Une
Le poids du rééquilibrage de l’économie mondiale ne doit pas reposer sur un seul pays et sur sa monnaie, a déclaré mardi la Conéfrence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). « Attendre de la Chine qu’elle livre son taux de change à la merci de marchés hautement incertains et qu’elle prenne le risque de s’embourber dans une crise à la japonaise suite à l’appréciation de sa devise c’est ignorer l’importance du yuan pour la stabilté intérieure chinoise ainsi que pour la stabilité régionale et mondiale », souligne un document d’orientation émis par l’agence onusienne. Une perte de compétitivité de la Chine aurait des conséquences dangereuses pour le monde, précise le document.
Soumis à la pression des échéances électrorales et du taux de chômage élevé, cinq sénateurs américains ont présenté mardi un projet de loi comportant des sanctions sévères à l’encontre de la Chine au cas où elle ne réévaluerait pas sa monnaie. Ce projet est l’une des diverses propositions présentées par les membres du Congrès américain contre ce qu’ils appellent un yuan délibérément sous-évalué. Lundi, 130 membres du Congrès ont écrit au gouvernement, demandant à l’administration Obama de prendre des mesures pour tenter de réévaluer le yuan par rapport au dollar.
Cepandant, la CNUCED a noté qu’un système de taux de change complètement fixe/lié ou à l’inverse entièrement flexible/flottant nest pas efficace. L’expérience montre que ces « fausses solutions » contribuent à la volatilité et aggravent les déséquilibres mondiaux. Selon l’agence onusienne, la Chine est l’économie émergente qui a le plus oeuvré pour stimuler la demande intérieure pour lutter contre la crise mondiale. Ainsi, le volume de ses importations s’est considérablement accru. La consommation privée chinoise a augmenté à l' »allure folle » de 9% en 2009 en chiffres absolus, dépassant de loin les tentatives des autres grandes économies de relancer leur marché intérieur, a précisé la CNUCED.
Les tensions autour du yuan chinois ont commencé à émerger un mois avant que le département du Trésor américain ne décide ou non de qualifier dans son rapport semestriel au Congrès la Chine comme un pays manipulateur de devise. Le président Barack Obama a demandé jeudi dernier à la Chine d’adopter un taux de change davantage orienté vers le marché, ou de permettre le renforcement du yuan.La pression du président américain sur la Chine concernant le taux de change de sa monnaie est une manifestation de l’hypocrisie des pays occidentaux et ne fonctionnera pas, a déclaré un économiste britannique. » Le président joue avec le feu (…) Obama doit vraiment faire preuve de prudence. Les Etats-Unis courent le risque de déclencher ce qui pourrait devenir une guerre commerciale acharnée », a écrit dans le Sunday Telegraph Liam Halligan, économiste en chef chez Prosperity Capital Management. Même si les exportations chinoises se sont accrues de 46% au cours des deux premiers mois de 2010 en glissement annuel, il faut relativiser cette augmentation qui part d’un niveau bas dans la mesure où le mois de février 2009 se trouvait au milieu de la tempête des subprimes qui avait pris naissance aux Etats-Unis, a-t-il noté.
Il a également souligné le fait que l’excédent commercial de la Chine a chuté de 51% au cours de la même période, ce qui signifie que le fruit des exportations de la Chine a été inférieur à la hausse des importations. « Cela n’appuie pas l’hypothèse de M. Geithner (secrétaire américain au Trésor) selon laquelle le yuan est bien trop bas », a martelé M. Halligan. Evoquant l’appel lancé par M. Obama à la Chine pour qu’elle adopte un « taux de change plus orienté vers le marché », M. Halligan a indiqué que Washington est en fait le plus grand manipulateur de devise au monde.
« La réalité est que la politique du dollar faible des Etats-Unis – pratiquée depuis longtemps pour permettre à la dépréciation de leur monnaie afin de réduire la valeur de leur dette étrangère – est la plus grande manipulation de devise de toute l’histoire de l’humanité », a indiqué M. Halligan.
Xinhua
Voir aussi : Rubrique finance , La Chine resserre ses taux hypotécaires, Si Pékin cessait d’acheter la dette américaine,