Projets et caprices du pouvoir

18-mois-chrono

Livre. « 18 mois chrono », une fiction politique en temps réel.

Les socialistes Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quilès et le journaliste Renaud Chenu signent un ouvrage original qui captivera les amateurs de politiques et peut-être une partie de ceux qui s’en sont désintéressés. Loin des essais politiciens classiques dont la fleuraison s’entasse chez nos libraire au fil de la saisonnalité électorale, 18 mois chrono met a nu les mécanismes du pouvoir et les arbitrages politiques à la française. Le livre est une fiction politique dont l’écriture s’est terminée le 24 août 2010.

Durant 18 mois de novembre 2010 à mai 2012 (deuxième tour de l’élection présidentielle), on suit dans un casting très réaliste les personnalités qui font le paysage politique. Nicolas Sarkozy, ses conseillers, Fillon Hortefeux, Coppé mais aussi Bayrou, Villepin et bien d’autres à droite. Martine Aubry, DSK, Ségolène Royal, François Hollande, Benoit Hamon mais aussi Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon, Jean-Pierre Chevènement, Cécile Duflot, Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit et bien d’autres …

Tout débute en cet été 2010, entre l’affaire Woerth-Bettencourt, la réforme des retraites et la déliquescence morale qui gagne le pays jusqu’à sa propre majorité. Sarkozy est au plus bas. Le président broie du noir. Il cherche un remède de choc à son impopularité et réunit dans sa résidence son premier cercle de fidèle Guaino, Hortefeux et Guéant pour leur annoncer qu’il entend rompre son isolement. La dissolution de l’Assemblée et la cohabitation qui s’en suivra lui paraît l’unique moyen de se voir reconduit à l’Elysée en 2012.

Cette irrésistible fuite en avant est le déclencheur d’un scénario qui plonge le lecteur dans le réel d’une course effrénée pleine de rebondissements. Pour le PS, la reconquête du pouvoir passe par une unité stratégique sans faille orchestré par Martine Aubry. Propulsée au poste de premier ministre, la Première secrétaire du PS se prête au jeu complexe des alliances. Elle doit aussi faire face aux ténors de son propre camp qui cherchent à marquer des points dans la perspectives 2012. Et aux stratégies de la droite pour se maintenir au pouvoir.

Avec cette fiction nous signifions aussi que la gauche ne doit pas s’installer dans l’idée d’une alternance gagnée d’avance », précise sur son blog Marie-Noëlle Lienemann. Une réflexion pleine de bon sens, comme le questionnement, inclus dans l’ouvrage, sur le risque dévastateur de la procédure des primaires au PS. Enfin, après ce plongeon passionnant dans la jungle impitoyable de la vie politique française, une autre question vient légitimement tarauder le lecteur. Une alternance oui, mais pour aller où ?

Jean-Marie Dinh

18 mois Chrono, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 19,9 euros.