Un théâtre des membres supérieurs : « Jusque dans vos bras » et « A mains levées »

A mains levées  Photo j- l Fernandez

A mains levées Photo j- l Fernandez

Deux pièces ayant trait à la France d’aujourd’hui étaient données à Montpellier la semaine dernière par deux compagnies qui partagent un désir intuitif et un goût pour l’improvisation théâtrale intégrée dans le processus d’écriture.

Nathalie Garraud et Olivier Saccomano (nommés directeurs du CDN de Montpellier à partir de janvier 2018) et la cie Du Zieu, présentaient le second opus du triptyque La beauté du geste au Théâtre La Vignette.  L’instant Décisif, nous plongeait dans la genèse d’une pièce en suivant les premiers pas de l’acteur sur le plateau. Dans  À mains levées, (le second opus), il ne s’agit plus de la plongée du comédiens dans la lumière publique mais du maintien de l’ordre publique, vu  de l’intérieur, d’une compagnie de CRS.

La scénographie reste basée sur un dispositif bi-frontal. Depuis sa place, le spectateur suit des yeux le jeu des CRS, leur long et répétitif entraînement. Puis ils se mettent en situation, en faction et ils s’emmerdent. Pour contenir ils doivent aussi se contenir. A certains moments, on capte des états de leur conscience, mais l’on peine à cerner le coeur du propos.

jusqu'à dans vos bras

jusqu’à dans vos bras

Comme la cie Du Zieu, Des chiens de Navarre entretiennent un rapport tendu entre l’action théâtrale et l’action politique.  La pièce Jusque dans vos bras, mis en scène par J-C Meurisse se propose n’y plus ni moins de psychanalyser la France. Les deux représentations font salles combles à hTh. Un fait nouveau qui mérite d’être souligné : les français osent désormais se regarder dans le miroir que leur tend une troupe hyper présente sur le plateau. Du moins les jeunes qui étaient pour une fois largement majoritaires.

La colonisation, l’identité française, les conflits entre communautés, l’accueil des réfugiés tous ces  thèmes, que l’on évite soigneusement d’aborder dans les repas de bonne famille, s’enchaînent dans une succession de tableaux hilarants. On rit, on se décrispe tout en évoquant des sujets tabous et irrésolus. C’est déjà ça, même si  manque le zeste d’ ambiguïté pourtant si français. Mais qui peut-on, la France est en morceaux !

JMDH

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