Jean-Paul
La réunion qui avait lieu dans la salle Einstein du Corum emplie d’abonnés, n’avait de la conférence de presse annoncée que le nom. Car ni le dossier, ni la proximité n’ont permis aux représentants de la presse locale d’exercer correctement leur métier. Ce qui pourrait apparaître aux lecteurs comme un détail n’en est pas un. Le fait participe d’un processus plus général en cours chez les décideurs, qui organisent dans le fond et la forme une mutation entre le statut de journaliste et celui de communicant. Un vieux débat toujours d’actualité.
Est-ce que la culture dénature l’homme ?
Faut-il rappeler que la présentation d’une saison culturelle demeure un moment privilégié, souvent unique, où il est possible d’aborder les questions de structure ? A ceux qui opposeraient que le public ne porte d’intérêt qu’à la liste de spectacles qu’on lui propose en enfilade, on objectera que les journalistes travaillent moins pour le public que pour les citoyens. Par ailleurs, les spectacles sont régulièrement couverts par la presse tout au long de l’année.
Citant le sujet de philo du bac, « Est-ce que la culture dénature l’homme », comme piste de réflexion, le président de région Christian Bourquin a rappelé hier, que la valeur ajoutée d’une politique culturelle tenait « dans sa capacité de faire la différence. » C’est également de sa bouche qu’un hommage a été rendu à René Koering qui a appris mardi par la presse la nomination de son successeur Jean-Pierre Le Pavec* à la tête du festival de Radio France.
Une saison de transition
Il paraît prématuré de discerner la teinte qu’apportera Jean-Paul Scarpitta à la programmation. La saison 2011-12 de l’Opéra et de l’Orchestre est avant tout une période de transition. Les divergences qui se sont fait jour entre les différents protagonistes artistiques ont abouti à une programmation à six mains. René Koering en signe la première partie jusqu’à la fin 2012 avec l’accueil du conte lyrique Rusalka de Dvorak en octobre, L’Arbore Di Diana en novembre ; un drame sur la liberté de mœurs créé par le compositeur espagnol Vicente Martín y Soler à la fin du XVIIIe. Le règne Koering se conclut par une Belle Hélène avec la complicité d’Hervé Niquet à la direction musicale et une mise en scène chocolatée de Shirley et Dino. La programmation symphonique revient dans une large mesure à Lawrence Foster qui assure depuis 2009 la direction musicale de l’Orchestre et de l’Opéra, et serait sur le départ. Le chef américain, dirigera en janvier, Nuit dans les jardins d’Espagne et Le Tricorne de De Falla en janvier, Poème pour violon et orch opus 25 de Chausson et la valse de Ravel en avril, Double concerto pour violon et violoncelle de Milklos Rosza et Les sept péchés capitaux de Kurt Weill en mai.
Jean-Paul Scarpitta prend glorieusement la main, en mars, avec Electra de R. Srauss dans une mise en scène angoissante de Jean-Yves Courrègelongue. Le même mois suit la première mondiale de l’opéra de Philip Glass Einstein on the Beach en présence des deux autres créateurs Robert Wilson, et Lucinda. Après Montpellier, l’œuvre qui n’a pas été donnée depuis trente ans partira pour une grande tournée mondiale. Le même souci de visibilité pointe avec une nouvelle production des Noces de Figaro mise en scène par le directeur avec des costumes de Jean-Paul Gaultier. L’incontournable baguette de Riccardo Muti devrait être aussi de passage en janvier…
Jean-Marie Dinh
*A l’origine du réputé Festival de Saint-Denis Jean-Pierre Le Pavec a été délégué général de l’Opéra Bastille avant de rejoindre Radio France. Il prendra la direction du festival de Radio-France le 1er septembre.
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