Exposition au CRAC. Rupture d’horizons sous le feu du hasard

Lithographie de Valérie du Chéné inspirée des archives de la Bastille. Photo dr

Lithographie de Valérie du Chéné inspirée des archives de la Bastille. Photo dr

Exposition. L’exposition «Archipel» présente les travaux de huit artistes contemporains au Centre régional d’art contemporain (CRAC) de Sète.

Exposer. Décentraliser. Ne pas vouloir organiser un territoire autour d’une idée directrice mais chercher à faire émerger une archipel de projets. C’est dans cet état d’esprit qui rompt avec la notion des thématiques régionales ombrelles, que le Centre régional d’art contemporain de Sète invite huit participants à produire en toute liberté de nouveaux projets, indépendamment les uns des autres. On peut découvrir le travail de François Curlet, Valérie du Chéné, Antoine Espinasseau, Arlette Farge, Hippolyte Hentgen, Antonio Ortega, Laura Porter et Florian Viel au CRAC jusqu’au 15 janvier. Au-delà de la pluralité des productions, le concept sans lequel l’art contemporain bascule dans l’ordinaire ou le vide, le concept donc, est interrogé dans une logique globale. Logique archipélique chère au philosophe créole Edouard Glissant.

Propos éclatés

L’espace confié à Florian Viel se présentant lui-même comme un artiste «tropicool», compose avec les becs de toucans en jouant sur l’éclatement. La dimension aérienne de son travail intitulé Un peu plus loin après la mer contraste avec le travail au sol d’Antoine Espinasseau. Architecture simple, L’abri met le visiteur en situation architecturale. Six-cents gouttes de pluie toutes différentes en polyuréthanne bleu, «en tension entre la réalité et sa représentation», se matérialisent sur le sol invitant à passer entre les gouttes. L’installation dessine en creux le périmètre d’un abri «intérieur protecteur face à l’extérieur exposé.»

On retient également le travail de l’artiste Valérie du Chéné et de l’historienne Arlette Farge qui croisent leur expérience en s’inspirant de comptes rendus des procès verbaux consignés au XVIIIème siècle. Valérie élabore une série de gouaches et lithographies inspirée des archives de la Bastille tandis que l’historienne développe un récit. La voix d’Arlette Farge fait l’objet d’une pièce sonore qui répond aux dessins de l’artiste.

Si le thème archipélique traverse l’exposition, il ne peut pour cause d’éclatement, être envisagé comme un parcours artistique homogène. Seules certaines des déclinaisons se répondent. L’ensemble ne saurait être perçu indépendamment des transformations sociales et culturelles qui agitent notre société. Pour les organisateurs, Noëlle Tissier et Jonathan Chauveau, il s’agit de « laisser doucement agir sur le tout le feu du hasard.» Une analyse approfondie de la symbolique des pièces, des actes qui les valorisent, et des discours qui les soutiennent, permettrait très certainement de poser les bases d’un état d’esprit qui reste à distance de l’émotion.

Jean-Marie Dinh

Au CRAC à Sète 26, quai A. Herber jusqu’au 15 janvier 2016.

Source : L’Hérault du Jour 22/11/2014

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