Standard and Poor’s a annoncé lundi avoir abaissé d’un cran la notation de l’Italie, en raison des faibles perspectives de croissance et de la fragilité de la majorité de Silvio Berlusconi.
La note de la dette à long terme a été abaissée de «A+» à «A» et la note à court-terme de «A-1+» à «A-1», a indiqué l’agence de notation dans un communiqué. La perspective de ces notes est «négative», ce qui signifie que l’agence d’évaluation financière envisage encore de les abaisser. Aux yeux de l’agence, l’Italie reste dans la catégorie des émetteurs obligataires solides mais susceptibles d’être affectés par des changements de la situation économique.
Standard and Poor’s est la première agence à dégrader la notation de l’Italie qui n’avait jamais été abaissée depuis le début de la crise de la dette, contrairement à celle des autres pays fragiles de la zone euro.
L’agence Moody’s, qui envisage également de dégrader la note de l’Italie, a annoncé vendredi qu’elle prolongeait son examen et pensait rendre sa décision dans «le mois à venir».
«Un environnement macroéconomique difficile sur le plan intérieur et extérieur»
Standard and Poor’s justifie sa décision par «l’affaiblissement des perspectives de croissance de l’Italie» ainsi que «la fragilité de la coalition au pouvoir et les divergences politiques au Parlement (qui) vont probablement continuer de limiter la capacité de l’Etat à répondre de manière décisive à un environnement macroéconomique difficile sur le plan intérieur et extérieur».
Alors que la faible croissance est déjà le talon d’Achille du pays, l’affaiblissement de la demande extérieure en raison du ralentissement économique mondial, les mesures d’austérité et la «pression sur les coûts de financement» vont en effet entraîner une croissance «plus faible» que celle estimée auparavant, selon l’agence. Dans son scénario le plus négatif, Standard and Poor’s table même sur une nouvelle «récession» en 2012 en Italie avec un recul du PIB de 0,6% avant une «modeste reprise» en 2013 et 2014.
Conséquence de ces sombres prévisions économiques, les objectifs de réduction du déficit et de la dette fixés par le gouvernement seront «difficiles à atteindre», selon l’agence de notation qui ne pense pas que toutes les économies prévues pourront être réalisées. Par ailleurs, selon Standard and Poor’s, les autorités italiennes «restent réticentes» à adopter des réformes structurelles ambitieuses afin de relancer la croissance.
Un plan de rigueur de plus de 54 milliards d’euros
La dégradation de la note de l’Italie intervient moins d’une semaine après l’adoption mercredi dernier par le Parlement d’un plan d’austérité draconien de 54,2 milliards d’euros devant permettre au pays de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale (120% du PIB).
Ce nouveau plan très impopulaire avait été annoncé en urgence début août, en échange du soutien de la Banque centrale européenne sur le marché obligataire, le premier plan adopté en juillet ayant été jugé insuffisant par les marchés.
Mais ce tour de vis n’a toutefois pas permis à l’Italie de rassurer les investisseurs qui doutent de la détermination du gouvernement à mettre en oeuvre ces mesures, alors que la mise au point du plan a donné lieu à d’incessantes tergiversations pour tenter de contenter une majorité divisée et affaiblie.