Angelin Prejocaj Empty moves. Mouvements et mots

empty-moves-car-0293-jean-claude-carbonne-jpgDanse. Empty moves (parts I, II,& III), la pièce d’Angelin Preljocaj, a ouvert la saison de Montpellier Danse.

Certains ont découvert l’intégrale d’Empty moves lors du festival cet été, mais beaucoup l’on fait cette semaine à Grammont où la pièce d’Anjelin Preljocaj était reprogrammée en raison d’annulations successives liées aux conflits des intermittents et précaires.

L’opus s’inscrit dans le registre des pièces où la recherche narrative intrinsèque à la démarche du chorégraphe, s’avère plus risquée, ce qui la rend intéressante.

On ne sait trop pourquoi l’événement troublant et absolu créé en 1977 au Teatro Lirico de Milan, où le furieux John Cage donna une performance à partir du texte La désobéissance civile de Henry-David Thoreau sous les invectives continues du public, trouve grâce aux yeux d’Anjelin Preljocaj. Elle est cependant à l’origine d’une volonté de transcription par le mouvement qui précède le langage et la trace écrite.

Sur cette bande sonore sans musique le chorégraphe propulse quatre danseurs animés par une énergie qui puise dans l’unité du groupe. 2+2, 1+3, 4, on lit dans les changements de gravitation la force vertigineuse du collectif poussée par l’exigence. Toujours en écho avec ce qui se passe, les danseurs font face, résistent, persistent, alors que la perfection  des figures qu’ils dessinent dans l’espace ne cesse d’être mise en question par le temps et la fatigue.

On entre dans le corps matériel pour aller jusqu’au trou noir de la géographie intérieure. Preljocaj restitue quelque chose de l’Histoire. Seule manque l’interaction extraordinaire entretenue par Cage avec un public populaire, peut-être ce que n’a pu rendre la mémoire…

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 25/10/2014

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Saison Montpellier Danse. Un dialogue propice et un juste équilibre

Matadouro de Marcelo Evelin

Matadouro de Marcelo Evelin

Comme pour tous les fleurons qui ont fait de Montpellier un lieu de culture et de création reconnu en Europe, le temps est incertain à moyen terme pour la danse contemporaine dans la capitale héraultaise. Les structures sont là, mais c’est le pragmatisme qui sert de nouveau référentiel dans l’esprit politique de la nouvelle génération. Ce processus, ponctué d’objectifs à court terme, relègue les ressources humaines, seules garantes de la qualité artistique, au dernier rang des priorités.

On sait pourtant combien cette mise en tension s’avère un mauvais calcul y compris économique mais la culture est devenue un espace électoral à investir où les discours peu rigoureux se succèdent tantôt sur la décadence de l’art et des institutions tantôt sur l’échec de la démocratisation qui justifie toujours des économies et un nivellement par le bas.

Dans ce contexte, le directeur de Montpellier Danse Jean-Paul Montanari choisit de construire sa nouvelle saison « sous le signe du dialogue et de l’échange. » Une douzaine de spectacles* est proposée répondant à un savant équilibre artistique et budgétaire. Montpellier Danse affiche également cette année la volonté d’intensifier les relations de travail avec l’Opéra et l’Orchestre National, le CDN et le CCN.

Avant-goût de belles promesses

En ouverture de saison, Angelin Preljocaj qui a fait les frais de la mobilisation des intermittents et précaires au début du Festival Montpellier Danse, revient présenter Empty moves (parts I, II & III). Après la journée de grève programmée le 16, on pourra apprécier les 21 et 22 octobre sa construction non narrative inspirée de la performance de John Cage autour du texte La désobéissance civile de Henry-David Thoreau.

A découvrir en novembre Matadouro, spectacle invité en collaboration avec le CDN HTH. C’est le troisième volet d’une trilogie signée par le chorégraphe brésilien Marcelo Evelin entamée avec Sertao (2003) puis Bull Dancing (2006). Privilégiant une gestuelle simple, le spectacle installe une bataille silencieuse tandis qu’en fond sonore résonnent les notes du Quintette à cordes en do majeur de Schubert. Une course de 57 minutes qualifiée par le chorégraphe Marcelo Evelin de «bataille contre l’ennui intérieur installé en nous.»

Maguy Marin sera de retour en mars avec Singspiele proposé en partenariat avec le Théâtre de La Vignette. Un spectacle incarné par le comédien David Mambouch avec qui la chorégraphe a travaillé en étroite collaboration. Entre chorégraphie, théâtre et tableau vivant.

                           JMDH

w * Au programme Danzaora y Vinàtica de Rocio Molina, Contact de Philippe Decouflé, X Rotonda de Patrice Barthès, So Blue de Luise Lecavalier, Sauce/Hachia/ Va, vis et deviens, Now de Carolyn Carlson, Pixel de Mourad Merzouki, Je suis fait du bruit des autres, collectif 2 temps 3 mouvements, d’après une histoire vraie de Christian Rizzo.

Source : La Marseillaise, L’Hérault du Jour 04/10/2014

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