Offensive turque en Syrie: les Kurdes appellent à la mobilisation générale

 REUTERS/Khalil Forces armées turques au nord-est d'Afrine, Syrie, le 23 janvier 2018. REUTERS/ Khalil Ashawi

De violents affrontements se sont déroulés, mardi 23 janvier, dans la région d’Afrine, bastion des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde honnie par Ankara mais soutenue par Washington. L’armée turque et ses alliés arabes syriens ont lancé plusieurs assauts dans le nord de la Syrie. La milice kurde, pour sa part, a demandé à la population de prendre les armes pour repousser l’offensive.

La Turquie a lancé son opération militaire après la constitution d’une force  antijihadiste par les Etats-Unis. Cette force comprend  30 000 hommes déployés dans le nord de la Syrie, dans la zone frontalière avec la Turquie.

Or, la majeure partie de cette force est constituée de Kurdes syriens, qu’Ankara qualifie de « terroristes » en raison des liens qui les lient aux Kurdes de Turquie. Washington, pour le moment, se contente d’appeler à la retenue. En vain.

Ankara a l’intention de créer en Syrie une zone de sécurité large d’une trentaine de km à l’intérieur du territoire syrien.

Du côté kurde, la résistance s’organise autour de trois fronts On se bat au nord-est, au nord-ouest et au sud-ouest d’Afrine. Pour tenter de contenir cette offensive turque, les autorités du canton de Jaziré, l’un des trois territoires contrôlés par les Kurdes en Syrie avec Afrine et Kobané, ont décrété une « mobilisation générale » pour « défendre Afrine ».

Mais les combats ont gagné à présent la ville syrienne de Ras el-Ain, à 300 km d’Afrine. Autant dire que pour le moment, il n’y a aucune chance que les combats cessent.


Les Kurdes d’Irak solidaires

Avec notre correspondante à ErbilOriane Verdier

Quelque 5 000 personnes ont dû quitter leur foyer à Afrine, selon les Nations unies, suite à l’offensive turque lancée samedi dans l’enclave kurde syrienne. De l’autre côté de la frontière, les Kurdes irakiens affichent leur soutien à leur communauté. Malgré les divisions politiques intra-kurdes, la solidarité domine au sein d’une communauté persécutée depuis des centaines d’années.

Voilà trois jours que les Kurdes du Sud, les Kurdes irakiens, manifestent en soutien à leurs frères de l’Ouest. Aujourd’hui à Erbil des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le quartier sécurisé des Nations unies. Ils demandaient à la communauté internationale de ne pas rester silencieuse face au massacre de civils kurdes.

Si le peuple kurde affiche son soutien, le gouvernement kurde irakien, lui, peine à taper du poing sur la table. Certaines manifestations ont été interdites. Le Kurdistan irakien traverse une grave crise politique, les autorités tentent donc de contrôler tout rassemblement qui pourrait tourner en leur défaveur. Aucune déclaration n’a été faite suite au bombardement mardi matin des montagnes du Kurdistan irakien par la Turquie qui affirme avoir visé des combattants du PKK considérés comme groupe terroriste par la Turquie.

Voilà de toute façon plusieurs années que la Turquie bombarde les montagnes du nord du Kurdistan irakien et leurs villages sans opposition du PDK. Le parti kurde irakien au pouvoir est en conflit avec le PKK et son frère syrien le PYD, un conflit qui avait explosé en affrontement armé il y a quelques mois seulement. Si le peuple kurde s’affiche uni, les partis politiques eux, peinent à oublier leurs divisions.

Source RFI 21/01/2018

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