Au terme de dix jours de projections de films en tous genres et de montées des marches sur fond de flashs et de paillettes, le jury, présidé par l’Australien George Miller, le réalisateur de la saga Mad Max, a fait son choix, récompensant le réalisateur britannique Ken Loach avec la Palme d’or pour son film Moi, Daniel Blake. Jean-Pierre Léaud, lui, a reçu une Palme d’honneur pour sa carrière, au cours de la cérémonie de clôture du 69e Festival de Cannes, présentée par l’acteur Laurent Lafitte.
La Palme d’or à Moi, Daniel Blake, du Britannique Ken Loach
Six fois primé à Cannes, où il avait déjà reçu la Palme d’or en 2006 pour Le vent se lève, Ken Loach, 79 ans, raconte l’histoire d’un menuisier qui se bat pour obtenir l’aide sociale. Moi, Daniel Blake n’est pas une satire d’un système absurde. Ken Loach n’est pas un humoriste, c’est un homme en colère, et le parcours de l’ouvrier privé de travail et de ressources est filmé avec une rage d’autant plus impatiente qu’elle est impuissante.
Il a profité de son temps de parole, lors de la cérémonie de clôture, pour attaquer « les pratiques néo-libérales qui ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s’enrichit de manière honteuse ».
Le Grand Prix à Juste la fin du monde, du Canadien Xavier Dolan
Le réalisateur canadien, extrêmement ému, a notamment déclaré : « Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé, pour être accepté. Je tournerai toute ma vie des films, aimé ou non ». Il a terminé en citant Anatole France : « Je préfère la folie des passions à la sagesse de l’indifférence ».
Le prix de la mise en scène ex aequo au Français Olivier Assayas (pour Personal Shopper) et au Roumain Cristian Mungiu (pour Baccalauréat)
Le réalisateur Olivier Assayas au 69e Festival de Cannes, le 22 mai 2016. JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Cristian Mungiu avait déjà reçu la Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Dans Baccalauréat, il sonde avec acuité les compromissions et la corruption dans la société roumaine. Pour Olivier Assayas, ce prix « est le plus beau prix, que je partage avec un cinéaste que j’admire. La mise en scène, c’est quelque chose qui s’invente collectivement, mais j’ai l’impression d’avoir construit un collectif, et ce prix lui appartient collectivement ».
Le prix du scénario à l’Iranien Asghar Farhadi pour Le Client (Forushande)
« Mes films ne sont pas connus pour être joyeux », a dit le réalisateur en recevant son prix, espérant que son film « apporte de la joie » au peuple iranien. Il raconte l’histoire d’un couple de comédiens en train de répéter une pièce de théâtre, qui se trouve contraint de quitter son appartement à Téhéran en raison de travaux menaçant leur immeuble.
Le prix d’interprétation féminine à Jaclyn Jose, pour son rôle dans Ma’Rosa, du Philippin Brillante Mendoza
La star philippine a remercié « Brillante Mendoza, un réalisateur formidable, un vrai génie ». Dans Ma’Rosa, elle incarne Rosa Reyes, dite « Ma’Rosa » (Maman Rosa). Pour le rôle, elle est allée s’immerger incognito, de nuit, dans les quartiers que le film décrit, pour faire connaissance avec des personnes du même milieu.
Le prix d’interprétation masculine à Shahab Hosseini, pour son rôle dans Le Client (Forushande)
L’acteur Shahab Hosseini au 69e Festival de Cannes, le 22 mai 2016.
L’acteur iranien joue Emad, professeur et comédien, au sein d’un couple qui se trouve confronté à des événements et des choix bouleversants, alors qu’ils jouent Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller. « Je sais que mon père, là où il est, au paradis, est en train de partager cette soirée avec moi. Paix à son âme, et que son âme soit joyeuse, a-t-il dit en recevant son prix. Ce prix, je le dois à mon peuple, donc de tout mon cœur avec tout mon amour, c’est à lui que je le rends. »
Prix d’interprétation masculine pour Shahab Hosseini dans « Le Client » d’Asghar Farhadi https://t.co/DlfcKFdJg6
La réalisatrice Andrea Arnold au 69e Festival de Cannes, le 22 mai 2016. VALERY HACHE / AFP
Elle a été saluée pour son premier film tourné aux Etats-Unis. Un prix qu’elle avait déjà reçu à Cannes pour Red Road (2006) et Fish Tank (2009). Habituée de la compétition, Andrea Arnold s’est offert, comme se doit aujourd’hui de le faire tout cinéaste sélectionné à Cannes qui se respecte, son « film américain ».
La Caméra d’or à Divines, premier long-métrage de la Franco-Marocaine Houda Benyamina
La réalisatrice Houda Benyamina lors de la cérémonie de clôture du 69e Festival de Cannes, le 22 mai 2016.
« Cannes, c’est aussi notre place à nous. Cannes est à nous, à nous les femmes ! ». La réalisatrice a un peu réveillé une salle endormie en début de cérémonie, avec un discours d’anthologie. Dans le film, l’actrice principale (et petite sœur de la réalisatrice), Oulaya Amamra, 20 ans, incarne Dounia, une jeune fille qui vit dans un camp de Roms en marge d’une cité de la banlieue parisienne, et a décidé que dans sa vie, tout serait possible.
La Palme d’or du court-métrage à Timecode, de l’Espagnol Juanjo Gimenez, ainsi qu’une mention spéciale du jury pour le Brésilien Joao Paulo Miranda Maria, pour La Jeune Fille qui dansait avec le diable.