Après
Le grand jeu des rumeurs et ronds de jambe bat toujours son plein sur le navire amiral de la musique en région. Les 28 000 € ou 22 500, selon l’administration, qui constituent le salaire mensuel du superintendant pour ses fonctions au sein de la structure ont mis le feu au poudre. Ce qui était prévisible, vu l’augmentation de la rémunération de René Koering votée par le Conseil d’administration. Un nouveau coup de pouce qui se trouve en parfaite contradiction avec le salaire des musiciens qui doivent batailler pour l’application de la convention collective en vigueur.
Cette indiscrétion ne pouvait pas tomber plus mal, ont souligné avec insis-tance, les représentants de la direction en invitant les journalistes à ne pas céder aux sirènes de la polémique. « L’image de l’Orchestre national est une vitrine culturelle qui doit transcender, les clivages politiques et les arrière-pensées et stratégies individuelles, explique posément le Président Elisé Lopez, évoquant un instant, le destin du Titanic : » Nombreux sont ceux et celles qui pensent qu’un orchestre national n’est pas une nécessité. Il est indispensable de ne pas opposer les artistes. La culture peut être en danger…«
Au-delà de la dramaturgie, l’enjeu du débat semble pourtant beaucoup plus terre à terre. Tout le monde ou presque, s’accorde à reconnaître la qualité du travail réalisé par René Koering. Le directeur Philippe Grison, a très justement rappelé le chemin parcouru par l’orchestre de Montpellier depuis son arrivée. Le savoir-faire du superintendant, ses exigences, comme son ouverture ont permis au petit orchestre municipal de se hisser au niveau des grands orchestres internationaux.
Sous un autre regard, celui du monde libéral que revendique le président Elisé Lopez en poste depuis la fusion de l’Opéra et de l’Orchestre en 2000 : « Le salaire de René Koering se justifie à travers le rapport côut/efficacité. Le Festival de Radio-France repose sur la personnalité de René Koering et bouste l’ensemble de la politique musicale régionale. Il en va de même pour la venue à Montpellier de certains artistes connus internationalement qui baissent considérablement leurs cachets pour répondre à l’invitation personnelle du superintendant. Le retour sur investissement est là », conclut le gestionnaire du budget de la superstructure( 23,5M€).
Si la confortable rémunération de René Koering, fait tant de bruit, c’est qu’elle s’inscrit dans un environnement particulier. Le contexte interne d’abord, avec la période de négociations salariales tendues des musiciens qui ont du mal à comprendre que l’on déconnecte complètement le salaire du capitaine de celui de leur CDI. Et qui demandent en outre, une repré-sentation régulière au conseil d’administration. « Nous sommes pour maintenir le niveau de qualité de l’Orchestre, mais toutes proportions gardées, cela doit s’appliquer à tous les niveaux», confie une représentante syndicale.
Le contexte externe de la politique régionale culturelle joue aussi en faveur de l’indignation. Lâchées par l’Etat, les collectivités territoriales se replient sur une conception très restreinte de la culture. Le fossé se creuse et la vocation de vitrine internationale dont on est habituellement si fier perd évidemment de l’apparat lorsqu’elle masque la misère. Il est un temps où les tabous se brisent et avec elle, la culture des résultats, si excellents soient-ils.
Jean-Marie Dinh
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