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La discussion actuelle « porte sur 5 milliards (d’euros) à peu près », a-t-il précisé. Selon certaines sources, les surcoûts pourraient même atteindre 11 milliards, en comptant une évaluation des risques de développement du programme, qui est déjà en retard d’au moins trois ans. Une réunion à huis clos doit se tenir jeudi à Londres, rassemblant des représentants de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, du Royaume-Uni, de la Belgique, du Luxembourg et de la Turquie, qui ont commandé au total 180 exemplaires de l’A400M à EADS, la maison mère d’Airbus. Airbus et EADS menacent d’arrêter le programme si un accord financier n’était pas trouvé d’ici la fin du mois. L’Allemagne, premier client de l’appareil avec 60 exemplaires commandés, apparaît comme le pays le moins disposé à accorder une rallonge financière à EADS.
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Hier matin, sur RTL, Hervé Morin a précisé ce que signifiait « tout faire » : « le fait de porter une partie des surcoûts ne me dérange pas ». On reste sans voix devant de telles déclarations.
D’abord à cause de leur manque total d’opportunité. Elles interviennent en plein milieu d’un bras de fer entre l’industriel Airbus et les Etats participants. L’enjeu est de savoir qui doit payer les surcoûts de plusieurs milliards d’euros : l’industriel ou les contribuables ? Hervé Morin affaiblit d’entrée la position des Etats, en affirmant que, quoi qu’il arrive, il fera « tout » pour sauver ce programme. En clair, qu’il mettra la main à sa poche. Airbus ne pouvait rêver d’un meilleur allié. Heureusement, pour les contribuables français, que le gouvernement allemand est un peu plus près de ses sous…
Ensuite, parce qu’il faut lire les raisons de sauver ce programme qu’avance le ministre de la défense : « Ce programme (…) magnifique est le symbole de ce qu’on doit faire au niveau européen ». Ce qu’il faut sauver, c’est l’idée d’une défense européenn déjà bien mal en point. Et cela, à tout prix.
Pour sauver l’A400M, la France sera sans doute obligée de mettre au pot entre un et deux milliards d’euros supllémentaires. Un à deux milliards qui s’ajouteront au 5,5 milliards d’euros initialement prévus. L’A400M coutera plus de sept milliards au budget de la Défense. Soit environ 140 millions d’euros par appareil. Ce sont des chiffres considérables pour un avion de transport.
Il faudra bien trouver cet argent et d’autres programmes souffriront. Des programmes d’avenir: on mégotera pour quelques dizaines de millions d’euros d’études-amont sur l’antimissile, les drones resteront à la traîne, les ravitailleurs MRTT attendront, les hélicoptères lourds repasseront, etc. On aura de beaux A400M européens, dont le coût d’usage risque d’être lui aussi assez élevé. On sera sans doute passé à côté de créneaux d’avenir. Car, au final, les fonctions stratégique et tactique que remplit un A400M relèvent de technologies que l’on maitrise depuis un demi-siècle…
Blog de Jean-Dominique Merchet