L’Italie lève l’immunité de Berlusconi

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La Cour constitutionnelle italienne a abrogé la loi d’immunité qui protégeait le président du Conseil, Silvio Berlusconi, contre des poursuites judiciaires. Les magistrats ont déclaré mercredi que la loi violait entre autres le principe d’égalité. Suite à ce verdict, Berlusconi pourra désormais être jugé. On l’accuse de corruption et de fraude fiscale. La presse européenne discute des conséquences de cette décision pour Berlusconi et son gouvernement.

Die Welt – Allemagne

Avec la levée de l’immunité juridique du président du Conseil, Silvio Berlusconi, l’Italie a perdu une partie de sa position particulière en Europe, estime Paul Badde dans le quotidien conservateur Die Welt : « L’Italie redevient un peu plus normale avec cette décision, pourrait-on dire, voire même plus européenne. Elle perd en même temps une part de son authentique mémoire historique, comme celle du pape souverain Alexandre VI Borgia, individu moralement condamnable à bien des égards, mais excellent et rusé politique pour les intérêts et l’importance de son empire. » (08.10.2009)

El País – Espagne

Le quotidien progressiste de gauche El País se réjouit de la levée de l’immunité juridique du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi : « En signalant l’illégalité de la loi aussi bien dans son contenu (l’inégalité manifeste devant la loi) que dans la forme de sa mise en œuvre (une simple loi adoptée en moins de 25 jours), la Cour constitutionnelle a redonné sérieux et crédibilité à un pays que Berlusconi voulait transformer en paradis de l’illégalité et de l’impunité des puissants. » (08.10.2009)

The Times – Royaume-Uni

Le quotidien conservateur britannique The Times écrit que le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, suite à la levée de son immunité, doit désormais également répondre aux accusations selon lesquelles il aurait corrompu son ex-conseiller fiscal britannique, David Mills. L’affaire était jugée au tribunal de Milan : « Si le procès du tribunal de Milan est rouvert, Berlusconi, comme tout autre citoyen, devra comparaître devant le tribunal. Il pourra y exercer le droit qu’ont tous les citoyens de se défendre face aux accusations qui lui sont faites. Il reste innocent tant qu’il n’est pas reconnu coupable. Le procès le distrairait toutefois énormément de son travail de Premier ministre. Il a cherché à vivre au-dessus des lois ; celles-ci vont désormais provoquer sa perte. Il est assurément temps que Berlusconi arrête de mettre ses propres intérêts au-dessus de ceux de son pays. Il devrait démissionner. » (08.10.2009)

Corriere del Ticino – Suisse

Selon le quotidien libéral-conservateur Corriere del Ticino, la décision de la Cour constitutionnelle italienne de lever l’immunité du président du Conseil, Silvio Berlusconi, plonge le pays dans une crise institutionnelle et politique : « Une crise institutionnelle car comme on a pu le voir juste après l’annonce du verdict, le conflit est désormais ouvert entre Silvio Berlusconi, qui a parlé d’un ‘jugement politique’, et le président, Giorgio Napolitano, qui a défendu la Cour comme un ‘organe de garantie’. … La crise aura également des conséquences politiques graves et inévitables dans le pays et sur le plan international. … C’est le scénario que beaucoup … avaient prévu en cas d’une invalidation de la loi d’immunité. … Avec ce résultat, la crise constitutionnelle et la crise politique risquent de s’alimenter mutuellement. La loi d’immunité choisie par Berlusconi pour pouvoir gouverner [le pays] … va désormais se transformer en baril de poudre qui peut même renverser un gouvernement disposant d’une large majorité. » (08.10.2009)

Il Sole 24 Ore – Italie

Après l’invalidation par la Cour constitutionnelle de l’immunité du président du Conseil, Silvio Berlusconi, la politique doit s’efforcer de limiter les dégâts, estime le journal économique Il Sole 24 Ore : « Sans immunité et avec des procès en cours, la voie de Berlusconi sera semée d’embûches. Mais il n’y a pas d’alternatives directes. Il appartiendra au Premier ministre de décider à l’avenir s’il se sent encore en mesure de continuer à gouverner le pays avec sérénité. Il existe sur le papier une majorité de centre-droite qui peut aussi survivre à son leader charismatique. Un centre-droite post-Berlusconi. Mais cela n’est pas à l’ordre du jour. Il est important pour le moment de garder son sang-froid et de s’efforcer d’éviter le plus grand dégât : une opposition entre les institutions démocratiques et le peuple. » (08.10.2009)

Voir aussi : Rubrique Italie  Berlusconi passe l’épreuve de force,