé Séverine Chappaz, numéro deux du Comité international de la Croix rouge (CICR) au Kirghizistan.

La Russie, qui a aussi une base militaire au Kirghizistan, a rejeté samedi la demande kirghize d’envoyer des troupes et annoncé l’envoi d’aide humanitaire. Ces affrontements sont les pires violences depuis la révolution du mois d’avril (87 morts) qui a chassé le président Kourmanbek Bakiev et porté au pouvoir l’actuel gouvernement provisoire. Des violences avaient déjà ensanglanté en mai la région de Djalal-Abad, bastion du président déchu.

Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizistan) et les Kirghiz sont tendues, notamment en raison de disparités économiques qui frustrent en particulier les Ouzbeks. De puissants groupes mafieux sont également actifs dans cette région.

AFP

Voir aussi : Rubrique Asie centrale: Bichkek promet une enquête sur le déclenchement des violence au Kirghizistan

Kourmanbek Bakiev : « Aucun pouvoir ne peut m’arrêter »

 Bakiev Kourmanbek mercredi 21 avril, à Minsk.

Le président déchu du Kirghizistan, Kourmanbek Bakiev, réfugié en Biélorussie, a affirmé mercredi 21 avril être toujours le chef d’Etat de ce pays stratégique d’Asie centrale. Le gouvernement kirghize intérimaire réclame pour sa part l’extradition de ce « criminel » et de ce « sadique ».

Arrivé sous bonne escorte au siège de la Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les Etats baltes et la Géorgie), à Minsk, sa terre d’exil, Kourmanbek Bakiev a lu un communiqué dans lequel il s’est posé en dirigeant de son pays. « Moi, Kourmanbek Bakiev, je suis le président élu du Kirghizistan et reconnu par la communauté internationale. Je ne reconnais pas ma démission. J’ai été élu président (…) et aucun pouvoir ne peut m’arrêter. Seule la mort peut m’arrêter. »

« DES BANDITS TENTENT DE S’EMPARER DU POUVOIR »

Kourmanbek Bakiev a été renversé au début du mois par un soulèvement populaire sanglant à Bichkek, la capitale du Kirghizistan, à l’issue duquel l’opposition s’est emparée du pouvoir. Il s’était envolé le 15 avril du Kirghizistan pour le Kazakhstan voisin, remettant sa démission après des négociations coordonnées par la Russie et les Etats-Unis, les deux puissances qui disposent de bases militaires sur le sol kirghiz. Puis il a rejoint la Biélorussie, lundi 19 avril.

M. Bakiev n’a pas mâché ses mots à l’égard du gouvernement intérimaire, formé à la suite des affrontements sanglants du 7 avril entre manifestants de l’opposition et policiers, qui ont fait quatre-vingt-cinq morts. « Tout le monde doit savoir que les bandits qui tentent de s’emparer du pouvoir sont les exécutants d’une force extérieure et n’ont aucune légitimité », a-t-il lancé, sans pour autant préciser ses accusations sur l’identité de la puissance étrangère.

LE POIDS DE LA RUSSIE

Certains analystes estiment que la Russie soutenait en sous-main l’opposition à M. Bakiev, ce dernier étant revenu sur une promesse de fermer la base aérienne américaine, près de Bichkek, qui est essentielle au déploiement des troupes en Afghanistan. Moscou s’est d’ailleurs empressé d’établir des relations avec le gouvernement provisoire, débloquant une aide financière de 50 millions de dollars, sous forme de crédit et de don à cette ancienne république soviétique au bord de la ruine.

Les autorités kirghizes, qui accusent M. Bakiev de corruption, de népotisme, et d’avoir approuvé l’usage des armes contre les manifestants de l’opposition, ont pour leur part prévenu qu’elles allaient demander l’extradition du président déchu. « Tous ceux qui ont souffert pensent qu’il ne peut y avoir de refuge nulle part au monde pour ce sadique. Ce criminel doit être extradé vers notre pays », a ainsi lancé mardi la chef du gouvernement provisoire, Rosa Otounbaïeva, s’adressant à des journalistes.

Le Monde fr et AFP 21/04/10

Manifestation contre la corruption du régime du président Kourmanbek Bakiev

Quelque 3 000 partisans de l’opposition du Kirghizistan ont manifesté mercredi 17 mars à Bichkek pour protester contre la corruption du régime du président Kourmanbek Bakiev et les pressions dont sont victimes les médias indépendants et opposants, a constaté sur place une journaliste de l’AFP.

Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Bakiev, cesse de voler ton peuple » ou encore « Liberté pour Ismaïl Issakov« , un ex-ministre de la défense passé à l’opposition et condamné en janvier à huit ans de prison. Les protestataires ont aussi crié des slogans de soutien à la radio en langue kirghize de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), qui est privée d’antenne depuis plusieurs jours. « Il faut créer des organes parallèles à ceux du pouvoir et avoir pour but de prendre le pouvoir », a déclaré devant les manifestants Omourbek Tekebaïev, un des dirigeants de l’opposition.

Kourmanbek Bakiev est arrivé au pouvoir en mars 2005 à l’issue d’une révolution émaillée de violences, promettant de démocratiser le Kirghizistan. Mais depuis, la plupart de ses compagnons de route ont rejoint l’opposition, accusant le président de corruption et de dérive autoritaire. Les militants des droits de l’homme sont de plus en plus critiques du régime, notamment en raison de la multiplication des attaques contre les journalistes et des poursuites judiciaires contre les opposants.

AFP 17/03/10


Le coup d’Etat au Kirghizistan montre la tragédie de l’Asie centrale

Après de violents affrontements, l’opposition a renversé le gouvernement au Kirghizistan. C’est le signe général de la mauvaise gestion et de la répression dans les pays d’Asie centrale que sont le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan, estime le quotidien The Times : « Les cinq pays, qui formaient autrefois le bas ventre musulman prospère et relativement stable de l’Union soviétique, affichent depuis leur indépendance un bilan misérable : régimes autoritaires, stagnation économique, violations des droits de l’homme et instabilité. … L’Asie centrale est une région immense, stratégiquement importante et potentiellement très riche. Les cinq nations disposent d’énormes ressources, très demandées en Chine, leur voisin oriental, et dans le sous-continent. Aucune d’entre elles n’a pourtant compris qu’un minimum de bonne gestion, de cohésion sociale et de tolérance politique sont nécessaires afin d’attirer les investissements étrangers. Le Kirghizistan est seulement l’exemple le plus récent de cette tragédie post-soviétique. »

The Time 08/04/10

Voir aussi : Rubrique Asie centrale: Bichkek promet une enquête sur le déclenchement des violence au Kirghizistan, Kirghizistan l’armée mobilisée,