Néo-classique.
La danse contemporaine est un art riche de filiations et de ruptures. Montpellier Danse a pour coutume d’offrir un vaste panorama des formes qui coexistent : classique, postmoderne, contemporaine, danse abstraite, non danse… Bien au-delà du catalogue, la marque de fabrique du festival est de proposer une danse qui bouscule nos codes de référence, en nous interrogeant, entre autres, sur les visions académiques du « beau » et les représentations esthétiques dominantes.
Ce n’est pas le cas avec le spectacle d’Alonzo King dont la réputation n’est plus à faire mais qui semble vivre sur ses acquis. Son Concerto for two violins autour du corps idéal est renversant de classicisme, surjoué et contraignant pour les danseurs dont on sent poindre le stress infligé sous le vernis de plasticité. Dans le second volet le mariage entre modernité et tradition aboutit à une mise en espace à grosses ficelles qui véhicule une piteuse et datée représentation de la femme. Malgré les bras et les jambes on ne décolle pas un instant.
Le solo présenté par Israel Galvan est d’une tout autre facture. L’artiste nourri au biberon du flamenco a lui aussi à faire à un art où l’on ne plaisante pas avec la forme. Habitué des grandes scènes, avec Solo, Israel Galvan transgresse nos habitudes chorégraphiques, pour aller chercher l’essence même de la danse. Seul, sans musique, à même le sol de poussière, le danseur instaure de nouveaux référents poétiques. Pour se livrer entier, un peu comme Préljocaj l’avait fait dans un autre registre avec Le funambule. L’épuration conduit à un rituel d’effervescence esthétique où se jouent le passé incarné par la force du pur présent. Le rythme dans le corps jusqu’au bout de la dent qui vous mord au coeur.
JMDH
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