Fiest’à Sète fait monter la lune

Vincent Segal et Ballaké Sissoko  Crédit Photo dr

Vincent Segal et Ballaké Sissoko Crédit Photo dr

Musiques Fiest’à Sète vingtième

La seconde semaine du festival avait débuté avec la nouvelle lune. Hier Fiest’a Sète a tiré son rideau sur la Mer avec le pianiste Omar Sosa, et le New York Salsa All Stars.
C’est un peu comme si les sept soirées au Théâtre de la Mer qui viennent de s’achever avaient contribué à la faire monter haut dans le ciel de la nuit pour nous restituer du bleu.

Dans ce registre , on songe au concert apaisé de Vincent Segal et Ballaké Sissoko dont la complicité et l’harmonie (violoncelle/kora) mise au service de la création apportent une belle teinte d’espoir à un paysage mondial que l’on ne cesse de nous dépeindre comme sinistre.

Après la magnifique prestation du franco libanais Bachar Mar-Khalife, une des trois découvertes de l’édition 2016, Natacha Atlas a dû essuyer la colère du ciel jeudi * ne cédant pas aux caprices des dieux, la chanteuse a gratifié la partie du public la plus résistante d’un mini concert acoustique improvisé dans le hall du Théâtre de la mer.

Les moments forts n’ont pas manqué lors de cette vingtième édition. L’esprit d’ouverture et la recherche de croisement des esthétiques dans la programmation caractérisent Fiest’à Sète, de sorte qu’une bonne partie du public attribue, à juste titre, sa confiance à l’équipe.

Une source de satisfaction pour le directeur du festival José Bel qui oeuvre depuis de nombreuses décennies dans l’action culturelle et musicale en se gardant de tomber dans les recettes faciles.

« Nous assumons nos choix et la dimension du risque que cela représente qui fait que le festival joue toujours sa pérennité d’une année sur l’autre. Je n’ai pas encore les données chiffrées du dernier concert mais normalement nous serons au rendez-vous l’an prochain.»

L’esprit du festival se mesure aussi chez les artistes,  « La soirée d’ouverture où se sont croisée les influences cubaines et espagnoles  a confirmé le talent de Yilian Cañizares (seconde découverte du festival)  invité à partager la scène avec Diego el Cigala, et la grande chanteuse cubaine Omara Portuondo. Diego venait pour la première fois. Comme tous les très grands chanteurs de flamenco, il se produit sur les plus grandes scènes  du monde. Artiste  réputé difficile  à gérer on l’a vue à Sète dans un état d’esprit presque juvénile, aux petits soins pour son aînée , souligne José Bel le sourire aux lèvres.

La troisième révélation nous vient du saxophoniste d’origine turc Ilhan Ersahin dont les compositions ont donné le tournis au public conquis lors de la soirée Jazz du monde, au point de disputer la vedette au monstre sacré  John McLaughlin.

A l’occasion des vingt ans l’équipe a réalisé quelle avait programmé pas moins de 350 groupes. Un nombre incalculable d’instants de bonheur… Pour 2016 on citera encore la prestation inoubliable du blues man Lucky Peterson en parfaite osmose avec le public.

Celle de Pascal Comelade qui a géré sa carte blanche  dans un bazars parfaitement orchestré  associant les vétérans du Bel Canto et des compatriotes catalans rockers tels Marie et Lionel des Limiñanas, Didier Banon d’OTH, Sammy Surfer des Vierges…. Et le concert du séditieux chanteur angolais Bonga qui a fait onduler le Théâtre de la Mer avec la complicité Cap verdienne de Lura.

JMDH

* Le concert annulé sera remboursé aux spectateurs de cette soirée.

Source La Marseillaise 09/10/2016

Voir aussi : Rubrique Actualité Locale, Rubrique Musique, rubrique Festival, Fiest’à sète 2016Fiest’A Sète archives, On Line Site Officiel.

Comelade le bien vivant

« Quand j’ai fini. Je dis merci et je m’en vais »

Trente ans de musique, une quinzaine d »albums et autant de collaborations ayant donné lieu à des productions diverses, pour la danse, les arts plastiques, le cinéma… Pascal Comelade poursuit son chemin, sauvage, sensible et singulier. Il est le père d »une œuvre instrumentale avant-gardiste et populaire. Œuvre faite d »impulsions essentielles, fruit de tentatives perpétuelles. On ne fixe pas sa musique dans les registres du commerce. Et pourtant elle traverse les âges et les tendances. Comelade résiste à l »hégémonie de la technique comme le son de ses jouets musicaux. As de la virtuosité répétitive et minimaliste, il distille de la bricole poétique nourrie au sein d »un rock primitif bercé par des senteurs d »enfance. Quoi de neuf chez cet artiste rompu à l »art de la fugue ? Le musicien catalan ne revendique rien et surtout pas l »idée de carrière.  » Tout ça c »est une grande farce. La musique c »est un travail parallèle à ma vie, voilà.  » On pourrait s »arrêter là. Mais on tente d »en savoir plus dans les coulisses du World Wilde Festival à Sète.  » Franchement ce n »est pas casino online pokies une chose normale de monter sur scène. Quand j »ai fini, je dis merci et je m »en vais.  » Il n »y a plus d »amertume dans le regard distancié que l »artiste porte sur le milieu du spectacle. «  Je vis dans un luxe crapuleux. J »ai 52 ans je fais de la musique depuis 30 ans, et je ne vis pas dans la rue tu t »imagines ? « 

Comelade joue pour le plaisir et ça s »entend. Plus de 90% de ses disques sont des compositions personnelles. Pour la scène, il s »entoure de musiciens, dont certains sont des amis de longue date. A Sète on a vu Didier Banon, l »ex batteur d »OTH et Sami le crabe des Vierges.  » Dans mon cas, il n »y a pas de groupe idéal. Le groupe est le fruit de rencontres hasardeuses. Je change la formation environ tous les trois ans. On ne répète pas, on ne se parle pas mais on fait un truc collectif. Les musiciens sont libres mais ce n »est quand même pas une démocratie, s »empresse-t-il de préciser. D »ailleurs on m »interpelle souvent : il ne sourit pas, il ne parle pas… Je fous mes tripes sur scène et ça ne suffit pas ! Mon rapport à la scène s »est un peu amélioré. Avant je mettais un casque intégral avec des rétros. Parce que quand t »es pianiste il y a toujours quelqu »un qui peut te tirer dans le dos. «  La théorie, l »inspiration ne l »intéressent plus. Sa démarche artistique est similaire à celle des peintres.  » Je ne suis pas comme ceux qui font des musiques de film que personne ne connaît. Je suis un peu le cul entre deux chaises, parce que je fais une quinzaine de concerts par an. Dès que tu montes sur scène on te demande ton avis. Moi j »ai mes idées au même titre que le charcutier ou le garagiste, je ne vois pas avec quelle légitimité je te parlerais de politique ou d »écologie… « 

Comelade passe les deux tiers de son temps à Barcelone.  » La France reste très centralisée. J »avais pas donné de mes nouvelles depuis trois ans, à Paris ils croyaient que j »étais mort.  » Ils se trompaient.

Nouvel Album : Mètode de Rocanrol chez Because music