« SlowMov » : un projet social qui donne un autre sens au temps

Les bonnes idées arrivent en retard

Les bonnes idées arrivent en retard

SlowMov (mouvement lent) est un espace virtuel, et bientôt réel, qui regroupe un ensemble d’initiatives visant à faire du temps un élément précieux et sans rapport avec des valeurs négatives comme la paresse, l’indifférence ou la maladresse. Toute recette, toute information et tout projet invitant à adoucir le rythme frénétique de la post-modernité peut trouver sa place sur cette plateforme.

Le projet fait partie du fameux Mouvement Slow, né en 1986 en réponse à l’ouverture d’un célèbre fast-food sur la place d’Espagne à Rome.

Messages positifs

Initialement axé sur la nourriture, il s’est rapidement étendu à d’autres secteurs comme l’éducation, la santé, le travail et les loisirs. Vingt ans plus tard, cette philosophie a gagné un poids considérable en Europe et recouvre un certain nombre d’initiatives dans de nombreuses villes du vieux continent.

Lancé par trois jeunes Européennes, Astrid, Nadia et Carmen, SlowMov est d’abord né sous la forme d’un blog diffusant des messages positifs, incitant à la lenteur, puis s’est développé sur les réseaux sociaux dans de multiples langues : espagnol, catalan, anglais et français. Le mouvement tente d’offrir un modus vivendi sain et joyeux qui réconcilie les citoyens avec le bonheur.

Les bonnes idées, la créativité, les relations sociales, la contemplation se développent dans des environnements reposants tandis que la productivité exigée dans le cadre du travail, l’impatience, la course qui imprègnent de manière presque constante le quotidien des gens, créent un contexte inconfortable pour tout être humain qui perd ainsi facilement de vue la tranquillité et le bien être.

Penser « slow »

Prendre le temps de penser à ce que l’on consomme, le temps de savourer la nourriture, de voyager avec ses cinq sens éveillés, de rejeter le purement matériel et de se dégager d’une routine précipitée et stressante, constitue l’un des objectifs des mouvements slow qui voient actuellement le jour dans nombre de pays.

Le temps est-il peut-être venu d’arrêter de vouloir que la nourriture soit préparée et servie en un temps record, que les magasins soient ouverts à n’importe quelle heure de la journée ou de vouloir être le premier à prendre les transports en commun.

SlowMov invite à adhérer à des habitudes complètement différentes de ce qui vient d’être décrit. Il apportera son soutien à des projets de sécurité routière tels que Slow Ways (routes tranquilles) qui propose à la fois de limiter la vitesse sur les autoroutes, et conseille aux passagers de se détendre en admirant le paysage quand le trajet le nécessite.

La plateforme souhaite instaurer un système qui donne une notation et recommande les établissements de slow-food, ainsi que les entreprises qui se soucient plus de la qualité que de la quantité.

Après « Les Temps modernes »

Qui n’a pas vu Charlie Chaplin coincé dans l’énorme machinerie d’une usine ? Dépassé par la mécanique se déployant à toute vitesse devant ses yeux, si caractéristique du travail à la chaîne, il se moquait déjà, dans le film « Les Temps modernes », de la productivité excessive exigée des travailleurs.

Sur un concept similaire, SlowMov veillera à sensibiliser les consciences sur la nécessité d’instaurer des processus de production alternatifs au sein desquels le travail est plus humain.

En plus de la diffusion proactive de messages, les fondatrices de cette plateforme travaillent à l’ouverture, à moyen terme, d’un espace à Barcelone, dans lequel les habitants pourront assister à des évènements en lien avec la philosophie slow, participer à des cours de cuisine et de lecture ainsi qu’à des dégustations de cafés, et tout type d’activités où le partage et la revalorisation du temps donnent une approche plus éthique à la société.

Pour cela, un réseau d’échange social, un local physique, une grande variété de propositions ainsi que le temps, forment des ingrédients en pleine maturation pour donner du sens au temps.

Elena Arrontes, traduit par Noelle Aboya-Chevanne

 

Source : Global Voices Online 09/11/2014

Voir aussi : Rubrique Société, Consommation,