Pour la DGSI, l’anarchiste encourage le recours à la violence lors des manifestations contre la loi El Khomri. Il serait même l’une des têtes pensantes d’un réseau qui se serait donné pour but rien de moins que de renverser les institutions.
La DGSI ne lâche pas Julien Coupat. Dans un document intitulé « Implication de l’ultragauche dans la contestation contre la loi Travail », révélé par Le Point ce jeudi 2 juin, les agents du renseignement présentent l’anarchiste de 41 ans, accusé d’avoir saboté plusieurs lignes de TGV en 2008, comme la tête pensante des « casseurs » qui agissent en marge des manifestations contre le projet de loi porté par Myriam El Khomri. Selon la Direction générale de la sécurité intérieure, l’activiste tente rien de moins que profiter de la grogne sociale pour préparer la révolution :
« A Paris, Julien Coupat se rend visible tant lors des grandes manifestations qu’aux rassemblements Nuit debout, sans jamais prendre part personnellement aux exactions (…) A la pointe du combat insurrectionnel, le réseau affinitaire Coupat organise des réunions clandestines visant à mettre sur pied un mouvement révolutionnaire, échafaudant des activités visant à affaiblir les institutions étatiques.«
En clair, les agents de la DGSI suspectent Julien Coupat de pousser un petit groupe de manifestants qui partageraient son idéologie à dégrader des biens et à affronter la police. Ce qui expliquerait le caractère important et systématique des heurts qui émaillent les rassemblements contre le projet de loi Travail. L’objectif de Coupat ? Que les thèses de son « réseau affinitaire » anarcho-autonome rencontrent un nouveau public, celui de « Nuit Debout » par exemple. Dans un article publié ce jeudi 2 juin, Lefigaro.fr charge encore Julien Coupat, en l’accusant d’avoir « été notamment impliqué dans l’organisation de ‘l’apéro chez Valls' », quand des centaines de manifestants de « Nuit Debout » avaient tenté de se rendre chez le Premier ministre, dans le XIe arrondissement de Paris, la nuit du 9 au 10 avril. Et les espions considèrent la démarche de l’ex-étudiant à l’EHESS comme réussie : « Le message insurrectionnel (…) est aujourd’hui rendu audible grâce au réseau Coupat« .
Vieille connaissance des services de renseignement
Julien Coupat est une vieille connaissance des services de renseignement français, qui s’intéressent à lui depuis 2008. En avril de cette année-là, celui qui fut épicier à Tarnac (Corrèze) pendant plusieurs années est soupçonné par la police antiterroriste d’animer « une structure clandestine anarcho-autonome entretenant des relations conspiratives avec des militants implantés à l’étranger et projetant de commettre des actions violentes. » En novembre, il est arrêté, accusé d’avoir saboté l’alimentation électrique de plusieurs lignes TGV, avec la complicité de huit de ses amis.
De nombreuses voix s’élèvent alors pour dénoncer l’absence de preuves dans cette affaire, parmi lesquelles celles de Frédéric Lordon, Cécile Duflot, Noël Mamère, mais aussi Arnaud Montebourg ou même… François Hollande. « Est-ce qu’avoir des idées révolutionnaires, c’est tomber sous le coup de procédures antiterroristes? (…) On en fait un acte terroriste pour justifier l’intervention du pouvoir« , estime alors celui qui deviendra président de la République moins de quatre ans plus tard. Après avoir été mis en examen pour « direction d’une structure à vocation terroriste », Julien Coupat est finalement poursuivi pour « association de malfaiteurs ». Il est libéré en mai 2009, dans l’attente de son procès, qui n’a toujours pas eu lieu à ce jour. L’activiste d’extrême gauche nie depuis toujours son implication et estime être victime d’un « procès en sorcellerie« .
L’anarchiste dément également être l’auteur de L’insurrection qui vient, un essai signé du « comité invisible », devenu depuis sa publication en 2007 une référence pour toute une génération d’anarcho-autonomes. L’ouvrage explique en sept sections pourquoi une révolution est nécessaire en France. Dans son réquisitoire contre Julien Coupat et deux de ses complices, le ministère public a décrit cet « opuscule présenté de façon faussement béate par plusieurs témoins comme un simple livre de philosophie » comme un guide théorique visant à « renverser par la violence l’Etat ». S’il dément être l’auteur de ce livre, Julien Coupat affirme en 2009 dans Le Monde que « tout ce qui y figure est rigoureusement, catastrophiquement vrai« . Malgré ses dénégations, la police et le parquet lui attribuent ce pamphlet, qui s’était déjà vendu à 40.000 exemplaires en 2009. Et en font le pivot de la thèse selon laquelle Coupat est LE cerveau de l’ultragauche en France. Ce qui reste à prouver.
Source : Marianne 02/06/2016
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