Dans l’idée du président américain, les professeurs concernés porteraient leur arme de façon dissimulée et suivraient une formation spéciale préalable.
Et si les enseignants portaient des armes pour protéger les élèves en cas d’attaque semblable à celle qui a fait 17 morts la semaine dernière dans un lycée de Floride ? C’est ce qu’envisage le président américain Donald Trump. « Evidemment, cela s’appliquerait uniquement aux enseignants sachant manier une arme », a-t-il concédé, mercredi 21 février, en suggérant d’armer 20 % des effectifs des équipes pédagogiques.
Les professeurs concernés porteraient leur arme de façon dissimulée et suivraient une formation spéciale préalable, a précisé le président, sans annoncer de décision tranchée sur cette question éminemment controversée.
La NRA sifflée durant le débat
Cette idée extrêmement controversée a été vivement critiquée mercredi soir, lors d’un débat organisé près de Miami par CNN, dans une salle rassemblant des milliers de personnes. « Vais-je devoir être formée comme une policière en plus d’éduquer ces enfants ? », a interrogé Ashley Kurth, une enseignante du lycée de Parkland où 17 personnes ont perdu la vie. « Vais-je devoir porter un gilet en kevlar ? »
« Je ne pense pas que les enseignants doivent être armés. Je pense qu’ils doivent enseigner », a, de son côté, réagi le shérif Scott Israel, qui est intervenu sur le lieu du carnage perpétré il y a une semaine par un jeune homme de 19 ans qui avait acheté légalement son fusil semi-automatique.
Lors de ce débat, le sénateur républicain Marco Rubio a soulevé un vent de fronde dans le public en refusant d’envisager une interdiction des fusils d’assaut. Mais, signe d’une inflexion, il a dit revoir sa position sur les chargeurs à grande capacité de munitions. Dana Loesch, la porte-parole très médiatique de la NRA, a, elle, été copieusement sifflée, esquivant les questions pour se concentrer sur la santé mentale de M. Cruz. « Je ne crois pas que ce monstre dément aurait jamais dû se procurer une arme à feu », a-t-elle martelé.
Les parents sermonnent le président
Tour à tour, des étudiants de différentes écoles endeuillées par les armes et des parents de victimes, assis en cercle autour de lui dans un vaste salon de la Maison Blanche, ont raconté leur détresse. Mais aussi avancé des propositions très variées.
Le chef d’Etat leur a promis de prendre des mesures « fortes » sur les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d’armes, en recevant à la Maison Blanche des rescapés de la fusillade de Floride. « Nous allons y aller très fort sur les vérifications d’antécédents », a déclaré le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche a aussi promis la « fermeté » sur l’âge légal pour acheter une arme à feu, après que de nombreuses personnes ont relevé que Nikolas Cruz, le tueur de Floride, avait pu acquérir à 19 ans un fusil semi-automatique, alors qu’il faut avoir au moins 21 ans pour acheter de l’alcool. La NRA a immédiatement fait savoir son opposition à tout relèvement de l’âge légal pour acheter une arme, en estimant que cela reviendrait à « faire payer à des citoyens respectueux de la loi les actes malfaisants de criminels ».
Donald Trump a également critiqué le concept d’écoles sanctuaires où aucune arme n’est tolérée, en estimant que de tels sites jouaient un rôle d’aimant pour les « maniaques », qu’il a assimilés à des « lâches » qui privilégieraient les cibles, où ils risquent de ne pas se faire tirer dessus en réponse.
Le « Plus jamais ça » des jeunes de Floride
« S’il vous plaît, M. Trump, il faut du bon sens », avait plaidé peu avant le père d’une victime, appelant à imposer sans tarder cette limite des 21 ans. Le long témoignage d’Andrew Pollack, dont la fille de 18 ans, Meadow, a été tuée au lycée Marjory Stoneman Douglas, a plongé la salle dans un silence total. « Combien d’écoles ? Combien d’enfants doivent-ils tomber sous les balles ? », a-t-il tonné, élevant la voix. « En tant que pays, nous avons échoué à protéger nos enfants. Cela ne devrait pas se produire. Je suis très en colère. »
Quelques heures plus tôt, des jeunes de Parkland avaient investi la petite capitale de la Floride, Tallahassee, pour tenter d’arracher un durcissement de la législation sur les armes aux élus de Floride au son de « Plus jamais ça », mot d’ordre répercuté sur les réseaux sociaux. « Que ces vies puissent être volées sans changement serait un acte de trahison à l’égard de notre grand pays », a déclaré Lorenzo Prado, un des nombreux orateurs à lancer des appels poignants au micro.
Les lycéens de Stoneman Douglas prévoient un grand rassemblement le 24 mars à Washington.