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« Le tribunal a considéré que les demandes étaient excessives et portaient atteinte à la liberté d’informer », a déclaré à l’AFP Me Jean-Pierre Mignard, avocat de Mediapart. Le groupe audiovisuel public et FTP devront verser une amende de 3.000 euros au site d’informations en réparation du préjudice causé, a précisé l’avocat. Le groupe audiovisuel public et France Télévisions Publicité (FTP) avaient assigné Mediapart en « référé-interdiction » pour demander « le retrait des documents confidentiels issus du conseil d’administration de France Télévisions dont la teneur pourrait compromettre la négociation » de la vente. Interrogé par l’AFP, le directeur général de France Télévisions Damien Cuier a déclaré « prendre acte » de la décision mais « contester absolument l’interprétation dommageable » des documents en question faite par Mediapart.
Le site d’informations, se basant sur des documents dont il a obtenu copie et qu’il avait mis en ligne sur son site, avait révélé vendredi que FTP allait être vendue aux sociétés Financière Lov et Publicis pour un montant total de 2,6 millions d’euros et non 20 millions d’euros comme annoncé par les futurs acquéreurs. « C’est une décision très importante », s’est félicité Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, à l’issue de l’audience samedi. « En disant non à un acte de censure, elle montre que dans cette affaire il y a une nécessité d’être informé. Outre sa portée sur le fond de ce scandale, c’est aussi très important pour la presse sur le net et le sérieux de l’enquête », a ajouté le journaliste.
Dans une interview au Figaro début février, la patron de Publicis, Maurice Lévy, avait indiqué que le consortium débourserait 16 millions d’euros pour racheter 70% du capital de FTP. Une augmentation de capital de 4 millions d’euros était également prévue « pour lui donner les moyens de se développer », avait précisé M. Lévy. Or, selon Mediapart, le prix de cession de 16 millions a été fixé sur la base d’une trésorerie nette de 13,4 millions d’euros, ce qui signifie que au final, FTP sera vendue pour 2,6 millions d’euros. « Un calcul totalement faux », selon M. Cuier. « La trésorerie n’est pas à la discrétion des repreneurs (…). Le point de valeur auquel nous sommes arrivés est représentatif aux yeux de France Télévisions et de l’actionnaire de France télévisions, c’est à dire l’Etat, de ce que vaut FTP », a-t-il expliqué sans toutefois chiffrer précisément ce « point de valeur ». Il a notamment souligné que le repreneur devrait payer chaque année « un complément de prix » en plus des 16 millions d’euros et de la dotation en capital de 4 millions d’euros.
Mediapart avait révélé début février que le consultant Alain Minc, qui aurait conseillé à Nicolas Sarkozy de supprimer la publicité sur France Télévisions, détient 3% du capital de Financière Lov. FTP commercialise la publicité des chaînes de l’audiovisuel public et de différents médias audiovisuels ou internet. Elle devait engranger en 2009 des recettes publicitaires dépassant de quelque 150 millions d’euros les objectifs prévus.
AFP