Musique.
L’édition 2011 du Festival de Radio France de Montpellier LR offre un large panorama de manifestations. 173 au total, le plus grand nombre de concerts proposés depuis sa création en 1985. Une programmation originale et audacieuse, sans doute la dernière concoctée par René Koering, pas moins de 17 créations signalent et réaffirment l’appartenance du festival aux grands rendez-vous. Celui-ci conquiert le grand public et attirent les mélomanes des quatre coins de l’Europe.
Les poubelles merveilleuses de l’histoire musicale
Dans le domaine lyrique, on pourra découvrir La Magicienne de Halevy, une œuvre oubliée depuis un siècle et demi, donnée par l’Orchestre National de Montpellier dirigé par Lawrence Foster. La soprano allemande Simone Kermes chantera Mozart, Mendelssohn et Beethoven. A découvrir Le Paradis perdu du compositeur français Théodore Dubois, une œuvre sacrée pour chœur et orchestre jouée dans toutes les églises de Paris au lendemain de La Commune pour expier les atrocités de cet épisode. Autre découverte exhumée des fabuleuses poubelles de l’histoire musicale, Sémiramis une tragédie lyrique de Charles-Simon Catel, un compositeur de la révolution oublié par Napoléon. Plus proche de nous, on célébrera le dixième anniversaire de la mort de Iannis Xenakis avec Oresteïa, œuvre musicale contemporaine « prenante et compliquée » en hommage à Georges Frêche.
Une nouvelle fois la gratuité des concerts de musique de chambre ne fera aucune concession à la qualité. Qu’on en juge plutôt avec la présence du Quatuor tchèque Prazak, un des trois meilleurs au monde, présent deux jours à Montpellier avec une création avec le Quatuor à cordes d’Alexander Lokshin au programme. Le pianiste Georges Pludermarcher et le quatuor Tercea puiseront dans le répertoire symboliste de G Faure et G. Catoire dans le cadre de l’exposition Odilon Redon du Musée Fabre.
Autres genres musicaux
Les amateurs de jazz ne seront pas en reste avec le retour des concert dans l’espace départemental du Domaine d’O sous la houlette du conservatoire de Montpellier. Le Jam qui assurait la programmation s’est vu disqualifié pour des raisons qui restent à éclaircir. On regrette que la programmation fort attractive des musiques du monde ne vienne pas colorer cette édition 2011. En revanche la place Dionysos vibrera aux sons des musiques électroniques sélectionnées par Pascal Morin. La décentralisation du festival qui reste un objectif prioritaire des collectivités se poursuit. Elle se singularise cette année autour du bicentenaire du génial facteur d’orgue, Aristide Cavaillé-Coll, qui permettra de découvrir les orgues des P-O.
L’avenir en point de suspension
Lors de la présentation du festival, Christian Bourquin et Jean-Pierre Mourre brillaient par leur absence. Josiane Collerais, en charge de la culture à la Région, devait annoncer la signature d’une convention avec Radio-France. Une façon de rassurer sur l’avenir du festival. Après le départ non volontaire de René Koering, le CA du festival a acté le principe d’un appel à candidature pour désigner un nouveau directeur. Tandis que Josiane Collerais tentait d’éluder les questions des journalistes sur le profil recherché, Nicole Bigas en charge de la culture à L’Agglo s’est lancée : « Il devra répondre à notre volonté politique de décentralisation (…) On ne peut pas faire moins bien que ce qu’on fait aujourd’hui. » A bon entendeur… Après le décès du visionnaire et le départ du mélomane responsable et créatif la barre semble pourtant bien haute…
Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Festival, Radio France 2010, rubrique Musique, rubrique politique culturelle, rubrique Montpellier, rubrique Rencontre Le bilan du surintendant, René Koering , On line le site du Festival de Radio France Montpellier Languedoc Roussillon.