C’est
On connaissait Jean-Baptiste Poquelin pour sa liberté de pensée et son athéisme qui lui valurent quelques déboires avec Tartuffe mais l’idée d’un Molière en vertueux disciple de l’épicurien Gassendi et fervant pratiquant du libertinage est moins répandue. La pièce donne ainsi matière à pousser notre réflexion sur le rapport entre Dom Juan et son auteur.
Le Banquet d’Auteuil est le lieu qui sanctionne le rang de ces illustres et turbulents convives parmi lesquels se retrouvent Chapelle, Dassoucy, Lully… artistes réputés aux moeurs très libérés.
Au cours du banquet s’instaure un cérémonial guidé avec panache par le spectre de Cyrano. Après avoir orchestré quelques truculentes animations, l’ancien libertin tentera de tromper sa solitude. Le jeu d’acteur se déploie avec une belle énergie ordonnant hiérarchiquement et rhétoriquement l’état social des convives, comme les manières et postures de l’époque.
Besset puise dans l’histoire avec une érudite précision mais il s’accorde la liberté du langage et celle de dépeindre les moeurs de son temps. Son goût pour la provocation s’exerce avec jubilation sans peur de malmener les références sacrées.
Après les quelques secousses du démarrage, un jeu de miroir se met en place qui bouscule nos représentations. On découvre que l’invention dramatique de Molière s’appuyait sur des inventions narratives originales dont la pièce nous dévoile quelques secrets.
JMDH
Source L’hérault du jour 17/01/2014
Voir aussi : Rubrique Théâtre,