Montpellier : La force de la liberté s’engouffre dans la ville

Une occupation symbolique et pacifique. Photo Rédouane Anfoussi

Hier matin, le réveil a sonné plus tôt que d’habitude pour une bonne part des lycéens de Montpellier qui se sont massés devant leurs établissements. La veille, les mobiles avaient déjà bien chauffé et les messages fusé sur Facebook avec un mot d’ordre simple : intensifier le mouvement en organisant le blocus. Passer de l’idée à la réalisation relève de l’évidence. Et si quelques interrogations subsistent, elles n’entament pas la détermination : « Je suis sur le lycée Joffre qui n’était pas encore bloqué, on va voir si ça prend. Et si on a des problèmes on appellera les autres lycées en renfort, » indique Stéphanie dès l’aube.

Manque de présence adulte

Il est 6h30. Dans les rues piétonnes du centre-ville de petits groupes de jeunes se saisissent des barrières, d’autres de poubelles. La police municipale intervient en douceur pour les dissuader d’utiliser les barrières métalliques. Les tractations s’ouvrent : « La police nationale vient de nous dire de laisser les poubelles et nous a laissé prendre les barrières. Alors on fait quoi ? » L’heure tourne et l’afflux de nouveaux groupes avec poubelles et barricades clôt le débat. Le blocus qui se dresse devant le portail sera finalement composite. Les adultes extérieur au lycée se comptent sur les doigts d’une main : quelques parents et deux étudiants de Paul Valéry : « C’est pas perdu pour les facs mais ça patine en AG. Quand on voit ce qui se passe ici on a un peu honte. On est venu en renfort pour éviter les débordements. » A 7h45, ils sont déjà plusieurs centaines pour annoncer en chœur que le lycée est bloqué. Un groupe accourt. « Il y a une faille, ça passe du côté de l’entrée parking »

Un proviseur sur les dents

D’autres partent colmater la brèche. Visiblement sur les dents, le proviseur s’emporte : « Le premier qui me touche, il va en taule. » Pourtant personne ne le menace. Le barrage est avant tout symbolique et l’accès à l’établissement reste ouvert aux collégiens et aux prépas. « Ceux qui veulent vraiment entrer le peuvent en faisant le tour, explique Maud. C’est une protestation pacifique. La violence qui se manifeste est extérieure. En voulant faire entrer une voiture de force le proviseur a cassé le poignet d’un lycéen avec le portail. » Ce sera le seul incident physique sur l’établissement

Quelques dégradations

A 10h, on se déplace vers le Peyrou où se regroupent tous les autres lycéens de Montpellier. Le cortège imprévisible de 3 000 jeunes s’élance alors dans les rues de la ville sans aucun encadrement ni intervention de la présence policière. A hauteur du passage de l’Horloge il se scinde en deux. Un petit groupe qui n’est visiblement pas dans l’esprit pacifique s’engage vers le Polygone qui a tiré ses volets comme il le fera à plusieurs reprises durant la journée. En s’engouffrant sur le boulevard d’Antigone, la manifestation se transforme un instant en cyclone, quelques voitures sont dégradées. Le groupe le plus remonté tente d’investir les Halles Jacques Cœur sans y parvenir mais occasionne au passage quelques dégâts.

Cette première manifestation prendra fin devant Mermoz, sans problème majeur. « On a conscience que cela nuit au mouvement, on ne veut pas de casse, explique le responsable de Mermoz, Freds Messery, mais c’est difficile à maîtriser. » Les manifestations se poursuivront sporadiquement toute la journée. Et il paraît peu probable que tout le monde reprenne son cartable ce matin.

Jean-Marie Dinh

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