Macron entre violence symbolique et bienveillante en politique

 Macron dans le champ social qui est forcément violent politiquement


Macron dans le champ social qui est forcément violent politiquement

Après la période d’amour intense et du macronisme à tout va, les journalistes qui ont consacré Macron [VIDEO] avant l’élection présidentielle se plaignent car ils se sentent marginalisés. Cette marginalisation conduit certains d’entre eux à fourbir des armes pour la rentrée pour aider la révolte sociale en cours sur de nombreux dossiers comme le Code du travail, l’allocation logement pour les étudiants, la baisse de la taxe d’habitation, la baisse du taux d’imposition de l’ISF et le plafonnement de l’imposition des revenus du capital et de l’épargne à hauteur de 20%. On peut ajouter à ces dossiers socio-économiques sensibles, l’affaire Pierre De Villiers pour laquelle certains journalistes estiment que le fils Macron a manqué de respect à celui qui aurait pu être son père.

Macron énerve car il inaugure avec bienveillance une violence symbolique en politique que l’on avait oubliée depuis fort longtemps. La politique, par essence, ne peut être que violente car elle implique un rapport de force que la démocratie essaie, avec hypocrisie, d’adoucir par des formes sociétales de discussions, de compromis, de votes, d’écoutes et de participations. Churchill disait que la démocratie est le moins mauvais des régimes politiques. Machiavel aide Churchill à décréter que la politique, même dans une démocratie, n’est que violence contenue.

Pourquoi la politique de Macron est-elle perçue comme symboliquement violente ?

Il ne s’agit pas de disserter sur les rapports entre violence et politique en s’interrogeant si ce sont des notions exclusives l’une de l’autre ou complémentaires, ou entretenant un rapport nécessaire en tension permanente.

Macron a modifié l’espace traditionnel politique français. Son action politique a été une transgression : sa campagne électorale, la constitution de ses équipes, la digitalisation de ses méthodes d’approche de l’espace politique, la valorisation des équipes dites de proximité constituent des éléments de provocation et de violence symbolique dans un pays pour lequel le changement est toujours vécu comme une dure épreuve. Malgré les moqueries, les railleries, Macron a tenu bon et a défié de manière violente l’espace politique français et ceux qui sont en charge de l’organisation de l’opinion publique, à savoir les journalistes. Néanmoins, force est de constater que Macron, comme Machiavel, estime que la politique est d’abord violence car elle participe du concept de domination. Macron a rationnalisé de façon fine cette violence symbolique et instrumentale par un discours consistant, large, suffisamment large pour que les éléments de pivotement du discours ne soient pas saisis par l’opinion qui a voté en masse pour sa candidature.

Le Président gagnerait à adopter la stratégie de Hanna Arendt, la philosophe allemande, pour laquelle la politique n’est pas domination et encore moins violence, mais une façon de sortir de la violence et de construire un discours de confrontation d’échange, d’écoute et de propositions.

Macron doit maîtriser symboliquement et pratiquement les conséquences des actes matériels de sa politique économique et sociale

A l’heure actuelle, l’image du Président reste brouillée car certains pensent, sans preuve, que Macron se trompe en ne parlant pas aux journalistes, en ne tenant pas de conférence de presse. Il rejoint par là la tradition issue de Machiavel pour lequel la menace de la violence ou son usage effectif est la ressource politique fondant l’efficacité de toutes les actions. On attend de Macron qu’il modifie son rapport à l’opinion en expliquant sa trajectoire du court, moyen et long terme. Dans toute démocratie, le peuple est inquiet et pour éviter que l’opinion ne considère son règne comme une forme déguisée d’autocratie résiduelle, pour reprendre l’expression du philosophe Paul Ricoeur pour lequel Macron a travaillé, le Président se doit de descendre dans l’arène et non se contenter de la verticalité. La vie politique est marquée par des actes matériels et symboliques. Le chômage, les jeunes, la baisse des allocations logement pour étudiants ou les contestations futures contre le code du travail voulues par certains partis comme les Insoumis sont considérés comme des actes matériels qui peuvent déboucher sur des actes symboliques comme la violence protestataire [VIDEO] ou la violence inter-sociale. Il revient donc au Président Macron de bien analyser les conséquences des actes matériels décrits en amont et de mettre en place les conditions politiques et symboliques de leur neutralisation. Le Président se doit de redonner une visibilité publique à sa politique économique et sociale que certaines catégories sociales considèrent comme violente symboliquement.

Source Blastingnews