Valery Levy Soussan, la directrice de collection des livres Audiolib du groupe Hachette, explique la croissance de l’audience du livre audio et évoque l’avenir du livre audio dont les ventes en France ont progressé de 50% cette année : Entretien.
Où se situe la France par rapport à ses voisins dans le secteur du livre audio ?
« L’offre française se caractérise par un certain retard que l’on retrouve en Espagne et en Italie. En France, les ventes représentent environ 1% du marché du livre. J’arrive du salon de Francfort. Là-bas on est à 5%, ce qui est loin d’être négligeable car les Allemands lisent plus que nous. Le marché explose, les jeunes mettent des œuvres sur leur Mp 3, les gens écoutent en se rendant sur le lieu de travail. Même phénomène dans les pays d’Europe du Nord où le livre audio est très développé. Aux Etats-Unis, il atteint 10% des ventes. Même si cela n’est pas vraiment comparable parce que les pratiques sont liées aux modes de vie. Les Américains en écoutent lors des longues distances en voiture. Les textes sont abrégés alors qu’en France on considèrerait cela comme un sous-produit.
Quel est l’impact des nouvelles technologies ?
L’expérience du livre audio a démarré en France avec les K7 qui n’étaient pas le support idéal. Aujourd’hui la percée du numérique modifie la donne et les habitudes d’écoute. Les livres audio ne s’adressent plus seulement aux personnes âgées ou aux personnes ayant des difficultés d’accès au livre comme les mal voyants. Aujourd’hui le public est beaucoup plus large. L’arrivée du Mp3 et des téléphones mobiles a aussi modifié les habitudes. Il est devenu courant d’écouter des sons en se déplaçant.
Quels sont les objectifs de votre collection ?
Retrouver le plaisir du texte partagé, l’émotion de la voix et permettre un accès plus facile aux livres audio. Nous avons créé Audiolib l’année dernière pour dynamiser le marché. Et enrichir l’offre française qui est assez limitée dans ce domaine.
Sur quoi reposent vos choix éditoriaux ?
Notre programme éditorial colle à l’actualité. Nous éditons des romans contemporains en littérature étrangère comme en littérature française. Quelques classiques aussi, les enseignants trouvent avec le livre audio de nouvelles perspectives pédagogiques. Nous avons une collection développement personnel qui propose des ouvrages en phase avec un support oral que l’on écoute à moments perdus. Et puis la collection suspens avec des thriller comme la série Millenium Stieg Larsson ou la saga Fascination de Stephenie Meyer qui vient de paraître.
Sur quels critères choisissez-vous les comédiens ?
Nous travaillons avec des studios d’enregistrement qui réalisent des castings sur les textes. Il faut que les comédiens pratiquent la lecture, qu’ils aient une sensibilité littéraire et qu’ils soient disponibles parce que cela prend du temps d’enregistrer un livre. Et puis il y a des textes de circonstance où le lecteur dispose d’une proximité particulière avec le texte. C’est le cas d’Arthur H avec L’écume des jours de Boris Vian.
Comment réagit le monde des lettres ?
Il n’est pas en résistance face à l’audio. Au siècle dernier on lisait beaucoup à haute voix et de nos jours les écrivains font souvent des lectures publiques. Au niveau des éditeurs nous travaillons avec tout le monde. Le livre audio est perçu comme complémentaire. On constate que pour l’écoute le choix des lecteurs est différent.
Recueilli par Jean-Marie Dinh