Théâtre. « Une vitalité désespérée ». Que la conscience fougueuse nous emporte ce soir à l’ENSAD…
C’est inhabituel mais en cette saison, les spectacles se font rares… Pour tromper la morosité sans perdre le fil avec le mouvement qui traverse le monde du spectacle vivant, on vous conseille vivement d’aller voir Une vitalité désespérée jusqu’à ce soir à (Ensad). C’est le premier spectacle programmé dans le cadre du Printemps des Comédiens qui joue en accord avec le mouvement unitaire des intermittents du Languedoc-Roussillon. Les élèves de première année qui se sont déclarés solidaires du mouvement peuvent ainsi livrer le fruit de leur travail au conservatoire d’Art dramatique de Montpellier. En revanche le spectacle de la promotion de 2011 – les 3e année en fin de parcours – qui devaient donner Les balayeurs de l’Aube dans le Bassin du Domaine d’O, ont rejoint les grévistes.
Le spectacle, comme son titre, est plutôt de circonstance. Il a été conduit par l’homme de théâtre Christophe Perton, viscéralement lié à la création et aux écritures contemporaines. On passe deux heures captivantes, habilement construites autour de la vie et l’oeuvre de Pier Paolo Pasolini qui se confondent dans une incandescente trajectoire. A partir de bandes documentaires, d’extraits de pièces, de lettres et de poèmes Christophe Perton confie au douze élèves de l’Ensad la tâche de déployer la radicalité critique de l’artiste engagé. Un pari risqué et réussi. L’espace de jeu laissé aux acteurs permet d’atteindre une extrême exigence, de toucher l’immense sensibilité dans une douleur et une violence assumées.
L’intensité emplit la salle. L’énergie et la puissance revendicative propres à la jeunesse se libèrent sur les planches dans une mise en scène précise qui emprunte au cinéma pour les cadres, et à la chorégraphie pour la mise en espace.
La vision politique de Pasolini était de donner une explication sans tabou à l’angoisse qui habite la société bourgeoise. Le résultat d’une telle puissance de vie était jugé trop de gauche et l’est toujours, au point que l’on souhaite aujourd’hui encore, sa mort.
JMDH
Ce soir à 20h à l’Ensad, 19 rue Lallemand à Montpellier, entrée libre.
Le spectacle est dédié à la mémoire de Richard Mitou
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Au début de la pièce on aurait presque envie de leur dire à ces jeunes comédiens fougueux : « Arrêtez de faire votre cinéma ». À ce rythme vous n’allez pas tenir jusqu’au bout. Et puis on s’accroche, on lâche prise , et c’est bien au delà du bout qu’ils nous emmènent, en prenant des risques extrêmes à nous balancer leurs textes . Ils sont effrontés, nous donnant à voir leurs corps avec une assurance déconcertante qui ne faiblit à aucun moment, à l’image du grand maestro qu’ils transcendent, signant ainsi le retour des lucioles, et il aurait aimé voir ça . Richard Mitou aussi.
Françoise Liminana