Le vent se lève

Alors alors James, quelles nouvelles?

Chine : deuxième lecture de la loi de mobilisation pour la Défense nationale

Un projet de loi qui permet au gouvernement chinois de mobiliser la plupart de sa population adulte pour des fonctions de défense nationale a été soumis à la session en cours de la plus haute législature chinoise pour une deuxième lecture. Tous les hommes âgés de 18 à 60 ans et les femmes âgées de 18 à 55 ans devront prendre part au combat et aux missions de sauvetage, et aider à maintenir l’ordre publique dès la déclaration de mobilisation de la défense nationale, indique le projet de loi.

Le projet de loi a été soumis à la session en cours du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN, parlement chinois), qui a commencé mardi. Seules les personnes travaillant dans les écoles élémentaires, les jardins d’enfants, les orphelinats, d’autres organismes de bien-être social et aux Nations unies seront exemptées. Le projet de loi donne le pouvoir de déclarer la mobilisation nationale au Conseil des Affaires d’Etat (gouvernement chinois) et à la Commission militaire centrale alors que « la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale du pays et la sécurité nationale sont directement menacées ».

Xinhua

Vietnam: appels à un recours prudent à l’énergie nucléaire

Le Vietnam, à la croissance énergivore, s’apprête à franchir une nouvelle étape vers sa première centrale nucléaire, un projet dans l’air depuis plus de dix ans sur lequel scientifiques et députés appellent à la prudence, notamment en matière de sécurité. L’Assemblée nationale du pays communiste a légalisé l’usage du nucléaire civil en 2008 et doit valider, fin novembre, le premier projet de centrale.

Le plan vise la construction de réacteurs d’une capacité totale de 4.000 mégawatts sur deux sites de la province de Ninh Thuan (sud), à partir de 2020. Selon les experts, son coût oscillerait entre 11 à 18 milliards de dollars. Mais avant même le vote, le gouvernement anticipe déjà une deuxième étape, pour doubler cette capacité d’ici à 2025. Le nucléaire assurerait dans un premier temps moins de 5% de la demande énergétique. Le pourcentage pourrait monter jusqu’à 30% d’ici à 2050.

Plus que le principe du nucléaire, ce sont les conditions de sa mise en oeuvre qui inquiètent: trop vite, sans assez de garanties en matière de sûreté. « On ne peut pas considérer les centrales comme des voitures », juge Pham Duy Hien, président du comité scientifique de l’agence vietnamienne de sûreté nucléaire. Défis de main d’oeuvre, législation embryonnaire, garanties insuffisantes sur le traitement des déchets: les experts multiplient les mises en garde.

Si Hanoï avance comme prévu, « la quantité de radioactivité dans ces déchets après dix ans d’opération sera énorme », avertit Pham Duy Hien. Il craint, même si le pays s’engage à du nucléaire civil, des risques de détournement de la matière. « On ne peut pas dire qu’il n’y aurait pas de problèmes », poursuit le scientifique, reconnaissant que le fléau de la corruption — jugée endémique au Vietnam — les accentuait.

Le député Nguyen Minh Thuyet demande aussi d’avancer par étape. Mais à l’Assemblée, les débats sont « tendus », reconnaît-il. « Pas mal de gens soutiennent le projet car ils pensent que le Vietnam va sérieusement manquer d’électricité ». Les réserves du pays en hydrocarbures ne sont pas infinies. L’exploitation de gisements de charbon dans le delta du Fleuve rouge au nord divise parce qu’elle sacrifierait des rizières. L’énergie hydraulique a des impacts écologiques, déloge des populations locales.

Le Vietnam vise une croissance économique de quelque 5% en 2009 et espère rejoindre le clan des pays industrialisés d’ici aux années 2020. Il commence juste à pointer son nez dans celui des pays à revenu intermédiaire. « L’industrie de l’électricité nucléaire est de très haute technologie et demande une gestion disciplinée », résume Pham Duy Hien, qui, face à une demande énergétique en hausse de près de 15% par an, conseille d’abord une chasse aux gaspillages.

Malgré ces débats, plusieurs pays ont depuis longtemps montré leur intérêt pour le projet. La France, dont le Premier ministre François Fillon a paraphé jeudi à Hanoï un accord de coopération nucléaire, mais aussi le Japon, la Russie, la Chine, et dans une moindre mesure la Corée du Sud et les Etats-Unis. Le vote des députés, perçu par certains comme acquis car appuyé par la direction communiste du régime, devrait ouvrir la voie aux études de faisabilité. Le partenaire ne devrait pas être choisi avant 2011-2012.

Forum de coopération sino-africaine : Le boom des investissements chinois

Wen Jiabao

De 520 millions de dollars en 2006 à 5,49 milliards de dollars en 2008, les investissements chinois en Afrique ont été multipliés par plus de dix en trois ans, dans l’intervalle entre le Sommet de Beijing et le Forum sino-africain en Egypte. La quatrième réunion ministérielle du Forum de coopération sino-africaine a eu lieu les 8 et 9 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte, avec la participation de hauts responsables d’une quarantaine de pays africains et du Premier ministre chinois Wen Jiabao.

Ce dernier a évoqué à cette occasion le renforcement des investissements chinois en Afrique, tout en encourageant les entrepreneurs chinois et africains à saisir ce moment opportun pour développer leurs activités hors de leurs frontières. Selon le dernier rapport annuel sur les investissements directs à l’étranger de la Chine, publié conjointement par le ministère du Commerce, le Bureau d’Etat des Statistiques et l’Administration d’Etat des Devises étrangères, l’Afrique est devenue en 2008 la deuxième destination des investissements chinois à l’étranger, derrière l’Asie, avec un taux de croissance sans précédent de 200% par an, depuis le Sommet de Beijing.

Sur le plan politique, une amélioration de la situation générale en Afrique a renforcé la confiance des investisseurs chinois. Et les besoins locaux pour le développement et la diversification économique exigent la prise de dispositifs préférentiels pour attirer les capitaux étrangers vers les secteurs de la construction des infrastructures, de l’électricité, de l’agriculture, du tourisme et de l’exploitation des matières premières.

Sur le plan économique, en plus de la présence depuis de longues années de plusieurs grandes entreprises d’Etat chinoises, dont la Sinohydro Corporation, les deux géants des télécommunications, ZTE et Huawei Technologies, se sont rapidement développés ces dernières années en Afrique.

Force est de constater un enthousiasme sans précédent des capitaux privés. En 2008, les activités des entreprises chinoises ont couvert 80% des pays africains. « Dans les années 1980 et 1990, certaines entreprises chinoises ont réalisé leurs premiers bénéfices en vendant des produits de la vie quotidienne aux pays africains. Aujourd’hui, la marge de profit pour ce genre de commerce est devenue très mince, sans parler de la concurrence acharnée », a expliqué Wang Wenming, PDG du site web « African-Invest.net » (www.invest.net.cn). « Dans le même temps, un afflux d’entrepreneurs privés et qualifiés est apparu sur le marché africain pour profiter de la reprise économique locale. Mais la majorité des grandes entreprises sont plus discrètes vis-à-vis des risques encourus. » Pour Wang Wenming, le secteur immobilier et l’exploitation des ressources touristiques offrent une belle perspective pour les investisseurs chinois. De plus, le soutien du gouvernement chinois pour le développement africain sera favorable à l’environnement local des investissements.

Parmi les huit engagements chinois pris dans le cadre du forum sino-africain figurent un prêt de 10 milliards de dollars accordé aux pays africains dans les trois prochaines années, et un fonds d’un milliard de dollars consacré aux petites et moyennes entreprises africaines. L’ambassadeur togolais en Chine, Nolana Ta-Ama, qui travaille à Beijing depuis une dizaine d’années, avait indiqué, à la veille du forum, que les investissements et le transfert de technologies avancées depuis la Chine étaient les bienvenus en Afrique, qui faisait face à une diminution considérable des investissements des pays développés.

Xinhua/Chine Information

Vietnam : L’ogre chinois n’est pas le bienvenu

L’ogre chinois n’est pas le bienvenu

La défiance des Vietnamiens à l’égard du voisin du Nord est ancienne. Mais les récentes tentatives de celui-ci pour étendre sa sphère d’influence attisent les inquiétudes.

S’il existe un sentiment commun aux Vietnamiens de tous horizons, qu’ils vivent au pays ou à l’étranger, c’est sans aucun doute la méfiance envers la Chine. Depuis des temps immémoriaux, pour tout ce qui touche à la sécurité nationale, ils observent avec attention le grand voisin du Nord. Même s’ils sont extrêmement fiers de leurs victoires contre les envahisseurs étrangers tout au long de leur histoire, le souvenir de 1 000 ans de domination chinoise demeure suffisamment douloureux pour qu’ils restent constamment sur leurs gardes. Et, sur trois points, l’évolution récente de la situation les incite à redoubler de vigilance.

En premier lieu, la participation chinoise au projet d’exploitation de mines de bauxite servant à la fabrication d’aluminium  dans les provinces de Lam Dong et de Dak Nong sur les hauts plateaux du centre, provoque une levée de boucliers depuis quelques mois. La liste des intentions cachées des Chinois est longue, allant de la dégradation de l’environnement à la mise en péril de la sécurité nationale. Le phénomène est sans précédent et montre le fossé qui se creuse entre la population et le gouvernement sur la question des investissements chinois.

Un simple coup d’œil sur la manière dont les entreprises chinoises réalisent leurs grands projets au Vietnam permet de comprendre cette réaction. Pour construire les énormes centrales électriques, cimenteries, sites miniers et usines chimiques au Vietnam, ces sociétés font venir leur propre personnel au lieu de procéder à des embauches locales. Il s’agit pour la plupart d’ouvriers non qualifiés, interdits de travail au Vietnam en vertu de la législation en vigueur. Les médias populaires ont récemment fait état d’un afflux de main-d’œuvre chinoise dans les projets à capitaux chinois, certains sites accueillant plus de 2 000 travailleurs. Pour l’opinion, une telle politique non seulement se fait au détriment de l’emploi local, mais elle met également en danger la sécurité du pays et de la population. Qui plus est, comme le soulignent une multitude de Vietnamiens, le transfert de technologies déjà anciennes et peu respectueuses de l’environnement dans beaucoup de ces projets fait craindre que leur pays ne devienne une poubelle pour déchets industriels. A cet égard, le fait que les firmes chinoises remportent un nombre croissant d’appels d’offres portant sur de gros projets dans des secteurs clés et sur l’ensemble du territoire national n’est pas de nature à dissiper les craintes.

En second lieu, les relations économiques avec la Chine en général tournent par certains aspects au désavantage de l’économie locale. Depuis 2001, les échanges commerciaux avec la Chine sont constamment dans le rouge. Pour 2008, le déficit commercial annuel avec ce pays a atteint un niveau ahurissant, à 11 milliards de dollarsè, 7,8 milliards d’euros, soit environ 12 % du produit intérieur brut. Ce chiffre colossal non seulement pèse sur la balance des paiements courants, mais il met aussi les entreprises vietnamiennes compétitives dans la difficulté, car nombre de biens importés de Chine pourraient être fabriqués sur place. Les articles chinois à prix cassés inondent le marché vietnamien. Dans des pays comme les Etats-Unis ou l’Inde, une telle invasion aurait donné lieu à une myriade d’enquêtes sur des pratiques comme le dumping. Mais le gouvernement vietnamien, pour des raisons politiques et de moyens légaux, ne s’est pas risqué à répondre aux préoccupations grandissantes des milieux d’affaires locaux.

Enfin, les revendications territoriales des deux pays à propos des îles Paracel et Spratly, en mer de Chine méridionale (que les Vietnamiens appellent mer de l’Est), se sont intensifiées. Fin 2007 et début 2008, le gouvernement vietnamien, soucieux d’éviter toute crise diplomatique avec Pékin, s’est efforcé d’étouffer la colère de la population face aux prétentions chinoises sur ces territoires. Mais, les Chinois se montrant de plus en plus résolus, il encourage désormais la recherche de preuves historiques et juridiques propres à étayer ses revendications. Dans ce contexte de litige territorial, le renforcement des capacités militaires chinoises dans la mer de Chine méridionale, avec par exemple la construction présumée d’une base secrète de sous-marins nucléaires sur l’île de Hainan, suscite de vives inquiétudes chez de nombreux Vietnamiens. Ce pourrait être en réaction à ces projets chinois que Hanoi s’est récemment porté acquéreur, a-t-il été rapporté, de six sous-marins russes pour un montant de 1,8 milliard de dollars.

Mais, compte tenu de ses ressources économiques limitées, le Vietnam n’entend certainement pas s’engager dans une course aux armements avec la Chine. Il ne peut pourtant pas non plus rester les bras croisés et regarder la marine chinoise continuer à prendre ses aises dans la région.

Courrier International

Pierre Lellouche, représentant spécial de la France ouvre le dialogue avec Pékin

Pierre Lellouche, représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan, s’est entretenu  à Pékin avec Wu Dawei, vice-ministre des Affaires étrangères, dans l’espoir de nouer un dialogue avec la Chine sur cette région.
Qualifiant ces discussions de « franches et directes », M. Lellouche a déclaré à l’AFP que Paris et Pékin se trouvaient « pour l’instant au début d’un processus prometteur de consultations stratégiques sur un sujet (…) qui est extrêmement sensible ».
Il n’a pas été plus précis sur la teneur des discussions, à l’heure où la France souhaiterait voir la Chine, allié traditionnel du Pakistan et puissance nucléaire, jouer un rôle actif dans la stabilisation de ce pays frontalier de l’Afghanistan.
« On a certainement la possibilité de coopérer sur la drogue », a seulement indiqué M. Lellouche, alors que la Chine est visiblement inquiète de voir le trafic de stupéfiants déborder sur son territoire et les capitaux de la drogue financer des réseaux terroristes.
Le représentant français s’est également félicité de ces discussions qui « témoignent plus généralement de l’amélioration des relations entre la France et la Chine », en référence à la brouille sur le Tibet de quatre mois entre les deux pays qui a été soldée seulement début avril.
S’entretenant lundi avec quelques journalistes, M. Lellouche avait estimé que « les Chinois sont d’accord sur le diagnostic » de gravité de la situation au Pakistan et en Afghanistan.
Il y a « une prise de conscience par la communauté internationale que cette affaire, autour de l’Afghanistan et du Pakistan, est devenue absolument fondamentale pour la paix du monde (…) l’épicentre de la paix se jouant dans cette zone », a-t-il dit.
Venu à Pékin « parler du Pakistan avec les Chinois », M. Lellouche a estimé  que ceux-ci, en raison de leurs liens historiques avec Islamabad et de leur poids international, « ne peuvent pas rester sur leurs positions attentistes » et a souhaité qu’ils deviennent « de plus grands contributeurs » à une sortie de crise.