L’Iran
Cet accord, très précis et très technique, permet à l’Iran de développer son industrie nucléaire civile et d’échapper aux sanctions, mais dans le même temps il bloque pendant au moins dix ans toute velléité de programme nucléaire militaire pour les iraniens.
L’atmosphère était à la fête dans les rue de Téhéran suite à l’annonce de la conclusion de l’accord. La préparation des prochaines élections parlementaires du 26 février 2016 a d’ores et déjà commencé et va contribuer à attiser les passions. Les réformateurs, marginalisés ou emprisonnés depuis 2009 après les manifestions contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad commencent à sortir de prison, après avoir purgé leur peine, et cherchent à unifier leurs forces. Tous les acteurs de la vie sociale et politique sont prêts à jouer leur rôle dans le contexte d’ouverture sans doute relative que promet cet accord pour les iraniens.
Du côté américain le président doit faire face au mécontentement des républicains, majoritaire au congrès, et d’Israël qui cherchent par tous les moyens à saboter cet accord. Dans la perspective que cet accord soit avaliser par le congrès, Obama tente de minimiser la portée du document en déclarant qu’il résout les risques de prolifération nucléaire au Moyen-Orient par son aspect technique et restrictif ; mais qu’il est toujours nécessaire de combattre l’influence iranienne dans la région. Obama tente de rassurer les alliés arabe sunnite et Israël qui trouvent que accord leurs est défavorable.
Israël a toujours proclamé son hostilité au régime de Téhéran et à un tel accord. En 2008 des rumeurs circulaient sur d’éventuelles frappes Israélienne sur les installations nucléaire Iranienne. Durant la décennie passée le Mossad Israélien a été impliqué dans de nombreux assassinats ciblés de scientifiques Iraniens dans le but de retarder leurs programmes nucléaires. La NSA avait également développé en ce sens en 2010 le virus Stuntex qui s’attaquait aux logiciels des centrifugeuses iraniennes. Pour Israël cet accord ne réduit en rien la capacité de l’Iran et permet juste de gagner du temps. Netanyahou va donc user de tous les leviers possibles pour faire obstacle à cet accord
Cette heureuse conclusion pourrait signifier une levée des sanctions internationale. Une reprise des relations diplomatiques pourraient être envisagé entre Iraniens et Américains.
Le retour de l’Iran sur la scène internationale pourrait lui être bénéfique. Pour assurer la survie du régime des Mollah et améliorer une situation économique marquée par les sanctions économique et financière l’Ayatollah Khamenei avait donné son accord de principe pour que cet accord soit négocié et signer. Le dégel progressif des avoirs Iraniens bloqué à l’étranger pourrait rapporter au pays environ 100 milliard de dollar. Cela serait une bulle d’air dans un pays où le PIB dépasse avec difficulté 500 M$/ans. Cependant il serait naïf de croire qu’en quelques mois le pays deviendra un Eldorado pour les affaires, que l’État coopèrera avec l’Arabie saoudite et modifiera en profondeur sa structure.
Au point de vue géopolitique l’accord pourrait modifier l’équilibre plus que précaire du Moyen-Orient. Cela ouvrirait la voie à un dialogue plus ouvert avec l’Iran. Mais il n’est pas question pour autant de parler de démocratisation. Si l’Iran se montre plus flexible et plus conciliante sur certains sujets qui sont au cœur des tensions régionales il est probable qu’a l’intérieur du pays il y est une reprise en main idéologique car le régime issue de la révolution Islamique s’est toujours construit de l’intérieur contre les ennemies extérieurs que sont : L’Irak alors à aux mains des Sunnite sous Saddam, les Etats-Unis et Israël.
Obama avec cet accord fait un pari risqué, celui de tendre la main à l’Iran, pour avoir un second levier d’influencer sur la guerre froid que ce livre l’Arabie Saoudite et l’Iran pour la domination régioanle. C’est sans doute à terme un moyen supplémentaire de contrer l’organisation Etat Islamique qui devient chaque jour un danger de plus en plus grand pour la sécurité régionale.
Quoi qu’il en soit cet accord est un succès d ‘un point de vue diplomatique car obtenu au bout de douze de négociation englobant l’Iran les Etats-Unis et 5 acteurs aux points de vues et aux objectifs divergeant sur la résolution de la crise iranienne.
Marc-Henry Saillard
Source Medea 17/07/2015
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