Bourse : la débâcle se poursuit

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Après une nouvelle baisse mercredi, les Bourses européennes perdent plus de 20 % depuis leur plus haut de 2015. Les marchés font la somme de toutes leurs peurs en attendant la réaction des banquiers centraux.

Cela commence à faire froid dans le dos. Plusieurs grandes Bourses mondiales sont entrées en « bear market », autrement dit, elles enregistrent une chute de plus de 20 % sur leur plus haut annuel. C’est le cas de Paris (-21,7%), Francfort (-24,1%), mais aussi de Madrid, du Japon ou du Canada, qui rejoignent ainsi des Bourses du Brésil et de Chine en pleine déprime. Le rebond entrevu mardi à la faveur d’un chiffre de la croissance chinoise conforme aux attentes, n’aura donc pas tenu. Mercredi, les places mondiales ont encore replongé dans le sillage du baril de pétrole, passé sous les 28 dollars. L’indice CAC40 a chuté de 3,45% et le Stoxx Europe 600 de 3,20%. Il n’y a plus qu’une douzaine de valeurs en hausse sur cet indice européen de référence qui en compte 600.

Sorties de capitaux

Et ce n’est peut-être pas fini. Car les volumes de transaction restent faibles, deux fois moins importants à Paris que lors de la chute du mois d’août, constate Aurel BGC, qui estime qu’il n’y a « toujours pas eu de séance de capitulation qui marque la fin d’un épisode baissier ». C’était aussi le sentiment de Bank of America Merrill Lynch qui jugeait la semaine dernière que les 21 milliards de dollars de sorties des fonds actions mondiaux en deux semaines n’étaient pas encore « suffisamment importantes pour signaler une vraie capitulation du marché ». La semaine du 15 août, elles avaient été plus massives (36 milliards).

La rechute du prix du baril de pétrole mercredi , a de nouveau déprimé des marchés actions de plus en plus corrélés à l’évolution du Brent, perçu comme le baromètre de la croissance mondiale, par son effet potentiellement dévastateur sur la santé des pays producteurs et par le risque de tensions déflationnistes accrues dans les pays développés. Par ailleurs, si mardi, les marchés avaient ignoré la révision en baisse de la croissance mondiale par le FMI , ils se sont rattrapés le jour d’après. Car au fond, les raisons du mal sont connues et profondes, rappellent Philippe Ithurbide et Didier Borowski chez Amundi : « Tous les grands facteurs de risque identifiés se sont matérialisés en 2015, à des degrés divers : une crise européenne, une crise sur les émergents, des craintes sur la croissance mondiale, sur le « hard landing » chinois, des risques spécifiques (Russie, Brésil), une nouvelle baisse des prix des matières premières, de forts réalignement des cours de change, des risques géopolitiques… » N’en jetez plus.

Ces risques sont-ils surestimés ? Pour l’instant, seulement 12 % des investisseurs pensent qu’une récession globale pourrait survenir d’ici à 12 mois selon le sondage mensuel de BofA-ML, signe qu’ils « ne sont plus dans le déni face à ce risque ». Ils font aussi une plus large place au cash dans leurs portefeuilles, à 5,4 %, troisième niveau le plus haut depuis 2009.

L’aversion au risque remonte d’ailleurs en flèche, à l’image de l’indice de la peur, le Vix, qui a presque doublé depuis le 23 décembre. Cela profite aux obligations les plus solides: le Bund allemand est retombé à moins de 0,5 % et le 10 ans américain à moins de 2 %. L’euro et le yen, perçus comme des valeurs refuges, remontent aussi face au dollar.

Pression sur la BCE

Une situation qui devrait accentuer la pression sur les banques centrales. « Comme la Fed tente de normaliser sa politique monétaire et que la BCE peine à convaincre de l’efficacité de son QE pour stimuler l’inflation, les banques centrales ne parviennent plus à « protéger » les marchés », constate Aurel BGC. A moins que. Car la Banque du Japon a déjà rappelé qu’elle pouvait étendre ses interventions « sans hésitation si besoin ». La Banque centrale européenne, qui se réunit ce jeudi est, elle, attendue au tournant. Mario Draghi devra faire valoir tout son talent oratoire pour ramener le calme sur des marchés déboussolés. La Fed enfin semble moins pressée, alors que ses membres continuent d’abreuver les investisseurs de propos rassurants sur la croissance américaine, malgré un quatrième trimestre qui s’annonce plus faible. Même si, dans un entretien à CNBC, le patron de Bridgewater, l’un des plus gros «?hedge fund?» du monde, estimait que le prochain mouvement de la Fed «?penchera plus vers un nouveau QE (rachat d’actifs) que vers un resserrement monétaire ».

Pierrick Fay

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